Sélection

Appartient au dossier : Lectures d’été 2025 : éveillez vos sens !

Lectures d’été 2025 – Des récits qui touchent

Dans cette sélection de lectures d’été consacrée au toucher, Balises et Tu vas voir ce que tu vas lire vous proposent cinq ouvrages, où il est question de peau, de caresses et de sensualité.

Photomontage : une femme, de dos, caresse un livre sur lequel est perchée une mouette. Fond bleu évoquant une scène d'été au bord de la mer
Photomontage réalisé par Karine Hulin, Bpi, à partir d’une photo d’Anne Bléger, Bpi et de ressources Freepik

Tous les ans, Balises et Tu vas voir ce que tu vas lire vous proposent une sélection de lectures d’été : romans, essais, bandes dessinées, romans graphiques, recueils de poésie. Notre sélection estivale 2025 vous donne l’occasion d’éveiller vos sens !

Retrouvez tout au long de l’année d’autres chroniques littéraires sur les comptes Facebook et Instagram de Tu vas voir ce que tu vas lire, animés par le service littérature de la Bpi.

Publié le 28/07/2025 - CC BY-SA 4.0

Notre sélection

Caresser le velours

Sarah Waters
10-18, 2015

Autrice d’une thèse sur la littérature anglaise, libraire puis enseignante, Sarah Waters était bien placée pour écrire un roman historique inspiré par les plus grands chefs-d’œuvre de Dickens. Le schéma du récit, qui voit une jeune femme issue des classes très populaires accéder à des cercles plus privilégiés, évoque les romans d’apprentissage et les histoires d’orphelins aux grandes espérances de Dickens. Mais ce qui distingue le roman de Sarah Waters est qu’elle met en scène, dans l’Angleterre des années 1890, des personnages lesbiens. Grand succès populaire, ce roman qui redonne vie au milieu du music-hall à la fin du 19e évoque sans faux-semblants ni ambages la sexualité de ses protagonistes, et fait de celles-ci des pionnières du féminisme tel qu’il se développera dès le début du 20e siècle. Condition féminine et condition homosexuelle se mêlent ainsi au cœur de l’intrigue palpitante de Caresser le velours et dans la plupart des romans ultérieurs de Sarah Waters.

À la Bpi, 820″20″ WATE

Éclore

Alice Mermilliod
Casterman, 2024

Au fil des pages, une plante grandit, s’ouvre et s’épanouit. Ses racines se renforcent et s’ancrent dans le sol, tout comme Aude, l’héroïne de cette bande dessinée : peu à peu, rencontre après rencontre, elle apprivoise son corps et sa sexualité. Couleurs chatoyantes et dessins sensibles racontent le parcours intime d’une femme. Enfant, Aude aimait entendre le cliquetis des colliers de sa mère et sentir la douceur de ses mains. Adolescente, elle rencontre un jeune garçon, dont le charme apparent cache la plus banale des brutalités. L’apprentissage de la sexualité n’est que violence, attouchements forcés, pénétration non consentie. Mais parce qu’à 14 ans, elle n’a pas su dire non, cette première expérience abusive, teintée de honte et de dégoût, marquera à jamais sa sexualité de femme. Il en faudra, du temps, des rencontres, belles ou moins belles, pour se réparer et réapprivoiser son désir. Avec Jacques, l’homme plus âgé qui l’initie au libertinage et l’aide à exprimer ses envies. Avec Sylvain, celui qui écoute, attend, et sait se montrer vulnérable. Et enfin avec Claire, celle qui lui fait découvrir la complexité bouleversante du plaisir féminin et la beauté d’un amour sans domination.

Avec ce parcours intime, Aude Mermilliod partage son « chemin de désir », celui qui mène, enfin, vers l’harmonie avec l’autre et qui répare le viol dévastateur.

À la Bpi, RG MER E

L'Amant de Lady Chatterley

D.H. Lawrence
Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2024

Au lendemain de la Grande Guerre, Constance Chatterley s’ennuie. Son mari, riche propriétaire terrien revenu du front paralytique et impuissant, n’est que l’ombre de lui-même. C’est loin des salons monotones, au plus profond des bois, que Lady Chatterley va renaître. Dans les bras de Mellors, le garde-chasse au charme sauvage et viril, elle découvre la sensualité et le plaisir au gré d’une passion foudroyante.

En faisant de la forêt le lieu vibrant de la transgression conjugale et sociale, L’Amant de Lady Chatterley fit voler en éclat les tabous de l’époque. Jugé pornographique et obscène, le roman fut censuré à sa sortie et il fallut attendre le début des années 1960, soit trente ans après la mort de D.H. Lawrence, pour pouvoir le lire dans son intégralité.

À la Bpi, 820″19″ LAWR 

Rendez-vous à Positano

Goliarda Sapienza
Le Tripode, 2017

Non loin de Naples, Positano est un vrai paradis aux senteurs méditerranéennes, aux couleurs lumineuses, aux habitant·es immuables et attachant·es. C’est dans ce lieu, encore préservé dans les années  1950 car difficilement accessible, que Goliarda Sapienza, en repérage pour un film, rencontre Erica. Les deux femmes vont se découvrir petit à petit et vont développer une amitié unique. Pendant vingt ans, elles ne vont cesser de se voir, de se quitter, de s’écrire, de se manquer et toujours de revenir l’une vers l’autre. Erica est une femme à part, issue d’une bourgeoisie généreuse, au passé amoureux tragique et qui, comme Goliarda, ne connaîtra pas la maternité. Toutes les deux partagent leurs névroses et leurs solitudes. Positano est ce lieu hors du temps où elles peuvent être elles-mêmes, se confier et se ressourcer. Et chaque lieu est empreint du souvenir de la maison spacieuse qu’Erica habitait déjà enfant avec sa famille, et où elles aiment discuter des heures, aux criques désertes où elles nagent et se prélassent, en passant par le café du village où chacune a ses habitudes.

En 1984, Goliarda Sapienza a voulu raconter l’histoire insolite de cette femme, devenue sa sœur d’âme, et de leur relation, afin qu’elle ne tombe pas dans l’oubli. C’est un de ses derniers textes, et il ne parut en Italie qu’en 2015. Il enveloppe les lecteur·rices de la chaleur de cet amour féminin et de ce soleil du sud, dont la moiteur est perceptible à quasi chaque page du livre.

À la Bpi, 850″19″ SAPI 4 AP

De pierre et d'os

Bérengère Cournut
Le Tripode, 2019

Tout commence par un craquement énorme sur la banquise, qui retentit au cœur de la nuit : la glace se fracture et engloutit une jeune femme inuit dans la brume arctique. Séparée de sa famille, Uqsuralik tâche de survivre dans des conditions extrêmes de froid, de fatigue et de faim, jusqu’à croiser la route d’un autre groupe auquel elle se joindra pour échapper à une mort solitaire. Dans ce paysage instable de fjords et d’icebergs, peuplé d’animaux terrestres et de créatures marines, dans ce désert immense où le froid brûle la peau et les âmes, notre narratrice grandit et chemine. Habile dans l’art de chasser, résistant aux dangers et aux esprits qui rôdent et vivent parfois dans les êtres qu’elle croise, elle surmontera l’absence de ceux qu’elle aime, les deuils et les affronts, et découvrira la puissance d’enfanter, en s’initiant aux pouvoirs chamaniques guérisseurs.

Ce roman, achevé au cours d’une résidence d’écriture au Muséum national d’histoire naturelle, est tout à la fois une initiation et un voyage. Ponctué de chants qui font entendre la voix de différents personnages et qui approfondissent la poésie du texte, De pierre et d’os nous plonge dans la tradition d’un peuple et d’une culture grâce à un minutieux travail de documentation. Mais sa force se trouve bel et bien dans ce rythme propre de l’imaginaire qui assoit, dans la rudesse d’une longue nuit polaire, la métamorphose d’une femme, d’une mère, qui se bat pour que continue d’éclore une vie fragile mais toujours renouvelée.

À la Bpi, 840″20″ COUR 4 DE

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