Lectures d’été 2022 #1 : 5 récits en forêt

Les Grands Cerfs

Claudie Hunzinger
Grasset, 2019

Lorsqu’un photographe animalier, Léo, débarque pour placer un affût à la lisière de son terrain, Pamina ne sait pas encore jusqu’où sa curiosité pour les cerfs va la mener. Initiée par le jeune homme, elle découvre l’art du camouflage et du pistage, et se prend de passion pour le groupe de majestueux cervidés qui peuple les environs. Invisible dans son affût, Pamina guette des heures durant l’apparition de ceux qu’elle commence à reconnaître individuellement, tout en s’initiant par l’observation à la vie du clan.

Porté par une écriture sensorielle et contemplative, Les Grands Cerfs nous plonge dans une forêt vosgienne riche d’un monde sauvage qui subjugue et envoûte. Un monde pourtant menacé, pris en étau entre les réalités divergentes des agriculteurs, chasseurs, écologues, techniciens ou fonctionnaires garants de la protection des forêts. Si la narratrice ne cache pas son parti pris, elle nous livre un récit qui condamne l’appauvrissement du vivant autant qu’il célèbre et magnifie sa beauté par l’écriture.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ HUNZ 4 GR

Promenons-nous dans les bois

Bill Bryson
Payot & Rivages, 2013

Se retirer dans la forêt comme Henry David Thoreau est déjà un projet ambitieux. Mais entreprendre une randonnée sylvestre de plus de 3 500 km le long des Appalaches, sur la côte est des États-Unis, est encore plus délicat ! Surtout quand on sait à peine planter une tente et qu’on a une peur bleue de tomber nez à nez avec un ours.

Embarquant avec lui un vieil ami plus porté sur les donuts et les séries télé que sur les baies sauvages et les couchers de soleil, Bill Bryson se lance à corps perdu dans cette drôle d’aventure. Il en tire une chronique de voyage qui, derrière sa grande drôlerie, rappelle à quel point l’homme peut se sentir humble face aux grands espaces… et invite à aller se confronter – avec un minimum de préparation – à l’immensité de la nature.

Dans la forêt

Jean Hegland
Gallmeister, 2017

Alors que la société vit dans la peur et que la civilisation s’écroule, Nell et Eva, deux sœurs adolescentes, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans leur maison perdue dans la forêt, après la disparition de leurs parents. Portées par leur passion pour la danse et l’écriture, elles luttent pour survivre et vont devoir apprendre à grandir autrement.

À travers ces deux héroïnes déterminées, Jean Hegland signe un huis clos psychologique et une fable initiatique puissante, à la lisière de l’anticipation. Les thèmes de ce roman publié aux États-Unis en 1996, traduit en français en 2017, résonnent particulièrement aujourd’hui.

À la Bpi, niveau 3, 821 HEGL 4 IN

Soudain dans la forêt profonde

Amos Oz
Gallimard, 2006

La forêt est-elle un enfer vert ou un paradis perdu ? La question se pose inévitablement au cours de l’aventure de Maya et Matti, les deux jeunes héros de Soudain dans la forêt profonde. Alors que tous les animaux ont disparu de leur village et de ses environs, emmenés par un esprit de la forêt, les deux enfants vont braver tous les interdits et découvrir l’origine de cette curieuse malédiction…

En s’appuyant sur l’imaginaire collectif qui entoure la forêt des contes, de Robin des bois jusqu’au Petit Poucet, Amos Oz signe une superbe fable poétique aux airs de légende immémorielle et aux multiples niveaux de lecture, qui évoque aussi bien la préservation de la nature que le devoir d’entretenir le souvenir de ceux qui ont disparu.

À la Bpi, niveau 3, 892.4 OZ.. 4 PI

Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson
Gallimard, 2011

Sylvain Tesson est un habitué des grandes expéditions : il raconte, entre autres, son périple de la Sibérie à l’Inde dans L’Axe du loup (2004), et un trajet Moscou-Paris en side-car dans Berezina (2015).

Dans les forêts de Sibérie relate plutôt un voyage immobile, puisqu’il s’agit du carnet de bord des six mois passés par l’auteur dans une cabane sur les bords du lac Baïkal. On y retrouve cependant toutes les préoccupations de Sylvain Tesson vis-à-vis de la vie sauvage, mais aussi sa propension à inscrire ses pas dans ceux des hommes qui ont fait la grande histoire.