Will Eisner
Delcourt, 2018 [1985]
Dans ce chef-d’œuvre du roman graphique, nous nous trouvons plongés dans la vie quotidienne des habitants de la Grosse Pomme. L’auteur s’amuse de la banalité des situations, allant jusqu’à utiliser les objets de la ville comme une grille d’aération du métro, un lampadaire, une bouche à incendie pour croquer les New-Yorkais, parfois avec tendresse, souvent avec cruauté, mais toujours au plus juste de ce qui fait leur humanité. À travers des portraits singuliers, il aborde des thèmes universels comme la promiscuité des grandes villes, la solitude, les mauvaises rencontres, l’amour… De sa ville de naissance, Will Eisner se fait l’observateur attentif et le génial conteur d’histoires inspirées souvent de faits réels. Il flirte parfois avec le fantastique pour donner à son récit, anecdotique en apparence, la force symbolique des légendes urbaines.
Dans ses choix graphiques, Will Eisner joue sur les perspectives, les lignes et le foisonnement de personnages d’une ville verticale. Il commence par des scènes courtes, sans paroles, où le dessin seul nous raconte le tragique ou le comique d’une situation. Il continue avec les récits complets des personnages façonnés ou fauchés par les vicissitudes de la vie new-yorkaise. Toujours avec la plus grande justesse, et une économie de dialogues, Will Eisner nous embarque dans leurs péripéties urbaines. Les carnets de notes inclus dans cette réédition rassemblent une sélection de « chutes » (selon ses propres mots), qui sont des esquisses ou des croquis, légendés de ses commentaires. En fin d’ouvrage, les postfaces rédigées par Neil Gaiman et l’éditeur donnent encore un autre éclairage à son œuvre. Pas de happy end, pas de complaisance chez cet auteur, mais un regard juste et sensible sur ses semblables.
À la Bpi, niveau 1, RG EIS N
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