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Appartient au dossier : Effractions 2021

Les Orages de Sylvain Prudhomme

Les Orages (2021) est un recueil de douze histoires de personnages confrontés à des instants dramatiques de leur vie. Invité lors d’une lecture musicale organisée par le festival Effractions en février 2021, Sylvain Prudhomme revient sur la genèse de son livre et fait part de sa vision du réel et de la fiction en littérature. En prolongement du festival littéraire Effractions 2021, Balises vous propose pendant l’été une sélection de quatre rencontres autour de la poésie engagée, de la mémoire collective et du temps.

Les Orages se déroule en Bretagne, à Paris, en Afrique et au bord de la Méditerranée. Chaque récit est ancré dans le réel, avec ses nuances, ses contradictions et ses ambivalences. Les personnages sont nommés par un pseudonyme ou une lettre. Il y a par exemple Balzac, écrivain amateur qui passe ses journées au café, entre « Mantes-la-Jolie et Conflans-Sainte-Honorine ». Cet endroit est pour lui une sorte de « paradis », un espace  « d’échappées clandestines, à bonne distance de nos vies amoureuses respectives ». Dans Souvenirs de la lumière, « A » est l’épouse d’Ehlmann. Leur bébé est atteint d’une maladie grave et ils doivent l’emmener aux urgences. Le récit fait s’entrecroiser les points de vue d’Ehlmann, des infirmières et du médecin urgentiste.

La peur de perdre l’autre, la confrontation avec l’impermanence et l’assentiment sont les thèmes qui traversent Les Orages. Dans ces instants d’adversité et de crises intimes, tous les personnages se retrouvent. Comme dans ses précédents romans Légende (2016) et Par les routes (2019), Sylvain Prudhomme crée un recueil de vies ordinaires qui se font échos et se croisent. Par exemple, le personnage de « A » est présent dans plusieurs récits : Les Voisins, La Tombe. Dans ce dernier récit, elle quitte son 38 m² qu’elle a partagé avec son conjoint durant vingt ans. Ce départ lui procure « de la répulsion, mais aussi un rien de fascination ». Le thème du renouveau se retrouve dans La Nuit qui raconte l’histoire d’une femme échappant à la mort lors d’un accident et qui profite pleinement de l’instant présent, sans chercher « à remplir le temps ». Avec son compagnon et ses enfants, ils se retrouvent en vacances sur une île grecque.

Dans les récits Les Orages, Sylvain Prudhomme alterne le réel et la fiction. Selon lui, « la fiction permet d’écrire avec une plus grande marge de liberté ». Le réel est « inépuisable dans sa complexité » et donne de la matière à la fiction. Ce mélange des genres est une référence au film Huit et demi, de Federico Fellini mettant en scène un cinéaste dépressif fuyant le monde du cinéma pour se réfugier dans ses souvenirs et ses fantasmes. La citation du réalisateur italien en préambule du recueil Les Orages, résume toute la pensée de Sylvain Prudhomme sur l’instantanéité du bonheur.

« Quel est ce bonheur qui me fait trembler, qui me redonne force et vie ? Je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens. Tout est vrai. »

Federico Fellini

Publié le 26/07/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

couverture du livre

Les orages

Sylvain Prudhomme
Gallimard, 2021

Douze histoires de moments où un être vacille puis reviennent le calme et la lumière. Un père voit son jeune fils échapper de peu à la mort, un grand-père est confronté à la perte de mémoire, ou encore un couple traverse des tourments.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ PRUD 4 OR

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