Mario Marret, un aventurier filme l’Antarctique

Images d'un été

Mario Marret
Armor Films, Les Expéditions Polaires Françaises Paul-Émile Victor, 1953, 9:54,

Mario Marret, à la tête de la section radiotélégraphie, embarque à bord du navire Commandant Charcot pour cette première mission d’exploration en Antarctique. Le caméraman qui devait filmer l’expédition décède pendant la traversée, et Mario Marret  est désigné pour le remplacer. Sans aucune connaissance du cinéma, mais maîtrisant la mécanique, il démonte la caméra pour en comprendre le fonctionnement. Ce sera sa seule formation de cinéaste. 

Son premier film est tourné lors de l’arrivée de l’expédition à Port-Martin. C’est encore l’été et les phoques et manchots sont nombreux sur le rivage : les hommes les découvrent et les filment pour la première fois dans l’environnement antarctique. On assiste en outre à l’installation de la mission, qui restera tout l’hiver sur ce coin de terre isolé de tout. Les images sont inédites pour les spectateurs d’alors : l’Antarctique est encore une terre inconnue. Les hommes qui viennent étudier le continent et son climat vivent une aventure unique mais encore dangereuse…  

Terre Adélie

Mario Marret
Les Expéditions Polaires Françaises Paul-Émile Victor, 1951, 22:40,

Mario Marret documente la vie des scientifiques qui participent à l’exploration polaire : comment s’organise la vie quotidienne dans le camp de base ? Comment se passent les nuits, les repas, le relevé des instruments de mesure ? De cet hivernage relativement monotone dans une base polaire, Mario Marret parvient à tirer un film vivant, séduisant, parfois drôle. Les images de ces hommes affrontant pour leur tâches scientifiques des vents à plus de 100 km/heure et des températures en-dessous de -30°C captivent le spectateur. Pour subsister dans la base, et traverser l’hiver, l’équipe doit en outre accomplir diverses corvées, chasser le phoque ou se risquer dans des expéditions en traîneau. Le film obtient le premier prix du documentaire à la Biennale de Venise. 

Aptenodytes Forsteri

Mario Marret
Les Expéditions Polaires Françaises Paul-Émile Victor, 1953, 15:00,

Cette mission avait pour objectif l’étude des manchots empereurs, ou, de leur nom scientifique, Aptenodytes Forsteri, qui évoluent dans leur rookerie (colonie de manchots), laquelle compte plusieurs milliers d’individus. Le film s’attache à décrire la vie et les mœurs des palmipèdes, rendant compte de leurs parades nuptiales, de la ponte et de la naissance des poussins que le spectateur accompagne jusqu’à leur maturité. Les comportements des pingouins fascinent et amusent manifestement le réalisateur qui les suit dans leurs déplacements, leurs baignades et leurs pêches. 

Aucun homme n’apparaît dans le documentaire, filmé dans des conditions précaires : après l’incendie de la base de Port Martin en janvier 1952, les sept chercheurs avaient trouvé refuge dans un cabanon minuscule, où ils ont dû survivre tout un hiver. Mario Marret a également tiré un livre de cette aventure : Sept hommes chez les pingouins. 

Les quatre vies de Mario Marret | Sur les docks, France Culture

Tour à tour opérateur radio, résistant, explorateur polaire, cinéaste militant et psychanalyste, Mario Marret (1920-2000) eut une vie mouvementée et segmentée. Ce personnage fantasque étonnamment méconnu vécut plusieurs existences en une seule.