Appartient au dossier : Radio Libertaire, histoire d’une radio libre
Radio Libertaire, histoire d’une radio libre 1/4 : Le studio
La première photographie de notre série consacrée aux débuts de Radio Libertaire montre l’installation encore précaire de la station.
Au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, de nombreuses radios libres sont créées en France par des acteurs aux motivations diverses : des militants politiques, des religieux, des communautés d’entraide, des entrepreneurs. Cependant, sous la présidence de Giscard d’Estaing, les autorités brouillent les fréquences des radios pirates pour conserver un monopole d’État sur la radiodiffusion. Après son élection en 1981, le président François Mitterrand choisit de légaliser ce nouvel usage de la bande FM afin de mieux l’encadrer.
L’histoire de Radio Libertaire, radio de la Fédération anarchiste fondée en 1981, est emblématique du mouvement des radios libres. La station ne dispose d’aucune ressource publicitaire et émet uniquement en région parisienne. Elle donne à entendre les luttes politiques et syndicales de l’époque, mais aussi des formes musicales encore peu diffusées : chanson française engagée, rock, free jazz…
Cette série iconographique s’inscrit dans le cadre du partenariat entre la Bibliothèque publique d’information et Radio Campus Paris, pour célébrer les vingt ans de la station associative.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Sur cette photo, le studio de Radio Libertaire vient de déménager rue André Barsacq, dans le 18e arrondissement. Les anarchistes le modernisent considérablement : deux lignes téléphoniques pour les appels d’auditeurs, deux platines vinyles, quatre micros. Le choix du 18e arrondissement s’explique par le besoin d’émettre depuis un point élevé de Paris afin d’éviter que les ondes FM ne buttent sur les quelques reliefs de la capitale.
Cependant, le premier studio de Radio Libertaire n’était pas aussi bien équipé. Les fondateurs l’avaient installé dans le sous-sol de la bibliothèque publique du groupe anarchiste Louise-Michel, au 10 rue Robert Planquette, également dans le 18e arrondissement. Le studio était plus que rudimentaire :
« Nous étions si passionnés par la radio, que nous n’avions pas vu, au début, la bizarrerie d’une telle installation. Ce furent les premiers invités qui, discrètement, nous en firent toucher du doigt la totale extravagance. Un exemple : n’ayant pas de toilettes, il nous fallait « utiliser » un lavabo (!) au rez-de-chaussée et je me souviendrai toujours de la tête de Maria Pacôme me demandant gentiment un tabouret sous prétexte qu’elle était trop petite pour… Un Gilbert Lafaille aussi, complétement effaré en lorgnant notre pauvre matériel, et qui me demandait constamment si on était bien sûr d’émettre quelque chose. Bernard Lavilliers suant plus encore que sur scène, dans ce trou à rat pas ventilé, mais quand même un peu moins que Jacques Debronckart ; […] Dans une cave où la seule eau courante était sur les murs. »
(Magazine Libertaire n° 7, septembre 1985)
Félix Patiès
Publié le 06/06/2018 - CC BY-SA 3.0 FR
Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires