Timothée Ostermann en quatre BD

Voyage en tête de gondole

Timothée Ostermann
Fluide glacial, 2016

Affecté au compactage des cartons dans un supermarché Leclerc, Timothée Ostermann est bien placé pour observer de près le fonctionnement de la grande distribution. Il découvre les coulisses d’une grande surface, le gaspillage, les rapports avec les petits ou grands chefs. La vie n’y est pas simple : contraints de se lever aux aurores pour remplir les rayonnages, les employé·es doivent affronter une hiérarchie intransigeante et des client·es parfois désagréables. Mais tout n’est pas noir pour autant. Timothée s’amuse aussi des grignotages en cachette, des jeux avec les tire-palettes, ou des moments de complicité avec les collègues. 

Si nous fréquentons tous des supermarchés, il est plus rare d’en connaître le fonctionnement de l’intérieur. C’est ce que propose de découvrir l’auteur, qui y a travaillé en marge de ses études de dessinateur. La vie des ouvrier·es de la grande distribution est décrite sans complaisance ni pathos : malgré la dureté des conditions de travail, l’auteur raconte aussi toutes les petites insurrections et les mini-dissidences qui rendent les journées supportables. S’il observe ce petit monde avec humour, on le sent plein d’empathie pour ses collègues qui, face à la nécessité de gagner leur vie, ont souvent dû renoncer à leurs rêves mais maintiennent une forte solidarité.

Football district

Timothée Ostermann
Fluide glacial, 2018

Le foot, Timothée y joue depuis son enfance. Mais au FC Marmoutier, on est loin des grands clubs et du business médiatique. Le football est encore un jeu, qui se pratique entre voisins. Le club compte d’ailleurs peu de vrais sportifs : la bière et les cigarettes occupent une place importante dans les incontournables troisièmes mi-temps. Du coup, les victoires sont rares, mais les footballeurs amateurs tentent quand même de se faire une place car cette année, c’est sûr, ils vont monter en deuxième division… En sociologue, il raconte les musclés de la première ligne, les corpulents qu’on met dans les buts, les maladroits qu’on laisse à l’arrière. Malgré tout, l’entraîneur et de rares sponsors continuent de prendre tout ça très au sérieux… 

Timothée Ostermann présente avec humour ce qui fait sans doute le succès du football : un jeu qui réunit autour d’un ballon toutes sortes de personnalités, et peu importent les affinités ou les origines sociales. L’auteur raconte son sport au quotidien, quand il faut jongler avec les horaires de travail pour aller aux entraînements, quand les autres joueurs occupent le temps de vestiaires en blagues grasses, quand on est loin de partager les opinions politiques de certains supporters… Dans des cases pleines de détails, il réunit quantité de moments vécus sur et autour des stades, souvent drôles, parfois émouvants.

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Carpe diem - Amour, spleen & tatouage

Timothée Ostermann
Fluide glacial, 2019

Comment marquer une étape importante de sa vie ? Pour Timothée, c’est évident : il doit se faire tatouer, pour la première fois. Suite à une rupture amoureuse, il est prêt maintenant à tourner la page et souhaite extérioriser sur sa peau le souvenir des années passées et révolues en un dessin symbolique. Mais en dehors de ce désir, rien n’est clair pour lui. Quel dessin ou quels mots choisir ? Que représenter de vraiment original, et qui lui ressemble ? Pas simple en effet d’échapper aux clichés qui abondent dans le milieu du tatouage, comme les têtes de mort et cœurs percés d’une flèche. Invité par un ami, il se rend dans un salon qui réunit plusieurs tatoueur·ses afin de découvrir ce monde encore mystérieux… Au fil des discussions, son projet prend forme. 

Cette plongée dans l’univers du tatouage à l’usage des non-initiés en apprend beaucoup sur cet art en plein essor. Le ton autobiographique permet de suivre la démarche d’un aspirant tatoué et toutes les questions qui se posent à lui, depuis le vœu encore flou jusqu’à la réalisation finale. Les tatoueur·ses expliquent leur art et racontent maintes anecdotes sur leurs clients car chaque tatouage exprime une histoire, des sentiments, des désirs. Ratés ou réussis, ils sont gravés pour toujours, et représentent ceux qui les portent. Timothée Ostermann aborde son sujet avec humour et émotion, et permet de comprendre cet art à la fois introspectif et démonstratif. 

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L'Artiste à mi-temps

Timothée Ostermann
Sarbacane, 2022

Auteur de BD, Timothée travaille dans un lycée professionnel en tant qu’assistant pédagogique pour compléter ses revenus. Affecté à la bibliothèque, il suit quelques élèves en difficulté, participe aux activités des 3^e, avant de se voir enfin confier un cours de dessin. Des ados exaspérant·es, émouvant·es et toujours déroutant·es défilent dans sa classe, mais que leur dire quand il se sent lui-même inadapté au monde du travail ? Comment imposer une discipline à ces jeunes que la société précipite vers des filières qui ne leur conviennent pas toujours ?  Et si l’art était la solution… 

L’album composé d’une série de courtes scènes, en pleines pages ou sous forme de comic strip, met en scène l’auteur face aux élèves qu’il côtoie, bon gré mal gré. Chacun·e est là avec son histoire, ses souffrances, ses incompréhensions scolaires et sociales. Timothée Ostermann les dessine comme des créatures étranges, souvent inquiétantes. Ils sont plongés dans un univers froid et hostile, celui d’un lycée avec ses couloirs vides et ses surveillants inflexibles. Une forme d’affection naît pourtant entre les élèves et l’auteur qui semble retrouver ses propres doutes en chacun d’eux. Inspiré de la BD underground, le dessin oscille entre stylisation extrême et caricature.