Chronique

Appartient au dossier : Survivre au NaNoWriMo 2015

Survivre au NaNoWriMo : Carnet de bord #3

Chaque année, des milliers d’aspirants écrivains se lancent un défi : écrire un roman de 50 000 mots en l’espace de trente jours, du 1er au 30 novembre. Véritable marathon d’écriture, le NaNoWriMo nécessite une bonne préparation et une grande endurance. Parmi les conseils les plus souvent donnés aux « nanoteurs » : prévenir leurs proches qu’ils ne seront pas disponibles au mois de novembre et se forcer à écrire, même un tout petit peu, chaque jour. Même si elle est émaillée de rencontres conviviales entre auteurs et de moments d’intense satisfaction, cette aventure peut être un vrai parcours du combattant. Julien Morgan, pour sa huitième participation, vous donne tout au long du mois les clés d’un NaNo réussi.

Note en date du 14/11

Symbole Peace for Paris
Peace for Paris © Jean Jullien

Aujourd’hui, une nanoteuse a abandonné le NaNoWriMo. Un retard au départ l’a découragée et les événements d’hier soir ont fait le reste. Je ne peux pas l’en blâmer et je respecte son choix, en lui souhaitant le courage dont elle aura besoin pour gérer ces événements et leurs répercussions. Mais pour ma part, je ne vais pas abandonner le Nano.

Parce que je suis convaincu que la seule réponse que nous sommes en mesure d’apporter est le meilleur de nous-mêmes : des mots. De l’art. Vous vous en souvenez peut-être, j’ai écrit précédemment qu’à notre niveau, nous contribuons à rendre le monde un peu meilleur ; plus que jamais, c’est ce que nous allons nous efforcer de faire. Le monde n’a pas besoin de plus de soldats, mais de plus d’artistes.

Alors, je vais écrire. De manière brute, irréfléchie, incohérente peut-être. Mais je vais me dépasser.

Dimanche 22 novembre
Compteur
38 227 / 50 000 mots

Playlist
Simple Minds / New Gold Dream
Sonata Arctica / Winterheart’s Guild
Louis Armstrong / Disney Songs The Satchmo Way

Bon, si je me suis dépassé, ce n’est certainement pas dans le Nano. J’aimerais pouvoir dire que le PUFF fonce à travers le ciel comme une fusée, mais il ressemble plus à un planeur en carton ces jours-ci. Pour plusieurs raisons. D’abord, le manque de temps m’a rattrapé ; facile de dire à tout son entourage : « C’est novembre, je n’existe plus, ne frappez à ma porte que si la maison est en feu, merci ». Dans les faits, l’entourage se lasse très vite et vers mi-novembre, il revient à la charge pour vous faire comprendre qu’il est temps d’arrêter vos conneries. C’est un peu mon cas – même si je blâme davantage mon retard sur les évaluations et les conseils de classe imminents.

Par ailleurs, j’écris à la première personne et j’arrive (comme ce fut le cas avec Breizh of the Dead) à une sorte de point de blocage particulier que j’appelle le « trou noir de la vie ». (Ouais, je sais, ce n’est peut-être pas le genre de trucs qu’on a envie de lire en des temps aussi moroses, mais je vais m’expliquer.) Le trou noir de la vie, c’est ce moment où le protagoniste est rattrapé par la trivialité du quotidien : non, un être humain normalement constitué ne passe pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre sept jours sur sept à se battre, résoudre des énigmes, fabriquer des potions et explorer l’antre de démons millénaires ; il se trouve qu’il a aussi besoin de manger, dormir, répondre à sa mère pour ne pas qu’elle s’inquiète et satisfaire d’autres envies moins nécessaires, mais tout aussi importantes. Du coup, après deux nuits blanches (oui) à chasser le démon, mon personnage principal doit visiter pendant quelques pages le trou noir de la vie – parce qu’elle ne s’arrête pas et le temps ne suspend pas son cours pendant qu’il sauve le monde (enfin, le monde : la bourgade de San Jacinto, en tout cas).

Si vous êtes confrontés au problème, je n’ai qu’un avis et un conseil à vous donner.

Mon avis : soyez patients, ça passera. Il faut un peu de banalité. Je sais, quand on écrit de l’imaginaire, on n’a pas signé pour ça, et c’est ce qui me fait ralentir en ce moment, mais je n’y couperai pas, et pour une très bonne raison – qui me permet la transition sur mon conseil : gardez à l’esprit qu’un personnage qui sort de l’ordinaire a nécessairement un quotidien qui sort de l’ordinaire. Pensez à tout ce que ses facultés, ses particularités ont comme incidence sur sa vie de tous les jours, et vous devriez vous en sortir.

Pour terminer ce billet, je voudrais remercier Adam et Élodie pour leurs coups de pied aux cul, remontages de moral, challenges et globalement pour avoir été là pour ce gros boulet de moi. Je ne le répéterai jamais assez : dans le NaNoWriMo, nous sommes seuls, mais ensemble.

Publié le 25/11/2015 - CC BY-SA 4.0

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