Tenons et mortaises, réservoir de désirs politiques
Tenons et mortaises : non, il ne s’agit pas ici de bricolage, mais d’une constellation créative agrégeant une revue, différents acteurs culturels ou politiques et, bientôt, un site web. Partant d’une initiative collective, elle est notamment animée par l’historienne Sophie Wahnich qui a accepté de répondre à quelques questions.
Selon le Larousse en ligne, un tenon est l' »extrémité d’une pièce de bois qu’on a façonnée pour la faire entrer dans une mortaise, pratiquée dans une autre pièce destinée à être assemblée à la première. » Le titre du projet Tenons et mortaises n’a pas été choisi par hasard. Il s’agit bien d’assemblage entre différents objets et acteurs.
Pour Sophie Wahnich, citant Carlo Ginzburg, « l’historien est comme un chasseur dans la forêt des archives. » Tenons et mortaises doit ouvrir des chemins dans la forêt de l’information, créer des fils et relier des objets entre eux.
Mais comment qualifier ce projet ? Il y a bien une revue papier, des rédacteurs et un futur site web mais le projet dépasse les définitions car il s’agit plutôt d’une mise en réseau d’intervenants ou d’objets prééexistants.
Des collabora(c)teurs
Sa richesse repose sur le métissage de ses collabora(c)teurs. Un seul journaliste professionnel travaille aux côtés d’artistes, de chercheurs, d’individus ou d’associations à visée politique dans un fonctionnement non pyramidal. Le collectif « Un sur quatre », organisateur de “La grande parade métèque”, l’atelier critique du CNAM ou le réseau de l’éducation populaire gravitent autour de cette constellation. Sophie Wahnich rappelle les constats de départ du projet : beaucoup d’initiatives sont invisibles, des cénacles différents coexistent (revues, collectifs d’artistes,…) sans collaborer. Etant isolés les uns des autres, ils ne produisent donc pas de puissance politique.
Des gisements de pensées à exploiter
Le projet et le fonctionnement collégial de Tenons et mortaises sont vus comme des alternatives à cet isolement et à une forme de culture hégémonique dominante. Pour Sophie Wahnich, il s’agit de proposer une véritable « contre-hégémonie culturelle » par le biais de cheminements variés. Elle explique que le site web de Tenons et mortaises donnera possibilité d »explorer des “gisements de pensées” : œuvres d’art, sons, extraits de films. Il proposera des cours en ligne, comme les universités populaires. On pourra donc naviguer dans les ressources multimédias, écouter des choses mais il y aura aussi des entrées politiques.
Une revue papier très « slow »
Quant à la revue papier, elle sort elle aussi des sentiers battus. Elle ne peut pas faire l’objet d’un abonnement, mais peut être achetée au numéro. Elle est déposée dans les lieux où sont organisés des événements culturels ou scientifiques programmés par Tenons et mortaises ou ses partenaires, comme la rencontre qui a eu lieu à la Bpi en 2015, « L’intime peut-il être révolutionnaire ? » Elle est là pour dynamiser les projets et événements, mais n’est qu’un outil parmi d’autres.
Conçue sur le modèle de la « slow information”, ou information au long cours, elle se développe sur un tempo non rapide à l’instar du « Global magazine« , l’un des compagnons de route de Tenons et mortaises.
Le numéro 2 de la revue est prévu pour septembre. Intitulé “Enseigner, un métier impossible”, il a été conçu en collaboration avec le microlycée du Bourget.
Publié le 20/07/2015 - CC BY-SA 4.0
Sélection de références
Global magazine
La grande parade métèque
L'atelier critique du CNAM
Le succès des universités populaires - Apprentis d'Auteuil
L'intime peut-il être révolutionnaire ? Tenons et Mortaises à la Bpi
Captation vidéo de la rencontre avec Tenons et mortaises, qui s’est tenue en mars 2015 à la Bpi. À retrouver dans la Web/tv sur Balises.
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