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Appartient au dossier : Tour du monde à la Bpi

Escale picturale sur la Côte d’Azur

Dès la fin du 19e siècle, des artistes-peintres font étape sur la Côte d’Azur, donnant à leur art toute sa dimension dans cette région au climat privilégié, à la nature foisonnante et à la lumière unique.
Partons déambuler dans quelques-uns de leurs lieux préférés avec la Bibliothèque publique d’information qui vous propose de voyager depuis chez vous. Chaque semaine, nous faisons escale dans un lieu différent et découvrons un aspect de son histoire, de son organisation ou de son patrimoine, accompagné d’une sélection de ressources à consulter dès la réouverture de nos salles.
 

De Cassis à Menton, le littoral de la Côte d’Azur a été le site des premières stations balnéaires modernes. Cette région au climat privilégié, à la nature foisonnante et à la lumière unique est aujourd’hui synonyme de luxe. Des stars de cinéma aux mannequins en passant par la jet-set et les personnalités politiques, se montrer et s’établir un temps dans ce petit paradis est un passage obligé. Mais qu’allaient y chercher les artistes-peintres qui, depuis la fin du 19e siècle, ont fait étape là-bas ? 

Un paradis en couleur

Si une chose rassemble les peintres qui ont choisi un jour ou l’autre de vivre sur la Côte d’Azur, c’est la couleur. Ce n’est pas un hasard si « azur » signifie « de couleur bleue ». Auguste Renoir écrit à ce propos en 1883 :

« Que de jolis paysages, avec des horizons éloignés et des couleurs les plus belles. Malheureusement, notre pauvre palette ne répond pas. »

Tous, de Matisse à Monet, en passant par Picasso, de Staël ou Bonnard, ont cette révélation et veulent relever le défi de peindre cette nature extra-ordinaire. Cézanne écrit à Pissarro en 1876 :

« J’ai commencé deux petits motifs où il y a la mer […]. C’est comme une carte à jouer. Des toits rouges sur la mer bleue… […] Le soleil est si effrayant qu’il me semble que les objets s’enlèvent en silhouettes non pas seulement en blanc ou noir, mais en bleu, en rouge, en brun, en violet. » 

vue colorée de la ville du Cannet
Pierre Bonnard, Vue du Cannet, 1927 (collections du musée d’Orsay) – Domaine public / wikicommons

Henri Matisse, de Nice à Vence

Matisse vient la première fois à Nice en 1916, rendant visite à Renoir, et revient s’y s’installer à l’hôtel Beau Rivage en 1918 et 1920, enthousiasmé par la lumière niçoise. « Quand je compris que chaque matin je reverrai cette lumière, je ne pus croire à mon bonheur », avoue-t-il.

En 1938, il s’installe au Régina de Cimiez, puis en juin 1943 à Vence, à la Villa « Le Rêve ». Là, il peint certaines de ses toiles les plus célèbres comme Nature morte aux grenades (1947) ou Intérieur avec rideau égyptien (1948).

C’est aussi là que, pour la première fois, un peintre réalise un monument dans sa totalité, de l’architecture au mobilier et aux vitraux. La première pierre de la Chapelle du Rosaire est posée en 1949. L’inauguration et la consécration ont lieu en 1951. Henri Matisse explique :

« Cette œuvre m’a demandé quatre ans d’un travail exclusif et assidu, et elle est le résultat de toute ma vie active. Je la considère malgré toutes ses imperfections comme mon chef-d’œuvre ».

Pablo Picasso entre Mougins et Vallauris

C’est sur la Côte d’Azur, à Mougins, que Picasso s’éteint en 1973, et c’est en Provence, au château de Vauvenargues, qu’il repose aujourd’hui aux côtés de son épouse Jacqueline.

Parmi les nombreuses œuvres qu’il réalise dans la région, notons sa passion pour les céramiques qu’il découvre à Vallauris. Il créé plus de quatre mille œuvres à l’atelier de Fournas, dont une partie est exposée aujourd’hui au musée d’Antibes.

Ce n’est pas un hasard si le Musée national Picasso organise de 2017 à 2019 un événement international : « Picasso Méditerranée ». Sur le site de la manifestation, vous pourrez découvrir chaque lieu où il a séjourné et ce qu’il y a fait.

Pierre Bonnard au Cannet

Pierre Bonnard est sans doute le peintre qui s’installe le plus longtemps sur ces terres. Il séjourne au Cannet de 1922 à 1947. Il loue trois villas avant d’acquérir en 1926 « Le Bosquet », une maison sur les hauteurs de la ville où il se retire définitivement en 1939 jusqu’à sa mort en 1947. Ces paysages sont pour lui des sources d’inspiration inépuisables. Il y peint plus de trois cents œuvres. Un musée lui est dédié dans cette petite ville qui surplombe la baie de Cannes.

Jean Cocteau, de Saint-Jean-Cap-Ferrat à Fréjus

Des années durant, Jean Cocteau passe de longs séjours dans la Villa Santo Sospir de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Au début d’un séjour, au printemps 1950, Jean Cocteau s’ennuie. Il demande à son hôte, Francine Weisweiller, s’il peut dessiner au fusain la tête d’Apollon située au-dessus de la cheminée du salon. De fil en aiguille, il tatoue de fresques tous les murs de la maison. À propos de ce lieu, il écrit :

« Quand je travaillais à Santo Sospir, je devenais moi-même mur et ces murs parlaient à ma place ».

En 1957, sur cette même Côte d’Azur, Jean Cocteau décore de fresques la chapelle Saint-Pierre à Villefranche qu’il offre aux pêcheurs, et commence à peindre la salle des mariages de la mairie de Menton. Il dessine également, en 1958, un théâtre grec pour le Centre Méditerranéen universitaire du Cap-d’Ail . En 1962, un an avant sa mort, Jean Cocteau exécute des maquettes pour une autre chapelle à Fréjus.

Publié le 04/05/2020 - CC BY-SA 4.0

Sélection de références

La Provence des peintres

Philippe Cros
Citadelles & Mazenod, 2008

À la Bpi, niveau 3, 75.17 CRO

Méditerranée : de Courbet à Matisse

Françoise Cachin, Monique Nonne
Réunion des musées nationaux, 2000

À la Bpi, niveau 3, 75.17  CAC

Bonnard et Le Cannet : dans la lumière de la Méditerranée

Véronique Serrano
Hazan ; Musée Bonnard, 2011

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ BONN

Picasso et le paysage méditerranéen

Chris Dercon, Hubert Falco, Brigitte Gaillard, Laurent Le Bon
RMN-Grand Palais, 2020

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ PICA

Santo Sospir : Jean Cocteau

Carole Weisweiller
Michel de Maule, 2011

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ COCT

La couleur est-elle une forme ? │ Presses universitaires de Vincennes sur OpenEdition

Un article de Pierre Sorlin, paru dans Presses universitaires de Vincennes, 1998, hébergé sur OpenEdition.
Tous les articles d’OpenEditions sont consultable via le catalogue de la Bpi, en salle.

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