Abortion : Desperate Choice
Albert Maysles, Deborah Dickson et Susan Froemke
Maysles Films, 1992
Abortion : Desperate Choice commence par un rappel : depuis la naissance des États-Unis jusqu’à la fin du 19e siècle, les femmes disposent d’environ quatre mois pour décider d’interrompre leur grossesse. Dans les années 1880, la Cour Suprême interdit l’avortement dans tout le pays. Pourtant, à la moitié du 20e siècle, plus d’un million d’avortements clandestins sont pratiqués chaque années, entraînant bien souvent des conséquences dramatiques pour ces femmes dont le corps est rudement, et parfois fatalement, mis à l’épreuve. En 1973, la Cour prononce l’arrêt Roe v. Wade qui rend l’avortement légal dans l’ensemble du pays. Mais des lois locales restreignent la loi fédérale, notamment en dépourvoyant les structures de moyens. En 1992, quand le film est réalisé, l’avortement est plus que jamais un sujet controversé aux États-Unis.
Albert Maysles, Deborah Dickson, Susan Froemke rencontrent des femmes dans les couloirs d’une clinique et écoutent leurs histoires : sans emploi, sans logement, se sentant trop jeunes ou dépassées, seules ou entourées, toutes ont choisi de mettre un terme à leur grossesse. Le film montre le cheminement qui les conduit à cette décision difficile et souligne leur courage et leur détermination à disposer librement de leur corps.
Ces récits croisent ceux de femmes qui ont vécu à une époque où l’avortement était illégal. Elles racontent les difficultés qu’elles ont rencontrées et les violences, parfois très lourdes, dont elles ont été victimes lors d’IVG clandestins. Ces allers-retours dans le temps montrent les évolutions et les régressions du débat. En parallèle, le film brosse le portrait d’une jeune femme qui milite de pied ferme contre l’avortement. Visage d’un mouvement pro-vie très actif, elle met toute son énergie à combattre les militants pro-choix, en alimentant un débat aussi absurde que complexe.
Les réalisateurs font le choix de ne rien laisser au hasard et dévoilent une intimité inconfortable en livrant des images particulièrement difficiles à regarder, tant la violence physique et psychologique y est présente.
Ce film, troublant à bien des égards, indique un tout autre aspect du cinéma d’Albert Maysles.
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