Article

1, 2, 3 webdocumentaires

Apparu sur nos écrans d’ordinateur il y a presque 8 ans, le webdocumentaire se développe un peu plus chaque jour, en explorant, de manière différente et expérimentale, les interactions qui se jouent avec chacun de leurs « web-spectateurs ».

Image extraite du webdoc This is the  end, etc.
Image extraite du webdoc This is the end, etc.

Les webdocumentaires sont des objets numériques pensés avec le web qui misent sur les outils numériques pour renouveler les modes de narration. A base de photos, de vidéos, de dessins, de bandes son, les modes d’expressions sont riches et permettent à l’auteur des créations très originales. Documentaires, ils informent sur des thématiques très larges et peuvent être un outil efficace pour comprendre un sujet. Ces nouveaux récits visuels sont pensés pour une réception individuelle, personnelle, et intime.

L’internaute navigue dans ces histoires et s’engage parfois, faisant des choix qui peuvent interférer sur le récit lui-même.

Les chaînes de télévision s’y intéressent, telles que France Télévisions, Arte, Canal Plus ou, au Canada, l’Office national du film, et sont les principaux financeurs, associés à des producteurs avides de développer ce créneau cinématographique prometteur.

Nous vous présentons ici trois webdocumentaires emblématiques et qui ont été projetés sur grand écran le 13 mai à la Bpi, dans la salle de cinéma du Centre Pompidou.

Dans les murs de la Casbah

de Céline Dréan (France 24/ Vivement lundi)

Image du webdoc Dans les murs de la Casbah
Image du webdoc Dans les murs de la Casbah

Dans les murs de la Casbah, Céline Dréan (France 24, Vivement lundi), 2012

Le webdocumentaire Dans les murs de la Casbah offre une exploration inédite et interactive du mythique quartier d’Alger. La Casbah d’Alger porte dans ses murs autant l’Histoire du pays que les problématiques urbaines de l’Algérie moderne. La Casbah ne se livre pas d’emblée. Mais au cœur de ses ruelles se racontent des histoires. Derrière ses murs épais, elle cherche son avenir, entre une mémoire vivante et des rêves esquissés. 

L’idée de ce webdocumentaire est partie de recherches d’universitaires algérois et rennais en sociolinguistique urbaine. Ensuite Céline Dréan, la réalisatrice, a imaginé cette immersion dans cet espace, symbole de l’identité algérienne.

Documentariste expérimentée, ce webdocumentaire est sa première réalisation de ce genre. Passé les aspects techniques parfois compliqués à évaluer et à gérer, Céline Dréan a aimé travailler cette forme de narration cinématographique. Elle a tourné plusieurs semaines dans la casbah, s’imprégnant de l’ambiance, rencontrant les habitants et entrant parfois doucement dans leur intimité pour recueillir leur témoignage.

Quelques extraits de la rencontre avec Céline Dréan, lors de la projection de son webdocumentaire à la Bpi,  le 13 mai 2013 :

« Pour moi, la dimension cinématographique est importante peut-être plus que la dimension pédagogique, qu’on peut trouver mais qui n’est pas première dans l’intention. » 

« Pour le tournage et l’écriture d’un webdoc comme pour celui d’un documentaire, le plus important c’est d’aller en repérage régulièrement, c’est d’entrer en résonance avec une réalité, un lieu, des gens, un événement et trouver les fils qui nous relient et donc de créer quelque chose à partir de cette rencontre là. »

« Dans les choix de navigation et les choix de design, il y a une dimension esthétique et il y a une intention d’auteur. Dans un documentaire linéaire, le rythme est donné par le montage, dans un webdocumentaire, le rythme, le tempo, le tempo visuel […] est donné par la navigation et les choix esthétiques ; tout cela contribue à construire un univers. »

Le printemps d’après

de Jérémie Battaglia (ONF en collaboration avec le journal Le Devoir).

Image du webdoc Le printemps d'après
Image du webdoc Le printemps d’après

Le printemps d’après, et maintenant où allons-nous ? Un essai-photo interactif de Jérémie Battaglia (ONF/Le Devoir), 2013

Avant … après !

Jérémie Battaglia a photographié les émeutes étudiantes québecoises au printemps 2012 et a ramené des dizaines d’images.

Un an après, il est retourné sur ces mêmes lieux, désertés de ses manifestants. Ces images mêlées forment une frise linéaire dans laquelle l’internaute se promène. Le son accompagne ces photos : les cris des manifestants et l’ambiance explosive de la rue contrastent avec le silence des lieux redevenus ville banale. 

Aux portraits photographiques de manifestants sont raccordés leurs témoignages sonores. L’internaute a l’impression d’y être, de vivre l’intensité de ces émeutes, d’en faire partie. Cette rivalité entre le plein et le vide de ces espaces urbains donne toute l’ampleur de ce mouvement de révolte et appelle au questionnement sur la force et l’impact d’une telle action collective.

The end, etc.

de Laetitia Masson (France Televisions / Memo Prod / Incandescence)

Image du webdoc The end, etc.
Image du webdoc The end, etc.

The end, etc. , Laetitia Masson (France Télévisions, Memo Prod, Incandescence), 2013

« Composer votre film », tel est la devise adressée au spectateur à l’ouverture du webdocumentaireThe end, etc. réalisé par Laetitia Masson. Ce webdocumentaire propose une expérience très originale d’interaction avec le public, sur le thème de l’engagement – et du désengagement -, qu’il soit amoureux, politique ou militant.

The end, etc. se divise en trois étapes.

D’abord, l’internaute est invité à découvrir la vision de l’engagement de la réalisatrice. Dix-huit mots sont sélectionnés par elle parmi les milliers de propositions. C’est en cliquant sur trois d’entre eux que l’on génère sa propre version du webdocumentaire.

La deuxième étape offre la possibilité de voir toutes les séquences réalisées pour cette oeuvre hybride. L’oeuvre comprend 4h30 de vidéos mêlant portraits documentaires, fictions (avec notamment Elodie Bouchez, André Wilms, ou encore Jérôme Kircher), mais aussi cinq chansons originales (dont des reprises de La Marseillaise ou de L’Internationale) de Jean-Louis Murat, collaborateur régulier de Laetitia Masson. Le spectateur peut, s’il le souhaite, regarder l’intégralité de la fiction (25 mn), véritable film à part entière, dans lequel on retrouve tout le talent de Laetitia Masson. 
« Chaque scène de fiction est indépendante l’une de l’autre et suffisamment forte pour se suffire à elle-même. Toutes le scènes ont plus d’intensité que dans une fiction traditionnelle », Géraldine Michelon (productrice de The end, etc. lors de la projection à la Bpi).

La dernière phase de cette aventure est participative. 
Un immense mur de mots récapitule tous les termes associés aux différentes séquences. L’internaute a la possibilité d’associer en direct à chaque séquence un mot qui lui vient à l’esprit, alimentant ainsi cette immense base de données. Il signe alors son engagement et devient acteur du projet.

A lire l’interview de Laetitia Masson sur France Inter

Publié le 01/08/2013

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet