En chiffres

Appartient au dossier : Handicaps : vers une société inclusive ?

350 000 spectateur·ices en situation de handicap attendu·es aux Jeux olympiques de Paris

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 seront-ils accessibles aux personnes en situation de handicap ? C’est en tout cas une promesse faite aux associations par les organisateur·rices. Cependant, à un an du lancement des Jeux, le compte n’y est pas tout à fait… À l’occasion du cycle « Handicaps : une vie à part ? », organisé par la Bpi au printemps 2023, Balises vous présente les mesures prises pour l’accessibilité de tous·tes aux prochains Jeux olympiques et paralympiques.

Course d'athlètes en fauteuil
Paralympic Athletics, London 2012, par flicksmores – FlickR – CC BY-NC-ND 2.0

Des Jeux inclusifs ?

Créés en 1896, les Jeux olympiques accueilleront à Paris, en 2024, près de 10 500 athlètes qui concourront dans 329 épreuves, entre le 24 juillet et le 11 août. Les Jeux paralympiques, organisés pour la première fois à Rome en 1960, verront se dérouler à Paris 549 épreuves auxquelles participeront 4 400 athlètes, du 28 août au 8 septembre 2024. 

Un public extrêmement nombreux est attendu : 10 millions de tickets sont mis en vente pour les Jeux olympiques et plus de 3,4 millions pour les Jeux paralympiques, un record. Parmi ces spectateur·rices, même si le chiffre est encore difficile à évaluer précisément, environ 350 000 personnes en situation de handicap sont attendues.

Accueillir un public si nombreux ne va pas sans poser de questions en termes d’équipements et de logistique. Pour les personnes en situation de handicap, de multiples dispositifs de mise en accessibilité sont nécessaires, et aucun n’est à négliger : l’accessibilité, pour être universelle, doit concerner tous les types de handicaps, qu’ils soient moteurs, sensoriels ou cognitifs. Or actuellement, la France est très en retard en ce qui concerne l’accès aux équipements recevant du public : seuls 40 % des établissements publics sont accessibles aux personnes en situation de handicap, loin des promesses de la loi n°2005-102 du 11 février 2005. Les JO ont été accueillis par les associations comme une occasion d’améliorer sensiblement cette situation, mais qu’en est-il vraiment ?

Des paroles aux actes

L’immense visibilité des Jeux au niveau international rend cruciale la question de l’accessibilité, sur laquelle les organisateur·rices se sont engagé·es à être exemplaires. Du côté des athlètes paralympiques, les équipements ont été conçus pour être entièrement accessibles. Le Village des athlètes, situé en Seine-Saint-Denis, est installé à proximité de la Gare Saint-Denis Pleyel, entièrement rénovée pour répondre à tous les types de handicap. 100 % des logements du Village seront accessibles aux personnes à mobilité réduite et les lieux proposeront une signalétique multisensorielle. 

Pour ce qui concerne les stades, des places sont prévues pour les spectateurs·rices en fauteuil, mais leur nombre exact n’est pas encore connu, étant donné les travaux encore en cours dans de nombreuses infrastructures. Néanmoins, les 2 % de places accessibles prévues par la loi ne sont pas encore atteints. Le seul accès au Stade de France, un des hauts lieux des compétitions, comporte 112 obstacles identifiés, selon le registre d’accessibilité du stade.

En revanche, l’accessibilité sensorielle et cognitive sera assurée via une signalétique étudiée et des boucles magnétiques qui seront installés aux guichets des stades. Une documentation en braille pour se rendre sur les lieux de compétition a également été prévue. D’autres dispositifs doivent être mis en place, comme une salle sensorielle disponible à l’Arena La Chapelle, pour permettre aux personnes en déficience cognitive de s’isoler, et un local pour accueillir les chiens-guides d’aveugles, à la piscine d’Aulnay-sous-Bois. Mais ces équipements ne semblent pas envisagés pour l’ensemble des sites accueillant du public.

Se déplacer… ou pas ?

Le principal point noir en matière d’accessibilité concerne l’hébergement et la circulation des spectateur·rices vers les lieux des compétitions. Les hôtels parisiens comportent encore peu de places aménagées pour les personnes à mobilité réduite (PMR) : l’Office du tourisme ne recense que 3450 chambres adaptées aux PMR dans le Grand Paris. Pour le transport, les parkings, situés loin des stades, ne permettront sans doute pas aux personnes en fauteuil d’utiliser leur véhicule personnel ou un taxi. Concernant les transports en commun, une partie des stations RER sont accessibles, essentiellement sur lignes A et B. Cependant, 3 % seulement des stations de métro, sont actuellement accessibles aux utilisateurs de fauteuils roulants, et la ligne 14 est la seule à leur être entièrement accessible. Quant aux bus, ils ne disposent chacun que de deux places pour les PMR. Tout cela reste insuffisant, surtout lors de la période de forte affluence que constitueront les Jeux. Laurent Probst, directeur général d’Île-de-France Mobilités (IDFM) annonce une amélioration via l’Agence France presse et assure que « plus de 270 gares franciliennes seront accessibles lors des JO, dont toutes celles qui desservent les sites de compétition ». Pari à tenir dans l’année qui vient… 

Cependant, la situation dans les transports est moins critique pour les personnes en situation de handicap cognitif ou sensoriel : la RATP a lancé en 2017 le projet Équisens (Équipements et aménagements des espaces à destination des personnes déficientes sensorielles), qui a permis la mise en place de bandes podotactiles, d’une signalétique améliorée et de bornes d’accueil pour les  malentendant·es. Les associations s’inquiètent cependant de dispositifs parfois hors service et loin d’être en capacité d’accueillir des usager·ères beaucoup plus nombreux·ses qu’à l’accoutumée.

Bonne nouvelle enfin pour les amateur·rices de handisport qui resteront chez elleux : le groupe France Télévisions s’est engagé à diffuser pour la première fois l’intégralité des Jeux paralympiques, avec un accès à 300 heures de direct. C’était encore loin d’être le cas lors des Jeux de Tokyo en 2021, quand les Jeux paralympiques n’avaient bénéficié que de 100 heures de diffusion, contre 650 pour les compétitions valides.

Publié le 13/03/2023 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Le Comité international paralympique - IPC

Fondé le 22 septembre 1989 en tant qu’organisation internationale à but non lucratif, le Comité international paralympique est une organisation centrée sur l’athlète composée d’un conseil d’administration élu, d’une équipe de direction et de divers comités et conseils permanents.

Les principales responsabilités de l’IPC sont d’aider ses plus de 200 membres à développer le parasport et à promouvoir l’inclusion sociale, à assurer la livraison et l’organisation réussies des Jeux paralympiques et à agir en tant que fédération internationale pour six parasports.

TRIBUNE. JO Paris 2024 : vers un scénario catastrophe pour les personnes en situation de handicap ? | Le Journal du dimanche - 21/01/2023

Dans cette tribune, Pascale Ribes, présidente d’APF France Handicap, alerte sur les conditions d’organisation des futurs Jeux olympiques dans la capitale française, qui pourraient ne pas permettre d’accueillir les 350 000 visiteur·ses en situation de handicap prévu·es.

Logo JO Paris 2024

Classification paralympique | Jeux olympiques de Paris 2024

Cette page du site des Jeux olympiques de Paris 2024 précise le système de classification paralympique. Lorsqu’un·e athlète concourt sur une compétition paralympique, iel est au préalable classé·e dans une catégorie de handicap régie par un système de classification. Cette classification est réalisée par des professionnel·les du monde médical et technique qui ont pour mission d’évaluer l’impact du handicap sur le geste sportif et la performance de l’athlète.

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet