En chiffres

Appartient au dossier : Migrants, réfugiés, exilés : parcours heurtés

37 % des immigrés habitent en Île-de-France

Des enquêtes sont menées régulièrement pour mieux connaître la répartition spatiale des immigrés sur le territoire français, mais aussi leurs motivations afin d’évaluer les dispositifs d’accueil mis en place et d’orienter les politiques. Cette répartition est marquée par une forte concentration des immigrés dans les zones très urbanisées, notamment la région parisienne.

Photo de Dimitry Anikin sur Unsplash

Tous les ans, l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) collecte des données sur la population par le biais d’enquêtes de recensement qui concernent un cinquième des communes de moins de 10 000 habitants et 8 % des communes de plus de 10 000 habitants. Ces sondages permettent d’identifier le type de commune dans lequel habitent les personnes immigrées. L’Insee qualifie d’immigré toute « personne née étrangère à l’étranger et résidant en France », qu’elle possède ou non la nationalité française.

Territoires et part d’immigrés dans la population

Dans son Essentiel sur… de janvier 2022, consacré aux immigrés et aux étrangers, l’Insee dresse un panorama d’occupation des territoires marqué par la surreprésentation des immigrés dans les grandes agglomérations urbaines. Ainsi, 37 % des immigrés séjournant en France habitent en Île-de-France avec toutefois de fortes disparités géographiques. 20 % des Parisiens sont des immigrés contre 30 % en Seine-Saint-Denis. Avant 2000, la part d’immigrés installés à Paris était plus importante. Elle est passée de 30 % en 1982 à 21 % en 2013. Les populations immigrées se sont orientées vers les départements du nord de Paris et de la Grande couronne en raison du coût élevé du logement dans la capitale. La Seine-Saint-Denis est devenue le « premier département d’accueil de l’immigration » en 2015 et un formidable observatoire de l’immigration. En 2016, selon Infos Migrations, n°100, une publication (à télécharger au format pdf) du ministère de l’Intérieur, six des départements qui composent l’Île-de-France et la Guyane affichent une part d’immigrés parmi leur population supérieure à 15 %, quand l’Insee estime la moyenne nationale d’immigrés dans la population à 10 %. La part d’immigrés par département varie de 2 % pour le Cantal à 30,7 % pour la Guyane.

Les agglomérations lyonnaise et marseillaise sont également largement plébiscitées par les immigrés, tout comme plusieurs départements frontaliers avec l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ou l’Espagne.

Les raisons de cette concentration

Plusieurs vagues d’immigration se sont succédées en France. Selon le pays d’origine et le motif de l’immigration, les choix se portent sur des régions différentes. Quelques exemples : entre les deux guerres mondiales, des migrants d’Espagne et d’Italie sont venus renforcer la main d’œuvre agricole et industrielle française. Les Espagnols se sont plutôt installés dans le sud-ouest de la France au plus près des emplois agricoles, dans certains départements industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes et en région parisienne. Les Italiens se sont plutôt orientés vers l’est de la France. Après-guerre, les immigrés en provenance du Maghreb se sont installés en région parisienne, à Lyon, Marseille et Grenoble…

L’Insee évoque également, dans Insee Première n° 1591, des modes de vie plus urbains selon les nationalités d’origine. Les immigrés nés en Afrique ou en Asie ont plus tendance à se regrouper dans les zones urbaines et même dans certains départements, tandis que les immigrés originaires de l’Union européenne se répartissent entre zones urbaines et rurales dans des proportions similaires à celles des non-immigrés.

L’attractivité économique du territoire est un critère important dans le choix du lieu d’habitat mais n’est pas un critère suffisant. Par exemple, l’ouest de la France attire peu d’immigrés malgré son taux de chômage bas et son dynamisme économique. Il semblerait que la proximité d’une frontière terrestre entre en jeu, tout comme la présence d’immigrés de même origine sur le territoire ou encore le coût du logement. Le regroupement par origine laisse sans doute espérer une forme de solidarité. Ainsi, certaines villes sont devenues des références dans les parcours de migration, à l’image de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, devenu point de chute des demandeurs d’asile tibétains ou de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, qui accueille de nombreux immigrés d’origine africaine, notamment d’origine malienne et principalement de la ville de Kayes.

Publié le 14/02/2022 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Accédez au dossier Indicateurs d'inégalités sociales de l'INSEE

Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)

L’Institut national de la statistique et des études économiques collecte, produit, analyse et diffuse des informations sur l’économie et la société françaises. Il est en charge des recensements de la population en France et analyse les données dans sa rubrique « collection ».

Infos migrations | Ministère de l'Intérieur - Direction générale des étrangers en France

La revue Infos migrations est une publication du département des statistiques, des études et de la documentation (DSED). Les sujets traités fournissent un éclairage sur les immigrés, leur arrivée, leur insertion et leurs conditions de vie en France.

« Une cartographie de l’immigration en France métropolitaine depuis l’an 2000 » | Hommes & migrations n°1323, 2018

Hippolyte d’Albis et Ekrame Boubtane proposent une cartographie de l’immigration au niveau local à partir des données sur les titres de séjour et les statistiques migratoires, qui révèle une forte disparité entre les territoires.

Musée de l'Histoire de l'immigration

Le musée propose de nombreux documents en ligne relatifs à l’histoire de l’immigration en France, notamment depuis le 19e siècle. Son objectif est de contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et de faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France.

« Le rural est "une chance et une opportunité" » | Institut français des relations international (Ifri), février 2020

Cet entretien reprend une interview accordée par Matthieu Tardis, chercheur au Centre migrations et citoyennetés de l’Ifri, au Courrier de la pastorale des migrants.  Il y rend compte de la mise en œuvre d’un programme de réinstallation des migrants dans le cadre d’un accord signé entre la France et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Au sein de l’Ifri, le Centre migrations et citoyennetés, créé en 2011, cherche à analyser le phénomène migratoire et les pratiques de la citoyenneté comme des sujets de relations internationales. Il a pour ambition de mieux structurer le débat et la recherche dans un cadre indépendant et apaisé.

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