En chiffres

8 nouveaux films documentaires sur les écrans en mars

En mars 2018, sur 79 nouveaux films en salle, seuls 8 sont des documentaires. Cet écart entre le nombre de fictions et de documentaires distribués raconte à lui seul le manque de reconnaissance d’un genre pourtant plébiscité par les spectateurs.

Un affichage de cinéma en cours
Photographie de Jens Moser sur Unsplash

Une difficile distribution en salles

Un nombre réduit de films documentaires sort en salle chaque année (118 en 2016, soit 16,5% des sorties), et leur distribution est bien souvent difficile. Un nombre de copies limité est financé par les distributeurs, quand le film n’est pas auto-ditribué, comme c’est le cas ce mois-ci pour C’est assez bien d’être fou, d’Antoine Page. Par conséquent, peu de salles et de séances permettent de voir ces films : en moyenne en 2016, un nouveau documentaire était diffusé dans 21 cinémas en France lors de sa sortie, alors qu’un nouveau film, quel que soit son genre, était accueilli dans 139 cinémas. Pourtant, la plupart des films documentaires qui bénéficient d’une sortie en salle ont reçu des financements conséquents à l’échelle du secteur.

Par ailleurs leurs réalisateurs sont souvent des figures reconnues. Par exemple, Signer, sorti le 7 mars 2018, est le treizième film de Nurith Aviv, qui a déjà fait l’objet de rétrospectives au Centre Pompidou ou au Jeu de Paume. Claus Drexel, le réalisateur d’America, sorti le 14 mars 2018, n’en est pas à son premier film, et est par ailleurs un metteur en scène reconnu au théâtre. Les distributeurs misent sur ces noms, et laissent peu de place aux nouveaux auteurs et aux premiers films. Certains parviennent néanmoins à exister, à l’image de Ouaga Girls, de Theresa Traore Dahlberg, en salles le 7 mars 2018.

Écrans multiples

La création documentaire a donc appris à exister ailleurs qu’au cinéma. Si la télévision accueille peu d’expérimentations, elle n’en reste pas moins un diffuseur régulier du genre, sur des chaînes telles qu’Arte. Les producteurs de flux comme Netflix investissent eux massivement dans les nouveaux formats que sont les séries documentaires, telles que Making a Murderer (Laura Ricciardi et Moira Demos, États-Unis, 2015) ou Chef’s Table (David Gelb, États-Unis, 2015). En ligne, des plateformes gratuites comme Arte Creative, ou sur abonnement comme Tënk, proposent pour une durée limitée des films plus diversifiés, contemporains ou patrimoniaux.

De nombreux festivals

Néanmoins, la création documentaire sous toutes ses formes vit principalement grâce au travail de diffusion effectué par les associations comme Addoc, et par les nombreux festivals qui se déroulent tout au long de l’année, sur l’ensemble du territoire. Certains sont thématiques (Filmer le travail à Poitiers, par exemple), d’autres présentent un ensemble de films plus large. Les œuvres sont parfois sélectionnées dans le cadre de compétitions avec remise de prix, comme au Cinéma du Réel à Paris. D’autres festivals, comme les États généraux du film documentaire à Lussas, articulent davantage programmation, ateliers et conférences. Tous, ou presque, offrent également de nouvelles fenêtres de diffusion à des films qui ont marqué l’histoire du genre, à travers des rétrospectives thématiques ou monographiques. Enfin, nombre de festivals de cinéma proposent des sélections consacrées au documentaire, à l’image de Films de femmes, dont l’édition 2018 vient de se terminer à Créteil.

Pour découvrir des films documentaires, il suffit donc de rester curieux… Rendez-vous au Cinéma du Réel au Centre Pompidou dès le 23 mars pour de nouvelles pépites !

Publié le 20/03/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

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