Handicaps et mobilisations collectives #2 : une manifestation de personnes âgées ou infirmes en 1963

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« Cette manifestation a lieu à Paris le 19 octobre 1963. Elle rassemble plusieurs milliers de personnes âgées ou infirmes, à l’image des hommes et femmes en fauteuil roulant ou tricycle visibles sur cette photographie – on parle, à l’époque, de personnes infirmes plutôt que de personnes handicapées.

Leur principale revendication porte sur l’augmentation des allocations. Le montant des allocations versées aux infirmes civils est alors indexé sur celles attribuées aux vieux travailleurs salariés. Ces deux groupes se sont déjà mobilisés séparément dans les années 1950, avant une convergence de leurs actions au début des années 1960 : une première grande manifestation commune est organisée à Paris le 2 décembre 1961, puis une seconde ce 19 octobre 1963. La banderole montre que l’enjeu est bien, pour eux, de ne plus vivre dans la misère : la plupart des personnes âgées ou infirmes rencontrent d’énormes difficultés financières et peinent à survivre, car ces allocations n’ont pas augmenté proportionnellement à l’inflation, qui a pourtant été particulièrement forte en 1958 – alors que les mutilés de guerre ont, eux, obtenu une revalorisation de leur pension.

Cette protestation est remarquable par plusieurs aspects. D’une part, elle réunit des milliers de vieux et d’infirmes manifestant dans les rues, ce qui est assez exceptionnel pour l’époque. Les participants viennent de la région parisienne. Plusieurs municipalités franciliennes, notamment communistes, ont financé des bus pour leur permettre de s’y rendre. D’autre part, cette manifestation liée aux allocations rassemble plusieurs associations aux cultures politiques et formes d’action radicalement divergentes, qui ne s’entraident pas habituellement – comme l’Association des paralysés de France et l’Union générale des aveugles et grands infirmes.

La paupérisation des personnes infirmes du fait de l’inflation et de pensions insuffisantes est un phénomène transnational, comme l’étaient déjà les discriminations professionnelles à l’encontre des aveugles dans l’entre-deux-guerres. Des manifestations similaires apparaissent donc dans d’autres pays dans les années 1950 et 1960, notamment en Italie avec la Marche de la douleur des aveugles italiens en 1954. En France, cette action protestataire interpelle les autorités et aboutit à une victoire partielle : les manifestants réclament une augmentation de l’allocation vieillesse à 6 nouveaux francs par jour et obtiennent, à la fin de l’année 1964, une revalorisation à 4,65 francs. »

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