Derniers fragments d’un long voyage
Christiane Singer
Albin Michel, 2007
De septembre 2006 à mars 2007, Christiane Singer a tenu le journal de l’épreuve qu’elle traverse et à laquelle, lui avait dit un jeune médecin, elle ne survivrait pas plus de six mois. « J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ; toute mon œuvre, toute mon écriture, était un partage de mon expérience de vie ». Alors, elle raconte son quotidien, les affres et le désarroi, comme la joie et le bonheur d’être qu’elle n’a jamais autant connu. Au fil des jours, du corps qui souffre puis s’apaise, de l’amour des siens, des visites, des prières (qu’elles relèvent du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, de l’hindouisme, du soufisme), elle exprime cette force de disponibilité qui l’habite, cette allégresse profonde à magnifier la vie, à en recueillir la sève dans l’instant le plus infime. Un texte transparent, ardent, essentiel, l’aboutissement de toute une œuvre. Pensées, rencontres, anecdotes se mêlent pour exprimer cette intensité d’être qui transcende toutes les oppositions et toutes les représentations erronées de la vie et de la mort.
« Pour sauver ma peau devant la détresse, je me mets debout et, au lieu de subir, j’acquiesce de toute mon âme » expose l’autrice. Cette position, inspirée peut-être de la croyance religieuse de Christiane Singer, est précisément ce qui frappe à la lecture de ces fragments. Loin d’offrir une vision du monde dégradée par la souffrance et l’angoisse de la mort prochaine, l’autrice la transfigure en s’appliquant à restituer au monde sa beauté et à la vie son attrait. Un appel lumineux à profiter de la vie tant qu’il est temps.
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