Corto Maltese, le voyageur de Venise

L’auteur décrit Venise comme ambivalente, c’est à la fois une « prison à barreaux dorés », un lieu dans lequel on réfléchit et où l’on flâne au bord de l’eau ou dans l’ombre des cours cachées. Mais c’est aussi une île dans laquelle on navigue et où souffle le vent de liberté essentielle pour le marin qu’est Corto Maltese.

Hugo Pratt considère Venise comme un personnage à part entière plutôt que comme un décor. Bien qu’ancrées dans des lieux réels, les aventures de Corto Maltese sont également teintées de fantastique et d’imaginaire. Ainsi, la grande histoire politique et sociale du pays, par exemple via la présence des « chemises noires » dans Fable de Venise, se mêle aux traditions vénitiennes festives et aux fables ésotériques et mystiques.

Le marin déambule dans Venise, croise des monuments célèbres, saute de toit en toit, arpente les ruelles sinueuses et les canaux sombres de la ville, atterrissant dans des cours mystérieuses où paressent les chats et où se retrouvent des personnages extravagants.

L’imaginaire de l’auteur embellit et transforme certains aspects de la ville pour les besoins du récit. Il estompe quelques traits, met à l’honneur l’architecture urbaine, omet certains détails et en invente d’autres. À travers ce formidable chassé-croisé entre réel et fiction, réalité et rêve, c’est dans sa propre Venise que nous amène Hugo Pratt dans les pas de Corto Maltese.

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