Sélection

Appartient au dossier : Dans la bulle des auteurs et autrices de BD

Dans la bulle de Lucie Albrecht

Illustratrice et autrice de BD, Lucie Albrecht a déjà deux albums à son actif : Bruits de couloir et Sylvain. Abordant dans ses récits intimistes des thèmes comme le deuil ou l’adolescence, elle présente à Balises quelques-unes des œuvres qui l’ont influencée. Elle sera le 20 juin 2022 l’invitée de la soirée BD à la Bpi, en compagnie d’Alix Garin et Chloé Wary.

Publié le 13/06/2022 - CC BY-SA 4.0

Entre | Louie Média

Pendant l’écriture de ma bande dessinée Sylvain, je me suis rappelée de Justine, cette jeune pré-ado qui racontait sa vie au micro de Charlotte Pudlowski dans le podcast Entre. J’ai réécouté toute la première saison et j’ai été fascinée par tout ce qu’elle avait à raconter. La rentrée en sixième, les questionnements sur l’amitié, l’apparence, les garçons, la religion, l’éducation, l’écriture, le deuil… Tout cela faisait grandement écho à Charlotte, le personnage principal de mon livre. Ce podcast raconte avec tendresse ce qu’il se passe dans la tête d’une jeune fille pas encore vraiment ado mais plus vraiment enfant non plus. Et c’est génial.

Petite Terrienne

Aisha Franz
Çà et là, 2012

J’ai découvert cette BD pendant mes études en illustration. J’étais absolument fan du style graphique au crayon et j’adorais le fait qu’on s’autorise à faire des pages de BD sans gouttières. Petite Terrienne regroupe à peu près tout ce que j’aime dans la BD : un récit intime qui nous donne la sensation de lire un journal ou d’écouter un secret, des personnages attachants, un style graphique affirmé, des accents sur les petits détails du quotidien, des réflexions sur le rapport au corps, la féminité, la famille et sa place au milieu des autres. Je me suis pas mal inspirée du découpage de ce livre (le fait de passer d’un personnage à l’autre pour rythmer le récit) dans mes bandes dessinées Bruits de couloir et Sylvain. Cette BD, c’est mon petit doudou.

Sex Education

Laurie Nunn
Netflix, 2019-2022

Je pense que c’est LA série que j’aurais aimé écrire. Décomplexer le grand sujet du sexe et parler de l’éducation sexuelle à travers une fiction, c’est du génie. Les intrigues, les situations loufoques, l’univers graphique, les couleurs, les cadrages, les vêtements, l’inclusivité, les personnalités de chacun, l’humour, tout est bien dans cette série créée par Laurie Nunn. Ce qui m’a particulièrement marquée dans Sex Education, ce sont les personnages que je trouve vraiment bien construits. On a de l’empathie pour chacun d’eux : il y a des personnages qu’on adore détester, des personnages qu’on a envie de secouer, d’autres qu’on a envie de rassurer et de prendre dans nos bras et certains qui nous transmettent juste une énergie positive. Cette série est une de mes grandes inspirations dans la construction de personnages.

Titane

Julia Ducournau
Diaphana, 2021

Quand j’ai vu Titane au cinéma, j’ai ressenti une émotion que je n’avais ressentie pour aucun film auparavant. J’y ai vu tout un tas de symboliques et de significations qui ont rendu mon interprétation du film captivante. J’adore quand l’auteur·ice d’une œuvre laisse le spectateur/lecteur faire le travail. J’essaye toujours dans mes livres de placer des éléments (situations, dialogues ou images) qui ont un sens dans l’émotion que je veux transmettre, sans forcément avoir un impact direct sur l’histoire. Dans Titane, il y a beaucoup de moments où l’ambiance raconte quelque chose. Je pense notamment à cette scène où le personnage de Vincent s’injecte des stéroïdes au milieu d’une salle de bain toute rose : la virilité et la puissance représentées sur fond de « la couleur des filles », au milieu de la pièce dans laquelle nous sommes les plus vulnérables. Dans ce film, rien n’est montré au hasard, la violence n’est pas gratuite et tout nous invite à questionner le genre et les croyances qu’on a intégrées souvent malgré nous. Il y a aussi des musiques et une ambiance sonore incroyables. Je vous conseille également d’écouter la Masterclass de Julia Ducournau sur Konbini, c’est très enrichissant.

Manger l'autre : roman

Ananda Devi Nirsimloo
Grasset, 2018

Si mon intérêt pour certains sujets varie en fonction de mon obsession du moment, le corps humain reste au centre de mon attention. C’est mon terrain de jeu préféré et celui que j’aime voir exploité par les auteur·ices. Dans Manger l’autre, Ananda Devi joue avec plein d’aspects du corps. Elle s’en sert pour parler du rejet de la société, d’un mal-être, d’une relation familiale compliquée, d’un passé marquant, de la violence du monde extérieur et virtuel, de la société de consommation… Manger prend alors un autre sens. Chaque mot est remarquablement choisi, chaque métaphore nous bouscule un peu plus. Plus on avance dans le roman, plus l’intensité du récit nous dévore.

À la Bpi, niveau 3, 846.3 DEVI 4 MA

C'est le cœur qui lâche en dernier

Margaret Atwood
Robert Laffont, 2017

Cette découverte est assez récente, mais je sens qu’elle fait partie d’un moment qu’on pourrait qualifier de tournant dans ma réflexion d’autrice. J’ai toujours été attirée par les histoires de l’intime. Aujourd’hui, j’ai envie d’exploiter les possibilités qu’ouvre un récit de science-fiction. Margaret Atwood m’avait déjà convaincue avec La Servante écarlate et me donne envie de lire toute son œuvre. J’adhère complètement à son humour noir, à ses concepts farfelus, à ses métaphores et à la construction de ses scénarios.
C’est le cœur qui lâche en dernier nous plonge dans une Amérique en pleine crise économique. Un lieu offre la possibilité à certains élus de vivre dans de meilleures conditions (appartement, travail, confort) en échange d’un mois sur deux passé en prison. Le récit va très loin et les personnages nous surprennent à chaque chapitre. Ce roman traite à la fois de la liberté, l’amour, le libre-arbitre, la sincérité, l’enrichissement des riches sur les plus pauvres…

À la Bpi, niveau 3, 823 ATWO 4 HE

Pour aller plus loin

Bruits de couloirs

Lucie Albrecht
Vide cocagne, 2019

Comment se faire oublier quand on est victime d’une rumeur qui prend de l’ampleur ? Priscilla a changé de lycée. Elle va passer le reste de l’année à l’internat. Entre filles. C’est pour elle l’occasion de tout recommencer.
Et cette fois, plus question d’être la victime. Quitte à en trouver une autre. (Résumé de l’éditeur)

Sylvain

Lucie Albrecht
Même pas mal éditions, 2021

Le second roman graphique de Lucie Albrecht raconte le quotidien de la jeune YouTubeuse Charlotte et de sa grande sœur Romane, amenées à traverser les enthousiasmes et les épreuves de l’adolescence sans leur mère, prématurément emportée par un cancer du sein. Chamboulante ode à la vie et à la transmission, Sylvain aborde avec subtilité les thèmes de la perte d’un parent, de l’adolescence et de la sororité. (Résumé de l’éditeur)

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet