Dans la bulle de Maran Hrachyan

Guim Tió | Site personnel

J’ai toujours aimé dessiner des visages, surtout des portraits de femmes, ou dessiner sur une photo de magazine pour ajouter des cheveux, des cils, du rouge à lèvres… Je suis tombée par hasard sur la série de portraits de Guim Tió dans laquelle il transforme des photographies de mode tout en remettant en question les normes de beauté. Il crée des créatures étranges et magnifiques, qui évoquent l’obsession des humain·es pour la beauté et la perfection. Ce qui m’a d’abord frappée, c’était ce côté inquiétant et froid dans les regards. Les formes rondes des yeux et les couleurs me font un peu penser à des clowns effrayants.

Plus tard, j’ai découvert ses paysages magnifiques, faits de quelques couleurs seulement. Il joue sur les contrastes d’échelle entre l’espace et l’humain. Cette étendue infinie peut créer une sensation de vide et de solitude, mais aussi beaucoup d’espace pour la respiration et les émotions.

Stevie Wonder

J’étais adolescente quand j’ai découvert la chanson For Your Love de Stevie Wonder (1995), qui m’a bouleversée. C’était en colonie de vacances, et je l’écoutais en boucle. Une fois rentrée, je suis allée acheter un de ses albums, le seul qu’il y avait dans la boutique. Je l’ai acheté sans même vérifier qu’il contenait bien le titre que je voulais, et par chance il était bien dans l’album. 

C’est le premier disque que j’ai acheté de toute ma vie, et aujourd’hui encore c’est le musicien qui m’émeut le plus par sa voix et sa musique, que je trouve toujours si chaleureuse et passionnelle. 

Götting

Philippe Muri
Vertige graphic, 2010

J’ai découvert Götting par hasard en tombant sur sa série Instants volés. Ce sont des portraits de femmes très colorés, avec un contour noir qui souligne bien leurs yeux et leurs bouches. J’aime beaucoup me maquiller et sa façon de peindre me fait penser que ces femmes aussi. ll met en scène des femmes inspirées du cinéma américain des années 1950 dans des situations du quotidien. J’aime également le mystère qui se dégage de ses portraits.

Plus tard, j’ai découvert ses bandes dessinées, très impressionistes, en noir et blanc. J’aime particulièrement les ambiances mystérieuses qu’il arrive à créer, ainsi que l’élégance de ses personnages.

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ GOTT.J 2

Un papillon sur l'épaule

Jacques Deray
Gaumont, 1978

J’ai toujours été fascinée par les histoires noires et énigmatiques. Des lieux comme les hôtels, où beaucoup de gens se croisent sans se connaître, se prêtent bien à ce genre de récit. J’adore la narration d’Un papillon sur l’épaule, car le héros se retrouve dans une situation très sombre sans l’avoir choisi et sans la comprendre. Cette histoire se déroule dans une atmosphère mystérieuse et étouffante et l’on peut facilement s’identifier au personnage principal. Ce film nous rappelle qu’une vie simple et ordinaire peut d’un instant à l’autre glisser dans le sordide et le terrifiant. Comme dans les films d’Alfred Hitchcock, il y a beaucoup d’inquiétude, de paranoïa et des événements qui dépassent totalement les protagonistes. J’aime les films que l’on regarde du début à la fin en un seul souffle.

La Conjuration des imbéciles

John Kennedy Toole
Robert Laffon, 2009 [1981 pour la première édition]

Ignatius J. Reilly est vraiment quelqu’un d’affreux et méchant. Il vit avec sa mère alcoolique dans un paysage sordide et glauque, à La Nouvelle-Orléans. Tout au long du livre, sa mère n’a qu’un rêve : qu’il trouve enfin un emploi. Mais Ignasius déteste le travail rémunéré, et ne veut rien faire car il croit être un génie incompris. Il râle sans fin sur la médiocrité de l’Américain moyen, et déteste tout ce qui l’entoure. Ignatius J. Reilly est un personnage odieux et égocentrique, et à la moindre contrariété son anneau pylorique se referme…

La Conjuration des imbéciles est un des livres qui m’ont le plus émue et fait rire. Malgré le caractère immonde du personnage principal, on y est très vite attaché·e et il nous attendrit. Je suis passionnée par les personnages ambigus et odieux et, dans ce livre, John Kennedy Toole a réussi à nous faire aimer et comprendre un personnage tel qu’Ignasius.

À la Bpi, niveau 3, 821 TOOL 4 CO

Dubuffet et l'art brut

Lucienne Peiry, Collectif
5 continents éditions, 2005

J’ai commencé mes études à l’Académie des Beaux-Arts d’Erevan, où l’on nous apprenait à utiliser des outils très académiques pour dessiner des modèles vivants. J’ai découvert Jean Dubuffet par sa série de tableaux d’assemblage et par sa collection d’art brut. J’ai tout de suite adoré son refus de l’académisme, et je partage sa fascination pour le travail des artistes autodidactes et des marginaux·les. Le travail sans préméditation, totalement libéré des conventions, me touche énormément. Malgré ce désir de représentations enfantines, les personnages de ses tableaux sont très inquiétants et sombres, mais ils sont aussi attirants et aimables dans leur ambiguïté. J’aime l’énergie avec laquelle ils sont peints, et cela me procure énormément d’émotions.

À la Bpi, niveau 3, 70″19″ DUBU 2

Amore

Zidrou et David Merveille
Delcourt, 2021

Je trouve cette bande dessinée sublime. Dès les premières pages, on est plongé·e dans la beauté de l’Italie des années 1950. David Merveille utilise une palette de couleurs restreinte et parvient à retranscrire le soleil qui réchauffe, la chaleur et les émotions. Cet album, qui est composé de neuf courtes nouvelles, raconte des histoires de séduction, de passion et d’amour. Cette BD met en scène des situations du quotidien qui nous plongent dans l’intimité des personnages, avec énormément de beauté et de poésie. Le texte, peu présent, complète formidablement les dessins.

À la Bpi, niveau 1, RG ZID A