Sélection

Appartient au dossier : Dans la bulle des auteurs et autrices de BD

Dans la bulle de Rosalie Stroesser

À la fin des ses études d’art, la jeune Rosalie Stroesser entreprend un long voyage au Japon. Ses expériences et ses découvertes, ses déceptions et ses émerveillements, fournissent la matière de son premier roman graphique, qu’elle présente au public de la Bpi en juin 2024, dans le cadre d’un Jeudi de la BD.

Partagée entre son goût pour la musique et celui pour le dessin, Rosalie Stroesser finit par se diriger vers les arts graphiques. Elle quitte ses Alpes natales pour suivre des études de design graphique, puis d’illustration et de BD à Paris. Elle part ensuite, en 2015, en voyage au Japon, un pays qui l’attire depuis longtemps. Elle vit alors de petits boulots : wwoofing (tourisme alternatif et participatif) à la campagne, serveuse à Tokyo…, durant un an. Désillusion, expérience traumatique, chocs des cultures, doutes, Rosalie découvre un Japon loin d’être aussi idéal qu’elle le pensait. Elle apprend à l’apprécier peu à peu, pour ce qu’il est.

Elle tire de son expérience et de ses voyages une histoire autobiographique, Shiki. 4 saisons au Japon (2024), qu’elle conçoit durant ses deux années de résidence à la Maison des auteurs d’Angoulême. Plus qu’un carnet de voyage, c’est un récit initiatique avec pour personnages principaux la jeune Rosalie et le Japon.

Publié le 17/06/2024 - CC BY-SA 4.0

La sélection de Rosalie Stroesser

Un air de famille

Réalisation : Cédric Klapisch. Scénario : Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri et Cédric Klapisch
Téléma/Le Studio Canal +/France 2 Cinéma/Cofimage 7, 1996

Ce film a marqué mon enfance. C’était un classique à la maison, mes parents étant fans du cinéma de Jaoui/Bacri. Je ne l’ai pas revu depuis des années, mais je suis sûre que j’apprécierais toujours autant.

J’adore ce genre d’histoires de famille, d’apparence simple et sans grands enjeux scénaristiques, mais qui dit tellement de l’humain. On rit beaucoup, on cringe [grince des dents, NDLR] un peu en reconnaissant des dynamiques familières. Ce film est d’une grande justesse, drôle, très touchant, parfois tragique… un mélange parfait selon moi

À la Bpi, niveau 3, 81(0) ABB 11 (Texte de la pièce de théâtre, à l’origine du film)

Cet été-là

Jillian et Mariko Tamaki
Rue de Sèvres, 2014

J’ai choisi Cet été-là, mais j’aurais aussi bien pu parler de Roaming, la dernière BD des cousines Tamaki. C’est difficile de faire un classement de ses bandes dessinées favorites, mais celles-ci sont clairement dans mon top 10. Pour moi, tout est parfait dans ces œuvres. Il y a une expressivité folle dans le dessin et le découpage de Jillian Tamaki. Les actings des personnages, leurs attitudes, les respirations, tout est minutieusement détaillé sans aucune lourdeur. Et ici encore, pas de grands enjeux dans les scénarios de Mariko Tamaki. Des tranches de vie, une grande justesse dans l’écriture, un réalisme doux.

À la Bpi, niveau 1, RG TAM C
Retrouvez la chronique de l’album, par les étudiant·es de l’IUT Métiers du livre – Paris Descartes pour Balises

NonNonBâ

Shigeru Mizuki
Cornélius, 2006

J’ai découvert les mangas assez tard. Contrairement à beaucoup d’auteur·rices de ma génération, je n’ai pas grandi avec la pop culture japonaise. J’ai toujours été fascinée par le Japon, mais c’est plus le côté traditions de grand-mères qui m’attirait, et moins les méca, les shonen ou les shojo. Je les ai découverts pendant mes études d’illustration, d’abord Akira, puis beaucoup d’autres, et enfin, grosse révélation, les mangas des années 70 : Mizuki, Tsuge, etc.

Dans NonNonBâ,  il y a tout ce que j’adore. Le côté tranche de vie que j’ai déjà mentionné, la mythologie japonaise qui me fascine depuis l’enfance, de l’humour, du tragique, de la douceur… le tout porté par un dessin incroyable qui m’a beaucoup influencé. J’aime par-dessus tout le contraste entre ses décors magnifiques, fouillés, d’un réalisme minutieux, et ses personnages cartoonesques ultra expressifs.

À la Bpi, niveau 1, MA NON

Starmania

Michel Berger et Luc Plamondon
Polygram, 1989

Dans un tout autre registre, Starmania est également une œuvre qui a marqué mon enfance et que j’ai redécouverte récemment. J’ai un gros faible (assumé depuis peu) pour les comédies musicales, opéras et opéras rock. En réécoutant j’ai été surprise par le côté actuel des thématiques abordées : le techno-solutionnisme, une jeunesse (éco ?) anxieuse, le star-system…).

La nouvelle mise en scène est assez dingue, plus sombre que la version originale, mais toujours jubilatoire. Et c’est… délicieusement désuet.

À la Bpi, niveau 3, 782.6 BERG 3

Samuel

Émilie Tronche
Les Valseurs, Arte France, 2024

Pour ce qui est des coups de cœur récents, je suis obligée de citer Samuel, la série animée d’Émilie Tronche, coup de cœur apparemment assez universel. Tout est parfait dans cette mini-série : le design minimaliste qui amène une expressivité de dingue, des actings incroyables, cette voix… Tout sonne juste. C’est drôle, c’est touchant, c’est intemporel malgré le petit côté « nostalgie années 2000 » qui a particulièrement résonné avec moi.

BoJack Horseman

Raphael Bob-Waksberg
Sampson/Lisa Hanawalt, 2014

Je reste dans l’animation pour adulte avec Bojack Horseman, une de mes séries préférées. Ici encore, on est dans mon registre fétiche : le tragicomique. Même si la série est centrée sur des personnages qui gravitent dans un milieu très éloigné du mien (Hollywood), elle s’adresse à toutes et tous en abordant des thématiques et des questions de société qui traversent les milieux (la dépression, les addictions, #MeToo…). Elle convoque un large panel d’émotions. C’est extrêmement drôle (fin et gras à la fois), déprimant parfois, profond et juste. On s’identifie facilement à ces personnages, anthropomorphes imparfaits et insupportables, mais tellement attachants. L’univers graphique assez unique de Lisa Hanawalt me plaît beaucoup également.

Pour aller plus loin

Shiki. 4 saisons au Japon

Rosalie Stroesser
Rivages, collection Virages graphiques, 2023

Octobre 2015. Jeune dessinatrice française, Rosalie s’envole pour le Japon. Au fil des rencontres, elle traverse des paysages splendides et se découvre elle-même. Blessée par les violences qu’elle subit en tant que femme dans une société très patriarcale, elle reste pourtant aimantée par ce pays. Une bande dessinée autobiographique, avec quelques pages consacrées à la mythologie japonaise. © Électre 2023

À la Bpi, niveau 1, RG STR S

Rosalie Stroesser | tumblr.com

Le blog de Rosalie Stroesser. Retrouver l’autrice sur Instagram.

BD - « Shiki », Rosalie Stroesser se met en 4 | France Inter, 2024

Rosalie Stroesser dessine son héroïne tout en racontant son parcours et ses influences.

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