Série

Appartient au dossier : Catherine Meurisse, dessins en mouvement

Dessins en mouvement 3/5 : Les mains dans le dessin

Au pastel comme au crayon, l’artiste laisse sur son œuvre la trace de son geste et parfois de ses mains. Catherine Meurisse est particulièrement attachée à cette sensualité du dessin depuis qu’elle lui a permis de retrouver goût pour son art en créant La Légèreté, en 2015.
Balises vous propose d’explorer plusieurs techniques créatives utilisées par Catherine Meurisse, à qui la Bpi consacre l’exposition « Catherine Meurisse, la vie en dessin » de septembre 2020 à janvier 2021.

Catherine Meurisse, La Légèreté © Dargaud, 2016, tous droits réservés

Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

« Le point de départ de La Légèreté, c’est l’image. Je ne savais pas que j’allais faire un livre, mais j’avais besoin de garder des impressions, des souvenirs, parce que je sentais que tout s’effilochait, tout disparaissant sous mes pieds après l’attentat contre Charlie Hebdo. Des amis m’avaient emmenée sur la dune du Pilat fin janvier 2015 et, cinq mois après, cette image m’est restée. Ce dessin cognait dans ma tête, il fallait que je le fabrique. C’est le dessin qui est sur la couverture de La Légèreté, et c’est le premier dessin de ce qui est ensuite devenu l’album.

Après l’attentat, lorsque Charlie Hebdo a été hébergé par le journal Libération, de nombreuses personnes nous ont envoyé des cadeaux, et notamment des fournitures de dessin. Une boîte de pastels magnifique est arrivée et personne n’en voulait, donc je l’ai prise ! Je ne l’ai pas utilisée pendant plusieurs mois, mais quand j’ai voulu fabriquer cette image face à l’océan qui est à l’origine de La Légèreté, c’était évident que ça allait être au pastel. Ils sont arrivés comme une cigogne apporte une surprise dans un linge. 

Le pastel, c’est une craie qu’on a dans les mains, on s’en met plein les doigts, il y a de la poussière partout sur la table à dessin… Ce pastel, je l’ai utilisé avec les doigts : je pose le dessin à la craie, puis j’estompe avec les mains. J’avais besoin de mettre les mains dans le dessin comme on met les mains dans la terre pour se sentir mieux. C’était une expérience sensuelle de la vie qu’il fallait absolument retrouver.

C’est d’ailleurs pour ça que je ne dessine pas sur tablette. Je traite mes images sur ordinateur, bien sûr, mais j’ai besoin, au départ, de dessiner sur du papier. Je ne veux plus jamais me séparer de cette expérience sensuelle qui a eu une telle importance. »

Publié le 16/11/2020 - CC BY-NC-SA 4.0

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