Dessins en mouvement 5/5 : La couleur a son mot à dire

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« Pour Delacroix, j’ai surtout utilisé des encres de couleurs, qui sont plus intenses que l’aquarelle. Je voulais que ces fluides se mélangent. En jouant avec les encres, on peut retrouver quelque chose de sanguin dans la forme comme dans le fond, quelque chose d’assez nerveux, flamboyant, qui évoque Delacroix. On voit parfois que les encres créent des sortes de capillarité, des barbes, des choses qui se déploient. C’est un papier particulier qui provoque ces effets, un papier qui boit l’encre et l’eau presque comme un papier buvard. J’ai aussi peint à la gouache pour des rehauts, des coups de pinceau. J’ai donc utilisé deux techniques qui trahissent des gestes différents : un geste plutôt fluide, et puis une griffe apposée.

Je trace rarement des cases. La plupart du temps, c’est la couleur qui vient former des cases et donc fabriquer un récit, une séquence. La couleur a son mot à dire : parfois, elle joue des coudes et vient recadrer, recomposer l’image initiale. Je fais en sorte que rien ne soit jamais figé. La chance que j’ai, c’est que mon dessin n’est pas réaliste. Il repose sur un système de petits coups de crayon un peu bordéliques. Cela me permet d’être très libre et de convoquer la couleur ou d’autres techniques pour faire vivre ces coups de crayon. »