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Appartient au dossier : La Chine, sur la voie de la puissance

Diplomatie sportive : la Chine dans la compétition

Depuis plusieurs décennies les compétitions sportives qui rencontrent un grand succès populaire sont devenues un outil d’influence qui intéresse de près les États. La Chine l’a bien compris et souhaite s’imposer dans ce milieu, tant par le nombre de médailles remportées par ses athlètes que par sa participation aux différentes fédérations internationales ou son appui à la construction d’infrastructures sportives.

Stade d’Ebimpé construit par le Beijing Institute Architectural Design – Wikipédia CC BY-SA 4.0

Le soft power sportif

La médiatisation dont bénéficient désormais les compétitions sportives, et leurs succès d’audience, font du sport un moyen puissant au service du soft power des États. À la fois outil de fascination des populations, de mobilisation des jeunes, et de valorisation sur la scène internationale, le sport revêt une dimension patriotique et se fait le révélateur de la place occupée sur l’échelle des nations.

 La Chine, seconde puissance économique mondiale, veut devenir dans le domaine sportif un pays de premier plan, et gagner par ce moyen la popularité et l’admiration qu’elle peine à susciter en raison de son régime autoritaire.  Les jeux olympiques de 2008 à Pékin ont été un moment fort de l’entrée de la Chine dans le domaine sportif. La Chine y a remporté 100 médailles, et s’est classée juste derrière les États-Unis.

Mais le jeu d’influence ne s’arrête pas à la sortie des stades. La Chine entend aussi être présente dans les fédérations qui organisent les différentes compétitions au niveau international. En 2020, elle a pris la tête d’une des quarante fédérations olympiques, celle de la voile, et assure la vice-présidence de cinq autres. C’est encore peu si on compare aux vingt-six fédérations présidées par des européens, mais la Chine avance doucement ses pions dans d’autres sports comme le ping-pong ou la gymnastique. Elle cherche aussi à faire valoir son influence dans des sports moins populaires comme le skateboard ou le rugby à sept. 

Dans le domaine du football, sport mondialisé par excellence et éminemment populaire en Europe et en Afrique, la Chine se trouve dominée par des pays de moindre importance. Elle ambitionne donc de devenir avant 2050 une grande nation du ballon rond et d’organiser une coupe du monde, dont elle serait victorieuse. Elle s’en donne les moyens : le football est désormais enseigné dans les écoles du pays, et des infrastructures gigantesques ont vu le jour à travers le pays. La Chine investit aussi massivement dans les clubs européens ou achète des joueurs qui évoluent en ligue nationale. 

Diplomatie des stades 

Hors de Chine, le pays participe aussi à la construction de stades de football, en particulier sur le continent africain. Dakar, Abidjan ou Ouagadougou entre autres, ont ainsi vu émerger des stades flambant neuf sur leur sol. Relativement simples à construire, et peu coûteux, les stades permettent à la Chine d’asseoir sa popularité sur un continent où elle est déjà très présente. Ces infrastructures ont permis à la Coupe de football des nations d’Afrique (CAN) de se tenir dans les meilleures conditions sur le continent. L’image des stades, largement diffusée en raison du succès des compétitions de football, se fait l’ambassadrice du savoir-faire chinois dans le domaine de l’ingénierie et du bâtiment.

Mais ces constructions ne vont pas sans contreparties : elles accompagnent généralement des contrats d’exploitation des matières premières. Cela pose parfois question dans des pays où certains besoins primaires ne sont pas toujours satisfaits, et où une partie des habitants s’inquiète des coûts d’entretien des stades qui se font aux dépens des dépenses sociales. 

JO de Pékin : un appel au boycott

Mais, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver, à Pékin en 2022, la diplomatie sportive chinoise se trouve en difficulté. D’une part, l’épidémie de COVID-19 fait redouter les grands rassemblements de population, dans un pays où la pandémie semble repartir à la hausse fin 2021. Les spectateurs étrangers ne seront donc pas les bienvenus en Chine car le gouvernement a décidé de réserver les compétitions au public chinois.

D’autre part, la surdité persistante de la Chine à la question des droits de l’homme entraîne des appels au boycott de plus en plus pressants de la part des Européens et des Américains. Les responsables politiques sont ainsi appelés au boycott diplomatique d’un pays accusé pour son comportement envers les Ouïghours, les Tibétains ou la population de Hong-Kong. Le CIO de son côté s’inquiète de voir les jeux utilisés à des fins politiques, contraires à l’esprit olympique. Mais dans un domaine où le soft power revêt une grande importance, pas sûr que ces appels à l’apaisement soient entendus…

Publié le 01/11/2021 - CC BY-SA 4.0

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Architectures olympiques : Pékin 2008

Institut d'architecture
Parenthèses, 2008

Afin d’assurer la réalisation des équipements sportifs des jeux Olympiques 2008 de Pékin, la Chine a organisé plusieurs concours internationaux auxquels ont répondu 177 agences internationales. Présentation des 37 sites, à Pékin et dans 6 autres villes, qui accueilleront les diverses épreuves olympiques à travers des plans, dessins, images de synthèse et photographies.

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La Chine, l'expansionnisme sportif à l'international

La Chine a entamé, depuis quelques années, une véritable politique du football sur son territoire avec pour objectif d’accueillir une Coupe du monde dans la décennie 2030 et de la remporter avant 2050. Mais la Chine n’a pas seulement mis les moyens à domicile pour exister, elle veut aussi être présente à l’étranger. Construction de stades, rachat de parts ou de clubs, et partenariats noués avec des grands noms du football européen, le gouvernement chinois met les moyens et s’ancre petit à petit dans le monde du football mondial.

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