Interview

BD concert : offrir un écrin musical à l’image

Littérature et BD - Musique

© Raquel Panos

Le duo Zyia, composé d’Apolline Kirklar au violon et de Lucie Arnal au violoncelle, accompagnera en musique à la Bpi, la projection de la BD Les Grands Espaces de Catherine Meurisse, récit lumineux d’une enfance campagnarde. Elles expliquent à Balises comment elles ont imaginé et créé ce concert/BD.

Pouvez-vous présenter le duo et son histoire ? 

Nous nous sommes rencontrées au Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon, et nous avons fait énormément de musique de chambre dans diverses formations, notamment en quatuors à cordes.  Un duo permet de travailler d’autres types de répertoires, d’être plus flexible. Nous avions aussi envie de faire d’autres formes de spectacle en dialoguant avec d’autres arts, les arts du crique par exemple, et maintenant la BD. 

Qu’est-ce qui vous a plu dans l’album Les Grands Espaces

Nous avons tout de suite aimé l’album, nous avons été très émues, touchées par cette histoire. Les Grands Espaces racontent l’enfance de Catherine Meurisse, d’une manière extrêmement poétique, et avec, en même temps, beaucoup de simplicité. C’est un retour à l’essentiel, la nature, la découverte, qui se révèle très riche et subtil. L’album foisonne aussi de références culturelles, littéraires, picturales et même musicales, ce qui nous inspirait beaucoup. 

Comment avez-vous choisi les images qui accompagneront votre interprétation ? 

Nous avons choisi dans l’album, les planches qui présentaient des thématiques qui nous inspiraient, l’enfance ou la nature par exemple, pour pouvoir les illustrer avec des extraits musicaux. Il y a des moments dynamiques où la BD se déroule sur fond musical et des moments où il y a une pause sur l’image pour permettre au public de l’admirer presque comme un tableau. Dans ce cas, la musique est plus présente, elle vient vraiment résonner avec l’image. 

Couverture des Grands Espaces
Catherine Meurisse, Les Grands Espaces © Dargaud, 2018

Comment faites-vous le lien entre musique et image ? 

Les thématiques de l’album nous ont très vite évoqués certaines musiques. L’enfance, avec sa légèreté, sa finesse, on peut la mettre en parallèle avec certains styles musicaux ou certains compositeurs qui sont dans ces mêmes ambiances. Par exemple, le concert va commencer par le premier mouvement de la Sonate pour violon et violoncelle de Ravel : ce mouvement qui en apparence est d’une grande simplicité est en fait très subtil. C’est un bon début pour mettre dans l’ambiance ! Ensuite, nous faisons appel à Paganini pour évoquer la nature, le jardin : c’est une œuvre pétillante, à la fois dynamique et légère, qui nous évoque le printemps, la naissance des plantes. Pour le rapport à la peinture, nous avons choisi Kryštof Mařatka, un compositeur contemporain, qui a écrit une pièce qui s’appelle Poème. C’est une œuvre en cinq petites miniatures qui à chaque fois composent un espace sonore un peu particulier : cette musique très imagée colle parfaitement avec la découverte du Louvre.  On reste donc dans la musique classique, tout en représentant différentes époques, de Paganini à Ravel en passant par Bartók : cela permet d’évoquer toutes les facettes de la vie qu’on retrouve dans l’album. 

Un concert BD est très différent d’un concert classique. L’idée, c’est de mettre en valeur l’œuvre de Catheine Meurisse, de lui offrir un écrin musical, contrairement à un concert où on présente une interprétation d’une œuvre. Cette fois tout repose sur les ambiances musicales qui sont au service de la narration. Les duos de Bartók nous les avons vraiment collés à certaines images, en mesurant précisément le temps de projection des planches. Nous avons aussi prévu de jouer à différents endroits de la salle et de jouer avec la notion d’espace, afin de proposer au public un phénomène acoustique plus dynamique.

Publié le 27/09/2021 - CC BY-SA 4.0

Les Grands Espaces

Catherine Meurisse
Dargaud, 2018

« J’ai grandi à la campagne » : Catherine Meurisse raconte, avec humour et mélancolie, son enfance dans les Deux-Sèvres. Tandis que ses parents retapent une vieille maison, elle parcourt la campagne avec sa sœur, s’émerveillant des arbres, des objets et des traditions qu’elles y découvrent. Les rares excursions hors de la campagne les emmènent au « Fuy du Pou » et au musée du Louvre, où les fillettes admirent… des paysages peints.

La mise en couleur d’Isabelle Merlet transforme chaque case en un tableau de verdure, où se promènent les personnages crayonnés par Catherine Meurisse. Particulièrement remarquables, les doubles pages au crayon et à l’aquarelle révèlent parfois la granularité du papier.
Le récit est riche en références littéraires : Pierre Loti, Zola et Proust sont conviés à tout moment. Bien que l’histoire se déroule au début des années quatre-vingt-dix, les réflexions sur l’agriculture moderne, l’urbanisation et les discours des politiciens régionaux ont le même écho aujourd’hui.

À la Bpi, niveau 1, AL GRA

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