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Appartient au dossier : Dans la bulle des auteurs et autrices de BD

Dans la bulle d’Édith Chambon

Avec un dessin doux et coloré, Édith Chambon explore dans Ma famille imaginaire, son premier roman graphique paru en 2023, le poids des secrets de famille. Elle dévoile à Balises ses références artistiques et littéraires, à l’occasion du Jeudi de la BD qui lui est consacré en mars 2024 à la Bpi.

Édith Chambon se spécialise dans l’illustration et la bande dessinée à l’école Émile Cohl, à Lyon après sa licence d’Arts plastiques. Elle s’installe à Paris et travaille comme illustratrice pour des albums jeunesse, la presse ou des bandes dessinées, mais nourrit l’envie d’écrire. C’est en résidence à la Maison des Auteurs à Angoulême, en 2020, qu’elle commence à concevoir une fiction, qui évoluera en récit autobiographique sous le titre Ma famille imaginaire.

Publié le 26/02/2024 - CC BY-SA 3.0 FR

Lignes de faille

Nancy Huston
Actes Sud, 2006

Lignes de faille de Nancy Huston fut pour moi, il y a quelques années, une lecture déclenchante au niveau de la perception des enjeux transgénérationnels. Nancy Huston remonte le fil de l’eau, sur trois générations, en partant du petit-fils encore enfant, montrant ainsi l’héritage psychique, qui se transmet naturellement.

J’ai été particulièrement frappée par le fait de parvenir à comprendre l’enfant à la seule lumière de l’histoire de ses prédécesseur·ses. Je pense que je n’en avais eu, à l’époque où je l’ai lu, qu’une perception intuitive, que j’ai davantage compris des années plus tard, à la lumière de ma propre introspection familiale, objet de ma BD Ma famille imaginaire.

À la Bpi, niveau 3, 843 HUST 4 LI

Le Goût des autres

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
AMLF vidéo, 2001

Un air de familleCuisine et Dépendances et Le Goût des autres, d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, sont, pour moi, des chefs-d’œuvre d’humour et d’humanité. J’ai toujours été fascinée et hilare au visionnage de ces trois films, qui sont pour moi des modèles du genre.

Je suis particulièrement admirative de cette capacité, par les situations et les dialogues, à mettre le doigt sur les problématiques de famille, de classe et de genre, avec finesse et empathie, montrant toujours le pathétique avec tendresse. C’est, je pense, d’utilité publique, car je trouve ces films profondément nécessaires en ce qu’ils montrent la norme sociale comme écrasante et névrotique, et en ce qu’ils parviennent à dédramatiser le sentiment d’échec ou de révolte de celleux qui s’en écartent. Je crois que ces films continuent de m’influencer par les sujets profondément politiques dont ils traitent, ainsi que par la volonté d’en rire.

Dans un style plus récent, je placerais l’œuvre de Ruben Östlund dans le même genre de films cathartiques exutoires, tournant en dérision le pathétique d’une époque.

À la Bpi, niveau 2, AF 791 FRA G – DVD

La Légèreté

Catherine Meurisse
Dargaud, 2016

La Légèreté de Catherine Meurisse se situe également pour moi dans ces récits emprunts de gravité et d’humour, et plus particulièrement ici dans la dimension intime que permet le roman graphique. J’ai donc été naturellement influencée par son parti pris autobiographique dans un but curatif personnel, rendant cette démarche légitime à mes yeux lorsque j’hésitais encore à livrer ma propre histoire.

À la Bpi, niveau 1, RG MEU L

Les Amateurs

Brecht Evens
Actes Sud, 2011

Les Amateurs de Brecht Evens a été une influence majeure pour mon travail en bande dessinée, à une époque où je connaissais trop peu la diversité de cet art. J’ai été stupéfaite par la liberté de ton, de composition et la richesse de sa palette. Ainsi, la rencontre de l’œuvre de cet auteur a été décisive dans ma construction graphique, lorsque j’étais en pleine quête identitaire. Mais je crois que c’est également le sujet de ce livre-là en particulier qui m’a interpellée, par le regard à la fois triste et drôle, lucide, qu’il porte sur le monde artistique et ses viles relations d’ego.

À la Bpi, niveau 1, RG EVE A

Le Grand Vide

Léa Murawiec
Éditions 2024, 2021

Le Grand Vide de Léa Murawiec possède une narration originale et dynamique, dimension obsédante pour moi, car j’ai toujours peur d’ennuyer ou de perdre les lecteur·ices, ou peut-être moi-même… Léa Murawiec propose aussi une œuvre à la croisée des chemins, entre l’univers de la BD indé, et les références assumées et assimilées de la culture manga qui pouvaient être méprisées dans ma génération.

C’est d’ailleurs parce que j’étais enfant dans les années 1980 que j’ai été abreuvée de mangas animés à la télé, comme Sailor MoonNicky Larson ou Dragon Ball, qui ont eu une grande influence sur ma culture visuelle. J’aime particulièrement le côté outrancier et excessif des expressions des personnages mangas, lorsqu’il s’agit de retranscrire leurs émotions fortes, qui passent d’une représentation kitch très premier degré, à des déformations grotesques, spectaculaires, sans limite, dans un contraste assumé et décomplexé.

À la Bpi, niveau 1, AL GRA

I'm Every Woman

Liv Strömquist
Rackham, 2018

Dans l’œuvre de Liv Strömquist, on retrouve aussi ce décalage entre sérieux et ridicule, car le dessin volontairement simple et brut rend accessible une pensée riche et complexe, avec beaucoup de légèreté et d’humour. Je trouve très inspirant d’utiliser un style en dissonance avec le propos, afin d’exprimer quelque chose en plus ou quelque chose d’autre que ce que peuvent signifier les mots. Cela permet d’ailleurs d’emmener les lecteur·ices là où iels ne nous attendent pas. C’est ce que j’ai tenté de faire dans Ma famille imaginaire : un dessin coloré et mignon pour porter un sujet grave.

À la Bpi, niveau 1, RG STR I

Sorcières. La Puissance invaincue des femmes

Mona Chollet
Zones, 2018

Pour finir, je dirais que le livre Sorcières de Mona Chollet (qui m’a été offert par ma mère !) m’a confortée dans le désir de traiter de thèmes propres à la féminité, tout en prenant garde à ne pas véhiculer des représentations et des prismes sexistes. Ce livre m’a rendu légitime le souhait d’inscrire mon travail parmi les voix féministes actuelles.

À la Bpi, niveau 2, 300.1 CHO

Pour aller plus loin

Ma famille imaginaire

Édith Chambon
L'Agrume, 2023

C’est l’histoire d’une femme d’une trentaine d’années qui, du jour au lendemain, se trouve terrorisée, tétanisée, clouée au sol. Quelque chose en elle s’est réveillé ou rompu, mais elle ne comprend ni quoi ni pourquoi… Alors sa mère se voit dans l’obligation de lui révéler certaines choses, longtemps tues et profondément enfouies. Et cette parole va, par effraction, balayer tout un imaginaire. La boîte de Pandore est ouverte.

Une famille imaginaire, c’est celle qu’on a toujours connue, mais qui ne sera plus jamais vraiment la même, dès lors qu’on en déterre les secrets… Une famille imaginaire, c’est celle qu’on pensait créer, jusqu’à ce qu’on réalise qu’elle n’était pas vraiment destinée à exister. [Quatrième de couverture par l’autrice]

Le blog d'Édith Chambon

Une présentation de ses travaux et de son actualité.

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