Sélection

Edith Wharton, New York forever

Née dans la haute société new-yorkaise du 19e siècle, Edith Wharton a fait de son milieu le sujet de prédilection de ses romans.

Scrutant impitoyablement ses contemporains, elle n’eut de cesse de porter un regard critique sur l’Amérique aristocratique, ses conventions sociales, sa décadence et sa corruption. Entre ironie et observation clinique, son œuvre témoigne de la transition d’un monde ancien vers un monde nouveau, au sein duquel l’individu doit trouver sa place.

Près d’un siècle après sa mort, notre sélection propose de s’immerger dans l’univers cruel et raffiné de l’une des femmes les plus libres de la Belle Epoque.

Publié le 11/08/2017 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

De la littérature en Amérique : Edith Wharton

De la littérature en Amérique : Edith Wharton

Edith Wharton fait partie de ces auteurs dont l’œuvre pourrait tenir en une ville : New York. Si la majorité de ses romans sont très ancrés géographiquement, ils n’en demeurent pas moins une formidable exploration des difficultés du moi – du poids du conformisme aux rêves d’émancipation.
Cette émission replace Edith Wharton dans l’histoire des lettres américaines à partir de l’un de ses plus grands romans, Chez les heureux du monde, fresque new-yorkaise féroce et tragique.

Ethan Frome

Ethan Frome

Edith Wharton
Gallimard, 1984

« Il était bien trop jeune, trop vigoureux, trop plein de vivante sève pour accepter aussi aisément la ruine de ses espoirs. »

Peut-on imaginer une phrase plus cruellement ironique que celle-ci ? Aucun personnage ne voit ses espoirs plus ruinés qu’Ethan Frome : lui qui aspire à refaire sa vie avec la jeune femme qu’il aime, loin de sa première épouse rendue acariâtre par l’ennui, ne fera que précipiter sa propre chute. Une tragédie au temps long, comme souvent chez Wharton, qui inscrit ses personnages dans une forme de fatalité à la fois personnelle et sociale.

L’histoire d’Ethan Frome et de Mattie, peu à peu révélée à un narrateur fraîchement arrivé dans leur village de Nouvelle-Angleterre à mesure que le héros rendu taciturne par le malheur dévoile son passé, est un des sommets formels de l’œuvre d’Edith Wharton en même temps qu’un de ses volets les plus émouvants.

A la Bpi, niveau 3, 821 WHAR 4 ET
Accéder au roman dans son intégralité

Xingu

Xingu

Edith Wharton
Mille et une nuits, 2000

« Même son exemplaire des Citations classées (…) ne réussit pas à lui rendre sa confiance. C’était un admirable petit volume de références, rassemblées pour parer à toutes éventualités de la vie en société. »

Qui de mieux que les mondaines de la haute société pour dénoncer la superficialité et les faux-semblants ? Lorsque les femmes du très fermé Lunch Club reçoivent la dernière romancière en vogue, elles s’attendent à tout, sauf à parler du Xingu… que tout le monde semble pourtant connaître. En dressant le portrait jouissif de précieuses ridicules prises au piège de leur propre orgueil, Edith Wharton prend un malin plaisir à fustiger une société dominée par le paraître et le snobisme culturel.

A la Bpi, niveau 3, 821 WHAR 2

Eté

Edith Wharton
10/18, 1985

« Et parfois elle se demandait lequel des deux était le plus mort, de lui dans son tombeau, ou d’elle dans sa bibliothèque ! »

Charity Royall dépérit dans son petit village de North Dormer. Lorsqu’elle rencontre Lucius Harney, jeune architecte venu de la ville, elle en est aussitôt convaincue : il sera celui qui l’arrachera à son ennui.

Été doit beaucoup à Madame Bovary, à qui il emprunte l’acidité des commentaires sur l’esprit étriqué des villageois qui entourent Charity, et a comme le roman de Flaubert beaucoup choqué son époque. En 1917, on reproche surtout à Wharton d’avoir représenté un personnage de femme à la sensualité exacerbée, qui se délecte aussi bien des parfums de la nature que des baisers de son amant… Une liberté de ton qui donne une bonne idée des héroïnes de Wharton, libres et fières malgré leurs destinées souvent contrecarrées.

A la Bpi, niveau 3, 821 WHAR 4 SU

Le temps de l'innocence

Le temps de l'innocence

Edith Wharton
Flammarion, 1993

« Ils étaient là, ensemble, tout près l’un de l’autre, et pourtant chacun d’eux restait rivé à sa destinée propre ; ils auraient aussi bien pu avoir entre eux la moitié du monde. »

Dans un New York digne d’un décor d’opéra, le jeune Newland Archer est tiraillé entre deux femmes, la pure May Welland et la sulfureuse Ellen Olenska. Entre devoir et passion, Edith Wharton peint le tableau virtuose d’un monde feutré rempli de silences, de non-dits et de regrets. Elle met toute sa finesse psychologique au service d’héroïnes devenues fortes, assumant leurs choix conventionnels ou non-conformistes. Roman incontournable, Le temps de l’innocence reçut tous les honneurs, du prix Pulitzer en 1921 (le premier pour une romancière !) à la somptueuse adaptation de Martin Scorsese en 1993.

A la Bpi, niveau 3, 821 WHAR 4 AG
Accéder au roman dans son intégralité

Chez les heureux du monde

Terence Davies
2001,

Pièce maîtresse de l’œuvre d’Edith Wharton, Chez les heureux du monde narre le destin tragique de la séduisante Lily Bart, déchirée entre ses rêves de réussite et son désir de liberté.
L’adaptation réalisée par Terence Davies en 2001 restitue parfaitement les ambitions et les fastes de ce petit monde replié sur lui-même, étouffé par le pouvoir de l’argent et l’hypocrisie.

Accéder au roman dans son intégralité

Lettres (1900-1915)

Lettres (1900-1915)

Henry James, Edith Wharton
Le Don des langues, 2000

« Do New York ! »

A la fois maître et ami, Henry James est déterminant pour Edith Wharton. Pendant quinze ans, ils entretiennent une correspondance suivie, faite d’admiration et de jalousie, de confidences et de vacheries. Francophiles et cultivés, ils partagent le même goût pour la vieille Europe, dont Henry James fera la matière de ses principaux romans. Quant à Edith Wharton, il lui donne son conseil le plus fameux : “faites New York !”

A la Bpi, niveau 3, 821 JAME 44

Tea with Edie and Fitz

Tea with Edie and Fitz

Adam Pasen
Chicago Dramaworks, 2015

« To tea, Teddy Chanler and Scott Fitzgerald, the novelist – awful. »

En 1925, l’aura d’Edith Wharton est suffisante pour impressionner, voire tétaniser, un jeune auteur comme Francis Scott Fitzgerald. Invité à prendre le thé par la grande dame peu après la parution de Gatsby le Magnifique, Fitzgerald se donne du courage en buvant quelques verres avant la rencontre… Qui sera un désastre.

Si Fitzgerald a donné sa version – sans doute parcellaire – de l’entrevue, Wharton la résume en un mot dans son journal : « awful ». La pièce Tea with Edie and Fitz reconstitue avec humour ce choc entre deux immenses figures de la littérature américaine.

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet