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Appartient au dossier : Effractions : le podcast

Effractions : le podcast #10. Baptiste Monsaingeon parle de Freshkills

Dans cet épisode d’Effractions : le podcast, Baptiste Monsaingeon, sociologue de la gestion des déchets, parle du livre Freshkills, de Lucie Taïeb.
Retraçant l’histoire des décharges autour des grandes villes occidentales et de l’imaginaire lié à ces espaces, il fait le parallèle avec la figure du chiffonnier, développée par le philosophe Walter Benjamin.

Effractions : le podcast vous fait découvrir des livres mis à l’honneur pendant le festival Effractions, organisé par la Bpi. Migrations, deuil, révolte, gestion des déchets… Dans chaque épisode, un spécialiste en sciences humaines analyse, du point de vue de son champ de recherche, l’une des thématiques abordée par un roman.

Bpi – Centre Pompidou · Effractions : Podcast #10. Baptiste Monsaingeon sur Freshkills

Cet épisode a été préparé par Cyril Tavan
Réalisation : Michel Bourzeix et Soizic Cadio
Lecture : Denis Cordazzo
Extrait lu : Lucie Taïeb, Freshkills, Recycler la terre, p.52-52, © La Contre allée, 2020
Musique : Thomas Boulard
Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou.

Consultez la version accessible du podcast en Pdf (596 ko).

Publié le 22/02/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

Freshkills : Recycler la terre

Lucie Taïeb
Éditions La Contre allée, 2020

À son ouverture en 1947, la décharge de Fresh Kills, au sud de New York, ne devait rester en activité que trois ans. En 2001, après avoir accueilli une partie des débris du World Trade Center, Fresh Kills ferme enfin. Entretemps, le site est devenu la plus grande décharge à ciel ouvert du monde. Aujourd’hui, cette enclave d’un millier d’hectares de Staten Island est sur le point d’être recouverte par un immense parc, construit sur les déchets. 

C’est autour de ce refoulement du rebut, d’abord dans les marges urbaines puis sous terre, que débute le projet d’écriture de Lucie Taïeb. Découverte par l’autrice dans les pages d’Outremonde de Don DeLillo, qui évoque sa présence monstrueuse aux portes de la ville, la décharge apparaît comme une figure du réfoulé. À l’écart mais visible depuis la pointe sud de Manhattan, elle devient un symbole de notre déni de réalité face aux traces que nous laissons sur terre. Enquêtant sur ce lieu hors norme et sur les mutations du tissu urbain qui l’entoure, Lucie Taïeb compose un texte qui, comme son objet d’étude, procède par strates. À mesure que ses recherches progressent, son travail d’élaboration poétique vient se superposer aux discours historiques et techniques glanés dans les archives et les thèses de spécialistes. Cette sédimentation de l’écriture devient à son tour l’image de ce que l’humanité construit sur ses ruines et ses déchets, que ce soit pour en sauvegarder la mémoire ou pour les pousser dans l’oubli. À travers cette mise en forme littéraire de l’enquête, Freshkills devient ainsi la preuve tangible de l’impossibilité, pour tout ce que nous cherchons à enfouir, de rester souterrain.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ TAIE 4 FR

Homo detritus : Critique de la société du déchet

Baptiste Monsaingeon
Éditions du Seuil, 2017

Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l’atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain.

Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler. À l’heure de l’économie circulaire, cette promesse d’un monde sans restes rappelle un mensonge de la tribu Chagga, évoqué par l’anthropologue Mary Douglas : les mâles adultes de cette tribu affirment ne jamais déféquer !

De même, ce livre montre que la quête de pureté et de maîtrise technicienne du déchet dans nos sociétés industrielles fabrique un aveuglement collectif. Il raconte comment Homo detritus, face cachée d’Homo œconomicus, a cru sauver la planète en « bien jetant ».

(Présentation de l’éditeur)

À la Bpi, niveau 2, 301.0 MON

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