Chronologie

Appartient au dossier : Les Blank, Ross Brothers : l’Amérique en périphérie

Iels ont fait le blues

De B. B. King à Keb’ Mo en passant par Etta James, de grand·es artistes se sont approprié·es les codes du blues pour enrichir cette musique de nouvelles harmonies, de nouvelles émotions. Balises vous fait découvrir quelques figures majeures du blues, alors que la Cinémathèque du documentaire à la Bpi propose plusieurs portraits de bluesmen au printemps 2023, pendant le cycle « Americana. Les Blank et les Ross Brothers ».

Les codes du blues

Les guitaristes débutant·es du monde entier font vite connaissance avec deux choses : les douze mesures de la grille standard du blues, sur laquelle broder toutes sortes de mélodies vocales ou instrumentales, et la fameuse « note bleue », qui s’obtient en tirant sur la corde, par exemple entre le quatrième et le cinquième degrés de la gamme pentatonique.

C’est sur cette « note bleue » qu’insiste particulièrement la ligne mélodique, qu’elle soit jouée instrumentalement ou chantée – à tel point que la mélodie d’un blues est souvent difficile à noter sur une partition, la « note bleue » n’étant pas précisément situable sur la portée. Nul besoin, dès lors, d’une grande vélocité instrumentale ou vocale, ou d’un vocabulaire musical excessivement étendu : trouver la « note bleue » suffit. La faire vibrer est une autre affaire…

S’approprier la « note bleue »

Les plus réputé·es des chanteur·ses et guitaristes de blues se sont très vite affranchi·es des douze mesures pour laisser libre cours à la mélodie, à l’instar de Skip James ou Blind Lemon Jefferson. Par ailleurs, de nombreux standards blues n’en sont pas vraiment, ni sur le plan harmonique ni sur le plan de la structure. Bien des chansons de « L’Impératrice du blues », Bessie Smith, n’obéissent pas au canon des douze mesures ; de même que Lady Sings the Blues, de Billie Holiday présente entre autres des suites d’accords complètement étrangers à la gamme pentatonique.

La « note bleue » se répand bien au-delà de son terreau initial. En témoigne son utilisation dès les années 1920 par des compositeur·rices de musique classique comme Maurice Ravel (notamment le Concerto pour la main gauche et le premier mouvement du Concerto en sol pour piano), Igor Stravinski (Ebony Concerto), et bien sûr George Gershwin (Rhapsody in Blue). Elle envahit également la variété, les comédies musicales et ce qui deviendra le rock’n’roll.

Une culture blues

Les douze mesures, les accords de septième et la gamme pentatonique forment néanmoins le vocabulaire de base du genre blues proprement dit, tel qu’il va se fixer autour des années 1950 par la voix des grands créateurs que sont B.B. King, John Lee Hooker et Muddy Waters. Ce sont eux qui patronnent l’évolution ultérieure du genre, notamment son électrification, et son autonomie dans le champ des musiques populaires, face au rock, à la soul et au rythm’n’blues. Une culture blues voit le jour, avec ses références, ses festivals, ses revues et ses réseaux spécialisés. Nous vous proposons d’en découvrir quelques artistes incontournables.

Publié le 20/03/2023 - CC BY-SA 4.0

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