Sambizanga, de Sarah Maldoror | Angola, République du Congo, France, 1972, 1h42
Sarah Maldoror, de son vrai nom Marguerite Sarah Ducados, est une cinéaste française née en 1929 et morte en 2020. D’abord actrice, reçue à l’école de la rue Blanche, elle est cofondatrice en 1958 de la première compagnie de théâtre française composée exclusivement de comédiens noirs, Les Griots, créée afin de s’affranchir des rôles stéréotypés et de mettre en valeur la littérature africaine et antillaise. Sarah Maldoror part ensuite deux ans à Moscou pour étudier le cinéma au VGIK. Elle est la compagne de Mario de Andrade, fondateur et premier président du Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA). Ensemble, ils fréquentent poètes et écrivains noirs et coécrivent plusieurs scénarios, dont celui de Sambizanga.
En 1969, son premier court-métrage de fiction, Monangambee, est basé sur un roman de l’écrivain angolais Luandino Vieira, alors emprisonné par le pouvoir colonial portugais. En évoquant la torture par l’armée portugaise d’un sympathisant de la résistance angolaise, la cinéaste commence à porter son regard sur les guerres de décolonisation africaines. Son œuvre, politique et poétique, se déploie ensuite dans plus de quarante films de fiction et de documentaires, portant autant sur les luttes de libération africaines que sur des poètes et des peintres. De fin 2021 à mars 2022, le Palais de Tokyo lui consacre une exposition rétrospective.
Sambizanga est une fiction basée sur des faits réels. Tourné en République du Congo d’après un roman de José Luandino Vieira, le film se déroule en 1961, au début de la guerre d’indépendance de l’Angola. Sambizanga suit d’abord Domingos Xavier, ouvrier sur les chantiers et militant révolutionnaire, qui rentre dans son village après une journée de travail. Après que Domingos Xavier est arrêté chez lui en pleine nuit, le récit est porté par Maria, son épouse. Alors que lui est emprisonné et torturé par l’armée portugaise, elle part à sa recherche.
Filmant les corps d’assez près, dans un noir et blanc sobre et des cadres composés, Sambizanga décrit avec humanité la répression du MPLA. Tourné avec des acteurs réels de la lutte, le film est réalisé alors que l’indépendance de l’Angola n’a pas encore été proclamée (la guerre se termine en 1975). Il acquiert ainsi une forte portée militante, amplifiée par les prix reçus en 1972 aux Journées cinématographiques de Carthage et en 1973 à la Berlinale.
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