Les Enfants de l'envie
Gabrielle Piquet
Casterman, 2010
Première bande dessinée dont Gabrielle Piquet signe à la fois l’histoire et le dessin, Les Enfants de l’envie raconte avec sensibilité une histoire passionnante qui se passe dans le Nord, à Laon, dont se dessine en toile de fond le patrimoine architectural classé. En contrepoint de ces bâtiments anciens, Basile peint, de manière obsessionnelle, les buildings new-yorkais. On entre progressivement dans l’intimité de ce peintre déclassé, qui a quitté Paris et le monde de l’art pour retourner vivre chez sa mère à Laon, et subir son obsession à elle pour le piano et la star locale, Raoul Duboc. Enfermés dans leurs solitudes et leurs manies, Basile et sa mère parlent peu du passé. Basile sait seulement qu’il est le fils d’un Américain de passage, Henry, qui n’a plus donné signe de vie.
À travers ce récit intime, l’autrice nous plonge dans l’histoire de ces bases américaines installées en France après la guerre, et les bouleversements induits sur les populations locales à leur arrivée (séduction et fascination pour la culture et le mode de vie américains, création d’emplois et essor de la consommation de masse), jusqu’à leur départ au milieu des années soixante (chômage et désenchantement).
Gabrielle Piquet offre à cette fascinante histoire un écrin à sa mesure, avec des décors d’une grande précision encadrant des personnages vivants et mouvants. L’articulation du dessin, des dialogues et de l’histoire, tout en fluidité, apporte un réel plaisir de lecture en plus de la poésie de l’ensemble.
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