Son

Gérard Grisey, Vortex Temporum (extrait)

Peut-être le nom de Gérard Grisey (1946-1998) ne s’est-il pas encore imposé de manière aussi nette que celui de nombre de ses illustres contemporains (Boulez, Ligeti, Stockhausen).

Mais c’est sans doute parce qu’avec celle de ses compagnons de l’Itinéraire (Michaël Lévinas, Hugues Dufourt), la nouveauté de sa musique, fondée sur le timbre et le mouvement plutôt que sur la structure et le langage, avait besoin de temps pour se déployer et se réverbérer.

Vortex Termporum
Gérard Grisey, Vortex Temporum (extrait)

Depuis sa disparition, après la composition de « Quatre chants pour franchir le seuil » (1998), Gérard Grisey est devenu tout à la fois la référence de compositeurs tentés par l’hybridité et la saturation (de Fausto Romitelli à Yann Robin), une certaine « connaissance par les gouffres » que n’aurait pas reniée Michaux, et de musiciens aux parcours beaucoup moins académiques, comme les improvisateurs de Hubbub ou Stephen O’Malley, du groupe drone metal Sunn O))).

Il n’est donc pas si étonnant qu’Anne Teresa de Keersmaeker, jusqu’à présent associée à la musique de phase de Steve Reich, trouve aujourd’hui chez Grisey, et singulièrement Vortex Temporum (sans doute une des oeuvres à la fois les plus denses et limpides du compositeur), matière à déployer une partition chorégraphique faite de plis et de déplis iridescents.

Publié le 10/03/2016 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

Dans le vertige de la durée : "Vortex temporum" de Gérard Grisey

Jean-Luc Hervé
l'Itinéraire ; l'Harmattan, 2001

A la Bpi, niveau 3, 78 GRIS.G 2

Partiels : pour 18 musiciens

Partiels : pour 18 musiciens

Gérard Grisey (1946-1998)
Ricordi, 2007

« Le titre s’entend comme moment d’un ouvrage plus vaste, mais aussi dans le sens acoustique de composantes du son. » (Gérard Grisey)

A la Bpi, niveau 3, 78 GRIS.G 3

Révolutions sonores : de Mallarmé à la musique spectrale : une théorie des rapports texte-musique-contexte

Guy Lelong
Ed. MF, 2010

Découverte de l’histoire de la musique spectrale, initiée par le compositeur Gérard Grisey (1946-1998) au milieu des années 1970 et depuis développée internationalement.

L’apparition de cette musique coïncide avec deux autres renversements : la rédaction par Mallarmé de poèmes conçus à partir des caractéristiques du langage et celui que Daniel Buren opère avec la notion d’art in situ.

A la Bpi, niveau 3, 780.22 LEL

Gérard Grisey sur la base Brahms

Gérard Grisey

Manifestant un intérêt précoce pour la musique, Gérard Grisey fait à l’âge de neuf ans ses premiers essais de composition. C’est en Allemagne, au Conservatoire de Trossingen (1963-1965), qu’il commence ses études dans ce domaine, avant d’intégrer le Conservatoire de Paris où il recevra une formation classique (diplômes en harmonie, contrepoint et fugue, où il excelle, en histoire de la musique et accompagnement au piano).

En même temps qu’il fréquente la classe de composition d’Olivier Messiaen (1968-1972), il suit l’enseignement d’Henri Dutilleux à l’École normale de musique (1968) et s’initie aux techniques de l’électroacoustique avec Jean-Étienne Marie (1969). Son séjour à la Villa Médicis de 1972 à 1974 sera l’occasion d’importantes rencontres (le poète Christian Guez Ricord) et découvertes (la musique de Giacinto Scelsi). Les séminaires de Ligeti et de Stockhausen, dans une moindre mesure celui de Xenakis, auxquels il assiste en 1972 dans le cadre des Ferienkurse de Darmstadt, le confortant dans ses propres préoccupations musicales, auront sur lui une influence durable.

En 1973, Grisey prend part à la fondation de l’ensemble l’Itinéraire, dont la vocation est de défendre par la qualité de ses interprétations un répertoire naissant aux exigences spécifiques. Les cours d’acoustique d’Émile Leipp à Paris VI (1974-1975) poseront le fondement de son approche scientifique du phénomène sonore. À partir de 1982, il a une activité soutenue en tant que pédagogue, d’abord en Californie à Berkeley jusqu’à 1986, puis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il enseigne l’orchestration puis la composition.

Il meurt le 11 novembre 1998 d’une rupture d’anévrisme.

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