La conscience de la rareté des ressources naturelles et les lois environnementales incitent à une meilleure gestion des pollutions générées par l’activité industrielle et agricole. Mais il reste à régler le problème du passif. Comment traiter les sols et eaux pollués pour un nouvel usage sans risque ?
Balises vous présente trois tendances de l’ingénierie qui visent à réduire l’impact environnemental des installations humaines, pour accompagner la rencontre sur les évolutions du métier d’ingénieur organisée par la Bpi en février 2021.
Cliquer en haut à droite pour agrandir l’image.
Le modèle de l’eau
Les pollutions des sols et de l’eau sont étroitement liées puisque les polluants voyagent par capillarité, par ruissellement, par ventilation. Mais si les polluants à traiter sont sensiblement les mêmes, les traitements et les coûts diffèrent.
La dépollution de l’eau de surface entre dans un processus quotidien et industrialisé dont les acteurs sont bien identifiés. Chaque année, 15 300 usines d’eau potable produisent 6 milliards de m3 d’eau (source : SOeS-SSP, 2008). Cette eau est traitée par des procédés physiques, physico-chimiques, chimiques et biologiques. Le coût du traitement est à la charge de l’usager de l’eau, complété par des taxes sur le principe pollueur/payeur. L’eau étant considérée comme nécessaire à la vie, le suivi des ressources et le contrôle de la qualité de l’eau sont réguliers.
Particularités du sol
En 2018, la base Basol recense 6 800 sites et sols pollués ou potentiellement pollués en France. Ces situations de pollution sont souvent héritées du passé industriel du pays et le plus souvent découvertes à la fermeture d’un site ou lors d’un accident. Elles font l’objet d’une surveillance par l’État et les informations concernant ces sites sont mises à la disposition du public. Les pollutions issues des guerres, de l’agriculture, de la chasse ou du tir ne sont pas prises en compte dans la base Basol.
Le sol n’a longtemps été considéré que sous l’angle de la géologie, comme une matière inerte. La vie dans le sol n’est étudiée par des agronomes et des pédologues que depuis une soixantaine d’années. Ceux-ci ont mis en évidence sa vie microbienne et la fragilité de cet écosystème. D’après les auteurs de l’Atlas français des bactéries du sol de l’Inra Dijon, paru en 2018, il y a « un milliard de bactéries dans un gramme de sol et un million d’espèces différentes ». Les polluants, mais aussi certains traitements de dépollution, portent atteinte à cette vie et à la fertilité des terres. De plus, une grande partie des terres dépolluées hors site après excavation acquiert le statut de déchet et à ce titre fait l’objet de restriction d’usage et de précautions particulières. Sachant que 11 % des terres du monde sont cultivables sans contraintes majeures (déboisement, irrigation, relief…), il s’avère essentiel de préserver les terres de la pollution et de l’artificialisation, mais aussi de récupérer celles qui sont polluées.
Or, la dépollution du sol s’avère extrêmement complexe, longue et coûteuse, en raison de la nature du sol, de celle des polluants et de la combinaison de ceux-ci, de l’ancienneté de la pollution… Elle concerne des surfaces parfois si vastes et qu’aucune solution n’est applicable si ce n’est l’abandon des terres pour toute activité humaine ou agricole.
Évolutions de la politique de gestion de la pollution
En France, une commission du Sénat a enquêté de février à septembre 2020 sur la politique de gestion des sols pollués. Dans sa synthèse, elle réclame une définition législative de la pollution des sols comme pour l’eau ou l’air et constate un état des lieux fragmentaire des sites pollués. La commission préconise de meilleurs leviers pour actionner le principe pollueur-payeur, comme des garanties financières ou des assurances obligatoires pour les exploitants, ainsi que des délais de garantie plus longs. Elle déplore des coûts de dépollution dissuasifs. Ils peuvent parfois dépasser la valeur foncière du site à construire et favorisent un procédé : l’excavation des terres, traitement rapide mais peu écologique qui, de plus, est réalisé majoritairement à l’étranger. De nombreux procédés existent pourtant, mais ils ne sont pas industrialisés. Leur coût reste donc élevé, d’autant qu’il faut souvent combiner plusieurs traitements. La commission souhaiterait que les traitements de dépollution évoluent vers un système d’économie circulaire.
En novembre 2020, le ministère de la Transition écologique faisait part à la Commission européenne de son projet d’arrêté fixant les critères de sortie du statut de déchet pour les terres excavées et sédiments ayant fait l’objet d’une préparation en vue d’une utilisation en génie civil ou en aménagement. Cette disposition a pour but de faciliter la valorisation des terres excavées et de dispenser les aménageurs de nouvelles contraintes induites par le statut de déchet.
Des projets prometteurs
La phytoremédiation, c’est-à-dire la dépollution opérée par des végétaux, est souvent le seul remède quand la pollution occupe de larges espaces. Elle nécessite de bien identifier les polluants pour sélectionner la ou les plantes les plus adaptées. Une fois que les végétaux ont rempli leur rôle en capturant les polluants, ils peuvent être revalorisés – compostage, eco-matériaux, méthanisation, bio-carburants, etc. Le projet de Thibaud Sauvageon, doctorant à l’université de Lorraine, fait appel à la phytoremédiation et la revalorisation. Il envisage de planter du chanvre sur les friches industrielles polluées de Lorraine. Cette plante deviendrait la matière première d’une production propre de textiles.
Avec leur projet Bioxyval, Gaëtan Urvoy et Stéfan Colombano étudient un protocole de traitements innovants permettant de réduire les coûts de dépollution aux HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques, des constituants de charbon ou de pétrole), une dépollution complexe qui concerne 16 % des sites pollués recensés dans Basol. L’objectif est de créer une filière de gestion de la dépollution spécifique et de revalorisation de ces sites pollués. Leur méthode, testée dans une ancienne cokerie en Lorraine, consiste en un chauffage des terres à 50°C, puis un ajout d’oxydants novateurs et l’utilisation de bactéries pour résorber la pollution. Ensuite il faut remettre en fonction le sol en le reconstruisant par l’apport de matière organique, puis en le traitant avec de la chaux pour lui redonner de la consistance. La dernière étape sera la phytoremédiation : des plantes sélectionnées vont absorber la pollution restante. Le protocole s’étale sur plus de sept ans.
La nanoremédiation est également une piste sérieuse. Des nanoparticules de fer ont été testées sur les pollutions par composés chlorés ou par le chrome. Injectés dans le sol, in situ, elles ont montré leur efficacité pour dégrader ou immobiliser les polluants. Des études sur leur possible toxicité sur certains organismes doivent cependant être menées avant de généraliser leur emploi.
Des rapports, des vidéos et des infographies expliquent les travaux de la commission d’enquête sur les problèmes sanitaires et écologiques liés aux pollutions des sols qui ont accueilli des activités industrielles ou minières, et sur les politiques publiques et industrielles de réhabilitation de ces sols. Une vidéo résume les objectifs et les constats de la Commission en trois minutes.
Récit de la réhabilitation de la réserve naturelle des Coussouls-de-Crau suite à la rupture en 2009 d’une canalisation d’hydrocarbures sur le site. Des opérations d’ingénierie écologique originales ont pu être mises en œuvre grâce à un dialogue permanent entre les différents acteurs.
Une interview de Stéfan Colombano (BRGM) et Gaëtan Urvoy (Eodd) pour présenter le projet Bioxyval, qui vise à valider des solutions de gestion intégrées de pollutions complexes de friches industrielles.
Jean-Louis Morel, professeur de biologie pour l’environnement à l’ENSAIA de Nancy, participait au colloque Chimie et Nature du 25 janvier 2012 organisé par la Maison de la chimie. Il présente les principes de la phytoremédiation des sols, mais aussi le phytominage qui permet la récupération des métaux du sol en utilisant des plantes « hyperaccumulatrices » et qui fait appel à de nombreuses disciplines : agronomie, chimie, génie des procédés.
L’Université de Lorraine propose une version BD des travaux des finalistes de l’édition 2017 du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Le sujet de recherche de Thibaud Sauvageon, doctorant au Laboratoire d’études et de recherche sur le matériau bois, s’intéresse à la valorisation de plantes fibreuses sur des sites pollués de la région.
Le site Infoterre héberge et diffuse les données du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), service géologique national. Sur la page dédiée à la politique de gestion des sites et sols pollués, sont résumés les objectifs et l’évolution du cadre législatif de cette politique, complétés par une recension très riche d’outils et de données.
L’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) ont développé un outil qui permet d’identifier, sur des bases théoriques, les solutions de gestion de la dépollution a priori applicables. C’est un outil d’aide à la décision qui ne dispense pas du recours aux professionnels de la dépollution.
Rédiger un commentaire
Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires
XÉtant un service public, nous ne faisons aucun usage commercial des données collectées lors de votre navigation. Nous utilisons les cookies ou technologies similaires pour accéder uniquement à des données personnelles non sensibles stockées sur votre terminal, que nous traitons afin de réaliser des statistiques, mesurer les performances du site, ou permettre des accès à des ressources externes.
Vous pouvez à tout moment revenir sur vos choix en utilisant le lien "Personnaliser". En savoir plusRefuserAccepterPersonnaliser
Politique de confidentialité & cookies
Gestion de vos préférences sur les cookies
Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation. Ces cookies sont classés en trois catégories : fonctionnel, statistiques et marketing.
Veuillez retrouver notre politique de gestions de données personnelles et de cookies : page "Informations sur les cookies" et page "Politique de confidentialité"
Ces cookies nous permettent de réaliser des statistiques de mesures d’audiences et de performances en analysant le volume et la source du trafic sur notre site. Ces cookies permettent également d’analyser de façon anonyme le comportement des visiteurs de notre site afin de mesurer et d'améliorer les performances de notre site et de nos campagnes en ligne.
Le recueil de votre consentement n’est pas requis, nous utilisons un logiciel d’analyse d’audience (Matomo) configuré selon les recommandations de la CNIL pour bénéficier de l’exemption de consentement.
https://www.cnil.fr/fr/cookies-et-autres-traceurs/regles/cookies-solutions-pour-les-outils-de-mesure-daudience
Cookie
Type
Durée
Description
_pk_id.*
13 mois
Ce cookie est installé par l'outil d'analyse Web Matomo.
Le cookie _pk_id est utilisé pour stocker des détails sur l'utilisateur tels que l'identifiant unique (ID).
Les cookies créés par Matomo commencent par : _pk_ref, _pk_cvar, _pk_id, _pk_ses.
Pour plus d'informations sur les cookies de Matomo : https://fr.matomo.org/faq/general/faq_146/
_pk_ses.*
30 minutes
Ce cookie est installé par l'outil d'analyse Web Matomo.
Ce cookie _pk_ses de courte durée est utilisé pour stocker temporairement les données de la visite.
Les cookies créés par Matomo commencent par : _pk_ref, _pk_cvar, _pk_id, _pk_ses.
Pour plus d'informations sur les cookies de Matomo : https://fr.matomo.org/faq/general/faq_146/
Les cookies fonctionnels aide à améliorer les performances de certaines fonctionnalités comme partager le contenu du site sur les réseaux sociaux, collecter des retour d'expérience, et autres fonctionnalités.
Cookie
Type
Durée
Description
bcookie
0
2 years
Ce cookie est installé par LinkedIn pour activer les fonctions de LinkedIn sur ce site.
cookielawinfo-checkbox-necessary
0
11 months
Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Les cookies sont utilisés pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie «Nécessaire».
cookielawinfo-checkbox-non-necessary
0
11 months
Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Les cookies sont utilisés pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie «Non nécessaire».
csrftoken
0
11 months
Ce cookie est associé à la plateforme de développement Web Django pour python. Utilisé pour aider à protéger le site Web contre les attaques de falsification de requêtes intersites
lidc
0
1 day
Ce cookie est défini par LinkedIn et utilisé pour le routage.
viewed_cookie_policy
0
11 months
Le cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent et est utilisé pour stocker si l'utilisateur a consenti ou non à l'utilisation de cookies. Il ne stocke aucune donnée personnelle.
Les cookies analytiques sont utilisés pour comprendre comment les visiteurs interagissent avec le site. Ces cookies génèrent des informations mesurables sur le nombre de visiteurs, le taux de rebond, la source du trafic etc.
Cookie
Type
Durée
Description
everest_g_v2
0
1 year
Le cookie est défini sous le domaine eversttech.net. Le but du cookie est de mapper les clics sur d'autres événements sur le site Web du client.
GPS
0
30 minutes
Ce cookie est défini par Youtube et enregistre un identifiant unique pour suivre les utilisateurs en fonction de leur emplacement géographique
mc
0
1 year
Ce cookie est associé à Quantserve pour suivre de manière anonyme comment un utilisateur interagit avec le site Web.
MR
0
1 week
Ce cookie est utilisé pour mesurer l'utilisation du site Web à des fins d'analyse.
VISITOR_INFO1_LIVE
1
5 months
Ce cookie est défini par Youtube. Utilisé pour suivre les informations des vidéos YouTube intégrées sur un site Web.
YSC
1
Ces cookies sont définis par Youtube et sont utilisés pour suivre les vues des vidéos intégrées.
Les cookies publicitaires sont utilisés pour procurer une expérience optimale aux visiteurs du site avec des publicités et des campagnes marketing pertinentes. Ces cookies traquent les visiteurs à travers les sites et collectent leurs informations pour générer des publicités personnalisées.
Cookie
Type
Durée
Description
ATN
1
2 years
Ce cookie est installé par atdmt.com et stockent des données sur le comportement de l'utilisateur sur plusieurs sites Web. Les données sont ensuite utilisées pour diffuser des publicités pertinentes aux utilisateurs du site Web.
bito
0
1 year
bitoIsSecure
0
1 year
bscookie
1
2 years
chkChromeAb67Sec
0
2 months
CMID
0
1 year
CMPRO
0
2 months
CMPS
0
2 months
CMST
0
1 day
cref
0
1 year
damd
0
1 year
dc
0
9 years
dmvk
0
dmxId
0
9 months
fr
1
2 months
Le cookie est installé par Facebook pour montrer des publicités pertinentes aux utilisateurs et mesurer et améliorer les publicités. Le cookie suit également le comportement de l'utilisateur sur le Web sur les sites dotés d'un pixel Facebook ou d'un plugin social Facebook.
GED_PLAYLIST_ACTIVITY
0
glassbox-session-id
0
30 minutes
IDE
1
2 years
Utilisé par Google DoubleClick, ce cookie stocke des informations sur la façon dont l'utilisateur utilise le site Web et toute autre publicité avant de visiter le site Web. Ceci est utilisé pour présenter aux utilisateurs des publicités qui les concernent en fonction du profil de l'utilisateur.
KADUSERCOOKIE
0
2 months
KTPCACOOKIE
0
1 day
lang
0
Ce cookie est utilisé pour stocker les préférences linguistiques d'un utilisateur afin de diffuser du contenu dans cette langue stockée lors de sa prochaine visite sur le site Web.
lissc
0
1 year
li_sugr
0
2 months
matchbidswitch
0
1 month
MUID
0
1 year
Utilisé par Microsoft comme identifiant unique. Le cookie est défini par des scripts Microsoft intégrés. Le but de ce cookie est de synchroniser l'ID sur de nombreux domaines Microsoft différents pour permettre le suivi des utilisateurs.
pardot
0
Le cookie est défini lorsque le visiteur est connecté en tant qu'utilisateur Pardot.
personalization_id
0
2 years
Ce cookie est utilisé par Twitter pour intégrer les fonctionnalités de partage de ce média social. Il stocke également des informations sur la manière dont l'utilisateur utilise le site Web pour le suivi et le ciblage.
PUBMDCID
0
2 months
Ce cookie est défini par pubmatic.com. Le cookie stocke un identifiant utilisé pour afficher des publicités sur le navigateur des utilisateurs.
ROUTEID
0
ss
1
9 years
SyncRTB3
0
2 months
TDCPM
0
1 year
Le cookie est défini par le service CloudFlare pour stocker un identifiant unique afin d'identifier un appareil d'utilisateurs qui reviennent, qui est ensuite utilisé pour la publicité ciblée.
TDID
0
1 year
Le cookie est défini par le service CloudFlare pour stocker un identifiant unique afin d'identifier un appareil d'utilisateurs qui reviennent, qui est ensuite utilisé pour la publicité ciblée.
test_cookie
0
11 months
ts
1
1 year
tuuid
0
9 years
Ce cookie est défini par .bidswitch.net. Les cookies stockent un identifiant unique dans le but de déterminer les publicités que les utilisateurs ont vues si vous avez visité l'un des sites Web des annonceurs. Les informations sont utilisées pour déterminer quand et à quelle fréquence les utilisateurs verront une certaine bannière.
u
0
2 months
UserMatchHistory
0
1 month
usprivacy
0
1 year
ut
0
9 years
v1st
0
1 year
viewer_token
0
1 month
wfivefivec
0
1 year
_fbp
0
2 months
Ce cookie est défini par Facebook pour diffuser des publicités lorsqu'ils sont sur Facebook ou sur une plate-forme numérique alimentée par la publicité Facebook après avoir visité ce site Web.
Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires