En chiffres

Appartient au dossier : Quoi de neuf sur la préhistoire ?

Intelligence artificielle et archéologie : plus de 65 publications en 2019

Les technologies de l’intelligence artificielle ouvrent de nouvelles perspectives pour notre connaissance de la préhistoire. Elles facilitent les découvertes et promettent de combler certains vides sur une période dont l’accès reste forcément lacunaire. Ce faisant, elles alimentent les réflexions contemporaines telles celles des invités au cycle « Dernières nouvelles de la préhistoire » qui se tient d’avril à juin 2021 à la Bpi.

Intelligence artificielle et archéologie : l'exemple du site archéologique du Roc-aux-Sorciers.
Exemple d’application de l’intelligence artificielle en archéologie : la voûte du Roc-aux-Sorciers (Vienne) pourrait être reconstituée grâce à une méthode de reconstruction automatique des objets. Photographie de Jochen Jahnke [CC BY-SA 3.0] sur Wikimedia Commons

Il est encore difficile d’imaginer l’ampleur de l’impact qu’auront l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage profond (ou deep learning) sur les divers champs du savoir humain. En archéologie, leurs développements sont encore timides, mais de plus en plus de recherches s’appuient sur ces technologies d’après la revue SN Computer Sciences (article en anglais). Ainsi constate-t-on une inflation spectaculaire du nombre de publications rendant compte des apports de l’intelligence artificielle en l’archéologie : en 2019, on en compte plus de 65, contre moins de 20 en 2014.

Analyse de l’image, deep learning et archéologie 

Grâce au deep learning, les outils de vision artificielle et de traitement automatique des données permettent d’automatiser des tâches répétitives. Ils facilitent, par exemple, le travail de classement, de comparaison, de tri et de réassemblage d’éclats de silex photographiés ou scannés en 3D. Ils permettent aussi de localiser des sites préhistoriques à partir d’images aériennes ou satellites.

L’apprentissage profond et l’analyse de l’image peuvent aussi aider à la reconstitution d’objets à partir de fragments. Marie-Morgane Paumard, doctorante de l’université Cergy-Paris, développe ainsi une méthode de reconstruction automatique d’objets . Elle l’applique, notamment, à un plafond sculpté sur le site préhistorique du Roc-aux-Sorciers (Vienne). Elle a obtenu le prix L’Oréal – Unesco jeunes talents France pour Les Femmes et la Science pour ses travaux.

Limites et nouvelles perspectives

Il y a toutefois des limites aux apports de l’IA à l’archéologie. Nicolas Priniotakis, enseignant-chercheur à l’université de Cergy-Paris, où il a créé la licence professionnelle « Patrimoine, visualisation et modélisation 3D », en relève au moins deux. D’abord, l’archéologie est une science du spécifique, du cas par cas pour laquelle l’automatisation n’est pas toujours pertinente. Ensuite, les mécanismes du deep learning sont par nature opaques. Or, en archéologie, le savoir se construit de façon déductive par empilements d’hypothèses que l’on doit pouvoir discuter, ce que ne permet pas le fonctionnement de l’intelligence artificielle.

Pour Nicolas Prioniotakis, c’est surtout de manière ponctuelle que l’intelligence artificielle peut être utile. Elle permet par exemple de tester et ainsi de valider ou de réfuter une hypothèse. Mais, en facilitant le jeu avec les données et les modélisations, l’IA peut aussi ouvrir de nouvelles hypothèses et tracer de nouveaux chemins de recherche.

Publié le 31/05/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

Pour aller plus loin

L’IA investit l’archéologie | Data Analytics Post, 2021

La recherche en archéologie met progressivement à profit l’intelligence artificielle, surtout les outils de vision artificielle et de traitement automatique des langues. L’IA pourrait aussi permettre d’explorer des voies de traverse et d’ouvrir de nouvelles hypothèses.

Has Magazine - Unesco
Has Magasine - Unesco

Big Data et archéologie | Has Magazine, 2020

L’avènement du Big Data a touché tous les domaines de la recherche. Françis Djindjian, archéologue, retrace l’utilisation de la technologie numérique en archéologie.

L'IA peut-elle penser ? Miracle ou mirage de l'intelligence artificielle

Krivine, Hubert
De Boeck supérieur, 2021,

L’auteur décrypte les promesses et les limites de l’intelligence artificielle. Il pose notamment la question du rôle des corrélations dans la genèse de l’intelligence, humaine comme artificielle, et leur pouvoir de prédiction. Or, même si cela suffit dans de nombreux cas, prédire n’est pas comprendre ni expliquer.

À la Bpi, niveau 3, 681.7 KRI

The Computerization of Archaeology: Survey on Artificial Intelligence Techniques │ SIN Computer Science, 2020

Cet article, en anglais, analyse les techniques d’intelligence artificielle appliquées au domaine de l’archéologie.

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet