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Appartient au dossier : Handicaps : vers une société inclusive ?

Internet pour toutes et tous

Internet fait partie de la vie personnelle et professionnelle de la population française. Assurer une égalité d’accès à tous·tes les citoyen·nes suppose de permettre aux personnes en situation de handicap de profiter pleinement des ressources et des services numériques. Balises vous explique en quoi consiste l’accessibilité numérique, en écho au cycle « Handicaps : une vie à part ? » organisé par la Bpi au printemps 2023.

Un homme utilisant un lecteur d'écran braille
Lecteur d’écran pour malvoyant, par Sigmund, sur Unsplash

L’accessibilité, pourquoi ? pour qui ?

L’accessibilité numérique est une nécessité économique, démocratique et humaine : rendre les technologies de l’information et de la communication accessibles à tous·tes, c’est s’assurer de l’inclusion des personnes handicapées — soit 4,3 millions de personnes en France, environ un·e adulte sur sept — en leur offrant les mêmes capacités d’accès que les personnes valides.

Visible comme les infirmités motrices, ou invisible comme la surdité ou les troubles cognitifs, chaque type de handicap nécessite la mise en place de dispositifs spécifiques. Les sites doivent par exemple permettre l’usage de technologies d’assistance telles que les synthèses vocales ou les réglettes braille, pour les personnes non ou malvoyantes. En outre, un site web accessible doit proposer des alternatives textuelles aux images, être navigable avec le clavier autant que la souris, et présenter des contrastes de couleurs facilement identifiables. Les vidéos doivent être sous-titrées pour celleux qui sont affecté·es par des troubles auditifs. Enfin, les textes, les polices de caractères et l’architecture du site sont étudiés pour les personnes dyslexiques ou porteuses d’un handicap psychique. 

In fine, un site accessible profite à tous les publics, handicapés ou non : il est aussi mieux structuré, plus performant, plus simple à utiliser par tout le monde, y compris en cas de fatigue passagère, trouble de l’attention, ou méconnaissance du numérique.

Comment rendre un site accessible ?

Certains dispositifs sont relativement simples à mettre en place : si l’accessibilité est prise en compte dès la création du site, les développeur·ses peuvent se référer au WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) qui fixe une série de normes internationales, signalant les bonnes manières d’organiser le codage informatique de son site. 

Le RGAA (Référentiel général d’accessibilité pour les administrations), valable pour tous les services publics français (dont les bibliothèques) propose également un ensemble de bonnes pratiques à mettre en place. L’article 47 de la loi handicap de 2005 et son décret d’application de 2019 rendent obligatoire la conformité au moins partielle au RGAA pour les administrations françaises — qui tardent encore à y parvenir.

Néanmoins, rendre un site entièrement accessible reste, pour partie, une opération complexe et coûteuse. À la dimension technique s’ajoute la nécessité de sensibiliser et de former les équipes, lorsqu’elles sont composées de personnes valides : les informaticien·nes comme les créateur·rices de contenus doivent changer leurs habitudes de travail, parfois en profondeur, et développer de nouvelles compétences. Certaines opérations, comme le sous-titrage des vidéos ou la mise en conformité rétrospective des ressources déjà en ligne, sont longues, surtout quand on dispose d’un site riche et fourni. Cela suppose de mobiliser l’ensemble du personnel.

Publié le 20/02/2023 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

RGAA (Référentiel général d'accessibilité pour les administrations) version 4 | accessibilite.numerique.gouv.fr

La version 4 du RGAA a été arrêtée conjointement par la ministre chargée des personnes handicapées et le ministre chargé du numérique le 20 septembre 2019. Le site accessibilite.numerique.gouv.fr qui l’héberge est développé selon les recommandations du référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) pour être accessible être accessible à tous·tes les usager·ères quel que soit le matériel ou le logiciel utilisé pour naviguer sur Internet. Ce site est totalement conforme.

Plaidoyer pour l'accessibilité numérique | Association Valentin Haüy (AVH), 8 décembre 2021

L’association Valentin Haüy formule douze propositions pour concrétiser l’obligation (édictée par la loi du 11 février 2005) de rendre accessibles les services de communication au public en ligne aux personnes en situation de handicap et de faire du « numérique responsable » une opportunité pour tous·tes.

État des lieux sur la connaissance des obligations légales en matière d'accessibilité numérique en France | aveuglesdefrance.org, 19 mai 2022

Une précédente enquête menée en 2014 révélait que seuls 3,7 % des sites (22 sites sur 602) avaient publié une attestation de conformité en bonne et due forme. En 2022, 14,6 % des sites publics sur les 985 testés ont produit une déclaration d’accessibilité, et les sites du secteur privé ne semblent pas connaître leurs obligations.

« Il reste donc beaucoup à faire au Web français pour permettre l’accessibilité numérique pour tous et en tout premier lieu, le respect de la loi. C’est aujourd’hui une condition essentielle pour l’accès à l’information, aux démarches administratives, à la formation, à l’emploi, aux loisirs, aux achats… c’est-à-dire pouvoir mener une vie de citoyens et d’acteurs pleine et entière dans la société du 21e siècle en France. »

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