Jean Rouch laisse derrière lui une œuvre immense : environ cent cinquante films interrogeant les limites entre réel et imaginaire, nés d’une approche renouvelée du travail de terrain et des pratiques de tournage. Nombres d’entre eux donnent à voir les coutumes et défis contemporains des sociétés africaines, traduisant chez ce réalisateur un intérêt majeur pour ce continent et une conception du cinéma comme art de la rencontre et du partage : Au pays des mages noirs (1947), Bataille sur le grand fleuve (1952) , Les Maîtres fous (1955) ou encore Moi, un Noir (1959). Jean Rouch est également l’un des fondateurs du cinéma-vérité, une approche qui trouve son incarnation dans le film Chronique d’un été co-réalisé avec Edgar Morin (1960).
Notre sélection
Gilles Remillet, Julie Savelli et Maxime Scheinfeigel (dir.)
Téraèdre, 2021
Cet ouvrage collectif revient sur l’œuvre plurielle de Jean Rouch qui, à travers ses différentes réalisations (films, photographies, écrits), a fait évoluer l’ethnocentrisme caractéristique de l’Occident tout en contribuant au dialogue et au décloisonnement des formes artistiques. Sont rassemblés ici des récits et études d’enseignants, experts et chercheurs en sciences humaines, mais aussi de cinéastes, artistes et archivistes. Ces contributions sont réparties en trois parties, offrant autant de points de vue sur l’œuvre de Jean Rouch : théorie et pratique des films, témoignages et héritage de son travail dans le paysage culturel français et international, et postérité et influence sur la création contemporaine et le devenir de l’ethnographie.
À la Bpi, niveau 3, 791.24 ROU
Paul Henley
Presses universitaires de Rennes, 2020
Cette monographie dresse un panorama de l’œuvre de Jean Rouch, de ses premières années de formation jusqu’à l’affirmation de sa pratique de cinéaste et ethnographe dans toute sa singularité. L’auteur revient ici sur le travail de réalisation et sur les influences revendiquées par Jean Rouch : des anthropologues et ethnologues comme Marcel Mauss, Marcel Griaule et Germaine Dieterlen, mais aussi des artistes surréalistes. D’abord paru en anglais en 2009, cet ouvrage très documenté constitue une référence sur l’œuvre de Jean Rouch, rappelant son rôle déterminant dans l’histoire de l’anthropologie française et les débuts du cinéma documentaire du 20ᵉ siècle.
À la Bpi, niveau 3, 791.24 ROU
Edgar Morin et Jean Rouch
Éditions de l'Aube, 2019
Cet ouvrage apporte un nouvel éclairage sur le film Chronique d’un été, réalisé en 1960 par Jean Rouch et Edgar Morin : il reprend le texte et les scènes coupées du film, complétés par un avant-propos inédit d’Edgar Morin et par des commentaires des deux réalisateurs sur le cinéma et la vérité. Le cinéaste et le sociologue ont en effet enquêté, au cours de l’été 1960, sur la vie quotidienne des Parisiens, interrogeant leur conception du bonheur, de l’amour, du travail, des loisirs, de la culture et du racisme, alors qu’en parallèle se ressentent les effets de la guerre d’Algérie et de la lutte pour l’indépendance du Congo. Avec ce film réalisé en son synchrone, Jean Rouch fait figure de pionnier du « cinéma direct ».
À la Bpi, niveau 3, 791.24 ROU
Béatrice de Pastre (dir.)
Bibliothèque nationale de France, Centre national de la cinématographie et Somogy, 2017
Ce catalogue d’une exposition organisée à la Bibliothèque nationale de France en 2017 présente les résultats d’un long travail de collecte, de restauration et de numérisation de la production filmique de Jean Rouch, initié en 1994 par le Centre national de la cinématographie (CNC) et le cinéaste lui-même. Mobilisant des photographies de jeunesse, bandes audio, rushes et films de travail, cette exposition et le catalogue associé permettent d’explorer plus en détail l’œuvre plurielle, les collaborations et les compagnonnages de Jean Rouch, à la fois cinéaste et ethnographe.
À la Bpi, niveau 3, 791.24 ROU
Jean Rouch
Institut national de l'audiovisuel et Cahiers du cinéma, 2009
Dans cet ensemble de textes réunis par Jean-Paul Colleyn, Jean Rouch revient sur son parcours, ses années de formation, son travail d’ingénieur, sa passion pour le cinéma et sa découverte du pays dogon, au Mali. Il évoque également ses activités d’anthropologue et la réalisation de ses films, questionnant les méthodes employées et le concept de « cinéma-vérité ».
À la Bpi, niveau 2, 39(091) ROU, et niveau 3, 791.24 ROU
Maxime Scheinfeigel
CNRS éditions, 2008
L’historienne du cinéma Maxime Scheinfeigel propose dans cette monographie un panorama complet et sensible de l’œuvre de Jean Rouch. Elle revient sur son parcours d’ancien ingénieur des Ponts et chaussées devenu cinéaste et anthropologue en Afrique, repéré par les milieux du cinéma d’avant-garde pour ses essais documentaires. Elle évoque également le travail cinématographique de Jean Rouch qui, naviguant entre fictions et documentaires, contribue à l’évolution esthétique et formelle du cinéma dans la seconde moitié du 20ᵉ siècle.
À la Bpi, niveau 3, 791.24 ROU
Pour aller plus loin
Intégrée au cycle « Regards critiques : Histoire du cinéma sous influence documentaire » organisé à la Bpi en 2008, cette séance revient sur le film Moi, un Noir réalisé par Jean Rouch en 1959. Sont évoqués les rencontres du cinéaste en Côte d’Ivoire, les moyens techniques employés sur le tournage, la dimension fictionnelle du cinéma documentaire, la place des acteurs, ou encore la charge politique de contraintes apparemment techniques.
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