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Appartient au dossier : Syrie, l’art sous les bombes

La musique dans la révolution syrienne

La musique et le chant tiennent une place prédominante dans la contestation syrienne, à la fois au coeur des conflits, sur internet et sur la scène internationale où les artistes chantent la douleur ou la révolte de leur peuple.

Dessin d'Ibrahim Qashoush
Qashoush, Sparrow of Freedom. Dessin par Wissam Al Jazairy (Source : page Facebook, « L’art et la liberté« )
Dessin d'Ibrahim Qashoush
Qashoush, Sparrow of Freedom. Dessin par Wissam Al Jazairy (Source : page Facebook, « L’art et la liberté »)

La musique participe au mouvement contestataire en tant que dispositif de sensibilisation et de mobilisation mais aussi en tant que support d’expression fournissant un regard original sur la situation du pays et les revendications de son peuple. Du rap à la musique traditionnelle ou populaire, en passant par le rock, c’est au travers d’une véritable diversité artistique que s’expriment ces artistes, souvent anonymes ou en exil. Nous vous proposons une petite revue du web de ces chants qui nous donnent à entendre la musique de la révolution.

Les chants de la révolution

 La musique est d’abord présente sur le front même des manifestations. Les chants y sont entonnés à des fins de mobilisation ou de protestation et des dispositifs de sonorisation installés à la sauvette permettent de diffuser, au coeur des rassemblements, la voix des artistes opposés au régime. L’un des plus emblématiques de ces chants est « Allez dégage Bashar », devenu l’hymne des manifestants syriens et que l’on peut entendre dans cette vidéo :

Un refrain que l’un des auteurs/interprètes de la chanson, Ibrahim Qachouch, a payé de sa vie : il a été retrouvé assassiné en juillet 2011, la gorge tranchée et les cordes vocales arrachées.

Le mouvement de contestation qui secoue la Syrie inspire les musiciens locaux qui utilisent la toile, souvent de manière anonyme, pour diffuser leurs oeuvres.
Dans sa chanson « Yumal », le groupe Syrian Bear se moque ainsi avec humour, jeux de mots et improvisations de la famille Assad, appelant à la libération du pays de leurs « crocs » :

Le groupe de rap syrien The Strong Heroes of Moscow illustre également, dans cette chanson satirique, la violence des forces de sécurité contre les opposants au régime :

Nous ne savons pratiquement rien des artistes à l’origine de ces chansons et vidéos qui fleurissent sur les sites communautaires et les réseaux sociaux, et qui sont souvent réalisées depuis l’étranger. L’exil et l’anonymat sont, en effet, les corollaires inévitables de l’impertinence de ces auteurs.

La musique comme arme de sensibilisation

Certains artistes renommés d’origine syrienne se sont également exprimés, dans leur musique, contre le régime des el-Assad et la répression sanglante qui s’abat sur ses opposants.
L’un des premiers à avoir chanté contre la répression qui s’est abattue sur les parents et leurs enfants à Dera’a, point de départ du mouvement de révolte en Syrie en mars 2011, est Samih Choukeir. Ce chanteur compositeur vivant à Paris, est très connu en Syrie et dans le monde arabe. Sa chanson « Ya Heif «  (« Oh honte »), reste emblématique de son engagement :

Le pianiste Malek Jandali, qui vit aux Etats-Unis, a lui aussi affiché son soutien au mouvement de contestation qui secoue la Syrie, notamment dans sa chanson « Watani Ana » (« Ma patrie »).

Dans la chanson intitulée « Ma Kaan », la soprano Dima Orsho rend hommage aux morts de la révolution syrienne.

Ces artistes participent régulièrement à des opérations de solidarité avec le peuple syrien, et contribuent ainsi à la sensibilisation à sa cause.

Publié le 05/08/2014 - CC BY-SA 4.0

Sélection de références

La Musique en colère

Christophe Traïni
SciencesPo. Les Presses, 2008

Le livre La Musique en colère,  analyse les propriétés qui font de la musique un puissant auxiliaire des mobilisations collectives. Au fil des chapitres, des leaders politiques utilisant des armes musicales croisent des artistes qui embrassent des causes militantes, à l’image de Béranger, Joan Baez, Zebda ou Bob Geldof.

A la Bpi, espace Musique, 780.1 TRA

Syrie mélomane : fais pleurer les pierres

Stéphanie Jollet
L'Harmattan, 2005

Récit d’un voyage en Syrie entrepris grâce à une bourse Zellidja, au cours duquel S. Jollet est partie à la découverte de la musique syrienne et bédouine. Elle présente la tradition musicale arabe, ses formes musicales, ses instruments, et fait le portrait des musiciens et luthiers qu’elle a rencontrés.

A la Bpi, niveau 3, 781(577) JOL

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