Le selfie chez les adolescents et les jeunes adultes
Véritable phénomène de société, le selfie plus qu’un effet de mode serait une manifestation des nouveaux processus de communication voire un outil identitaire ?
Le mot selfie (de l’anglais self, « soi ») serait apparu en 2002 en Australie sur le site de média ABC Online et en 2004 sur des sites comme Flickr ou Myspace, avant d’être théorisé, un an plus tard, par un certain Jim Krause, dans un manuel pratique de photographie. Le selfie, appelé aussi autophoto ou égoportrait, est un autoportrait numérique réalisé à l’aide d’un téléphone mobile et destiné à un accès partagé notamment via les réseaux sociaux.
Un peu d’histoire
L’autoportrait n’est pas un phénomène nouveau, nombre de peintres et photographes se sont prêtés à cet exercice. Depuis l’Egypte ancienne jusqu’à Rembrandt, Frida Khalo, Lucian Freud et Andy Warhol, le genre de l’autoportrait a traversé toutes les civilisations. D’ailleurs, l’autoportrait photographique connu comme étant le premier selfie d’adolescente a été réalisé par la grande Duchesse Anastasia Nikolaëvna en 1914. Ce qui est nouveau en revanche, c’est la massification de cette pratique. L’engouement se globalise subitement en 2010 avec le triomphe commercial de l’iPhone 4 et de sa petite caméra frontale qui nous permet de voir notre image pendant que nous sommes en train de nous prendre en photo. En 2013, les dictionnaires Oxford comptabilisent une augmentation de 17000 % des occurrences du mot selfie et l’élisent de ce fait mot de l’année. En France, le petit Robert l’intègre dans son édition 2015.
Les chiffres
Instagram compte plus de 60 millions de publications taguées « selfies » et plus de 170 millions avec le tag « me ». Cette explosion s’explique à la fois par l’essor des smartphones et des réseaux sociaux, et notamment ceux dédiés à la photographie, Pinterest, Instagram, et plus largement Facebook, qui comptent respectivement 70 millions, 130 millions et 1.15 milliards d’utilisateurs dans le monde à la fin 2013. En 2009 déjà, une étude réalisée en France par TNS Sofres indiquait que 90 % des jeunes de 12 à 17 ans possédaient un téléphone portable muni d’un appareil photo numérique; 86 % d’entre eux envoyaient des photos avec leur téléphone. En juin 2012, une enquête effectuée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) révélait que 80 % des adolescents fréquentaient un réseau social.
Selon une étude parallèle menée par Ipsos, parmi les 14-18 ans, neuf adolescents sur dix utilisent leur smartphone en guise de boîtier photographique, d’où une pratique exponentielle du selfie (62 %).
Face à ces chiffres, la question des contenus d’image se pose, car on pourrait penser que seul le sujet de l’image change. Or, il existe plusieurs variétés de selfies qui peuvent donner lieu à une véritable typologie.
Existe-t-il une typologie ?
Parmi la quantité impressionnante de photos prises, plusieurs catégories de selfies se dégagent. Déclinées à l’infini, elles donnent pourtant au final une impression d’homogénéisation de l’image, surtout lorsque les adolescents ou les jeunes adultes en sont les auteurs.
Le corps du photographe
Décoiffé, apprêté, éméché, déshabillé, voire très déshabillé, toutes les variantes existent. Une immense majorité de clichés expose des anonymes dans l’intimité. Sujets de la photo, ils en sont également les auteurs et peuvent de ce fait la contrôler, la retoucher, et l’embellir. Cela explique que la première vague des selfies ait été essentiellement des autoportraits soignés et codifiés : la tête penchée, le regard en biais et la bouche arrondie, esquissant un baiser, la fameuse « duck face » , ou « visage de canard ». Et puis les choses ont changé, notamment sous l’influence de mannequins vedettes comme Cara Delevingne, avec l’apparition des « uglies » (affreux en anglais), où l’on ne craint pas de se montrer mal coiffé et ridicule.
L’arrière-plan et les selfies de groupe
Pour qu’une photographie mobile entre dans la catégorie des selfies, il faut que son auteur apparaisse dessus. Mais l’important, ce n’est finalement pas lui, mais l’espace visuel qui l’entoure. Et quoi de mieux pour remplir cet espace qu’une ou plusieurs autres personnes ? Ce qui correspond parfaitement à l’aspect communautaire de l’exercice. Le selfie photobomb en est un exemple. C’est l’irruption d’un personnage sympathique ou provocateur dans le plan à l’insu de l’auteur. Et pour garantir le « buzz » mieux vaut être pris avec une célébrité, comme les deux jeunes australiennes qui découvrent en arrière-plan de leur photo prise lors des jeux du Commonwealth à Glasgow, la reine Elisabeth ! Certains selfies témoignent d’une réelle audace artistique, comme celui réalisé en apesanteur par l’astronaute japonais Aki Hoshide. D’autres choquent par leur mauvais goût, comme ce jeune, posant, pouce levé, à l’entrée du mémorial de la Shoah de Berlin. Et ils donnent même lieu à des collectes d’images d’un genre nouveau comme les « Tumblr Selfies at Funerals » qui renferment des autoportraits pris avant, et même pendant, les funérailles (selfiesatfunerals.tumblr.com). Barack Obama a été lui-même surpris en plein selfie de groupe avec David Cameron et la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt pendant l’enterrement de Nelson Mandela. Le «devine d’où je t’appelle» des débuts de la téléphonie mobile a laissé place à la preuve par l’image. A la plage, devant un monument, voire même en orbite autour de la Terre, les occasions ne manquent pas. Et il y a des endroits où il est devenu impératif d’être vu. La cérémonie des Oscars en est un. Le selfie pris par Bradley Cooper en 2014 entouré de célébrités a été « retwitté » 2 millions de fois, un record.
A qui s’adressent- ils ?
L’amoureux(se)
Le premier regard sollicité par les adolescents est celui du ou de la petit(e) ami(e) à qui ils envoient un « sexto ». Pourquoi envoyer des photos de son corps, plus ou moins dénudé ? Pour faire pétiller le désir, bien sûr, mais aussi flirter avec la transgression. C’est le besoin d’« extimité » : un concept établi par le psychanalyste Serge Tisseron pour désigner le désir universel d’exposer certains aspects de notre intimité, qui trouve avec la photographie numérique de nouveaux prolongements. Mais chez l’adolescent, la pratique du sexto prend encore un autre sens : celui d’un rite d’engagement.
La communauté restreinte
Le deuxième regard que les adolescents recherchent lorsqu’ils jouent avec les images sur Internet, c’est celui de la communauté restreinte – leurs amis, leurs proches, leur famille. Cette communauté se regroupe sur Facebook, le plus souvent; Un univers où règne le dialogue entre pairs (on échange surtout avec les copains de classe, même quand on a 5 000 « amis »), et où les images le disputent aux mots.
La communauté anonyme
Le dernier regard, enfin, qui peut être sollicité sur Internet par les adolescents, c’est celui de la communauté anonyme – les millions d’internautes qui naviguent sur le Web tous les jours. C’est, par exemple, celui d’Instagram ou de YouTube. « Je poste une photo, une vidéo en ligne : qui va la commenter ? Est-ce que je vois celui qui me regarde ? Est-ce que c’est important que je le voie ? Je m’en remets ici à un regard extérieur, au risque du commentaire et de la récupération », analyse le Québécois Jocelyn Lachance, socio-anthropologue à l’université de Pau (Pyrénées-Atlantiques) et spécialiste des pratiques numériques de la jeune génération. Il compare cette démarche aux « rites de passage », ces cérémonies organisées dans les sociétés traditionnelles pour symboliser le passage du statut de l’enfance à celui d’adulte.
Comment expliquer le phénomène ?
Narcissisme et Complexe de supériorité
Pour beaucoup d’observateurs, le phénomène est d’abord sociologique. Ainsi Time Magazine consacrait sa une de mai 2014 à cette «ME ME ME generation », en référence à la « génération moi » des baby-boomers. Nés entre 1980 et 2000, « Ces enfants du millénaire, narcissiques et paresseux, qui vivent toujours chez leurs parents… » seraient à la fois le produit de leurs grands-parents baby-boomers très permissifs, de leurs parents devenus surprotecteurs, et des nouvelles technologies. En préambule, l’hebdomadaire américain, citant une étude des National Institutes of Health, s’alarme des troubles de la personnalité narcissique trois fois plus élevés chez les jeunes de 20 ans que chez les plus de 65 ans.
Le Dr David Gourion, psychiatre et auteur avec le Pr Henri Lôo de l’ouvrage Le Meilleur de soi-même : empathie, attachement et personnalité (Ed. Odile Jacob), confirme: « La prévalence des traits de personnalité narcissique chez les adolescents progresse, observe-t-il. Certaines études évaluent entre 5 à 10 % le nombre des ados et jeunes adultes qui souffrent notamment d’un complexe de supériorité, sont en quête permanente d’admiration et auraient le sentiment que tout leur est dû ou que les autres doivent leur être soumis ». Paradoxalement, « ils ne se sentent jamais assez aimés ». « Dans un monde devenu complexe, chacun se sent obligé de multiplier les empreintes pour se sentir exister. Cette inflation narcissique, sans être tragique, impose le règne de ceux qui se considèrent les meilleurs. Au risque d’écraser les plus discrets et les plus fragiles », regrette le psychanalyste Gérard Bonnet, auteur de La Tyrannie du paraître (Eyrolles). Un signe : sur les lignes téléphoniques de Fil Santé Jeunes, un service d’écoute anonyme auquel le psychanalyste collabore régulièrement, les questions des adolescents portent désormais autant sur l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes que sur la sexualité.
Interconnexion avec les autres
Si le selfie favorise l’expression d’un certain narcissisme, il offre aussi à l’inverse une nouvelle forme de spontanéité. Les jeunes prennent aussi des poses peu avantageuses et manifestent ainsi leur capacité à rire d’eux-mêmes et à prendre de la distance. Certains spécialistes de l’adolescence préfèrent y voir un nouvel outil de construction identitaire. « Il ne s’agit pas seulement d’un autoportrait, rappelle Jocelyn Lachance, mais d’une photo de soi avec un arrière-plan : c’est donc une mise en relation avec le monde. Une mise en relation avec ma chambre, avec le moment festif que je suis en train de vivre, avec ce dîner familial durant lequel je m’ennuie… C’est une façon de fixer dans le présent non seulement une image mais une émotion. » Livré à son bricolage identitaire, le « selfise » qu’est l’adolescent tiendrait donc davantage du « Pygmalion de soi » – la formule est du psychiatre Philippe Gutton – que du Narcisse. Le selfie est aussi un moyen d’assumer tous nos états, tour à tour sérieux, drôles, tristes ou déchaînés. De nouveaux réseaux sociaux se sont créés uniquement pour amplifier cette tendance. « Le selfie est une façon de traduire l’instabilité de nos états et de se rassurer en l’inscrivant dans un lien avec les autres. Ce petit autoportrait nous permet d’investir leur espace sans invitation », explique Joëlle Menrath sociologue à qui La Fédération Française des Télécoms a confié la réalisation d’une enquête sur les usages numériques des adolescents (12-17 ans). De fait, quand on poste un selfie, on attend des commentaires, des likes, en bref, des retours. En résumé, « c’est une image connectée, qui se présente comme une proposition d’interaction, dans un contexte conversationnel. C’est donc un outil d’échange social » analyse André Gunthert, enseignant-chercheur en culture visuelle à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (Ehess).
Contre-pouvoir générationnel
Jocelyn Lachance dirige une longue enquête sur les pratiques numériques en 2011 et 2012 auprès de Français et de Québécois âgés de 18 à 24 ans. Il étudie les usages du numériques, les motivations profondes, les codes et les règles inventées par la génération appelée « digital natives ». « Pendant longtemps, dans l’histoire de la photographie, poursuit Jocelyn Lachance, ce furent d’abord les professionnels qui eurent le pouvoir de mettre en scène la famille et les enfants. Avec la démocratisation des appareils photo, ce fut ensuite au tour du père, puis de la mère, de faire leur propre mise en scène de la famille et de la parentalité. Si les adolescents , aujourd’hui, s’emparent massivement de la production d’images numériques, ce n’est pas seulement parce que la technique est disponible, mais parce que c’est une manière de produire une image de soi, de son groupe d’appartenance, de sa culture, qui n’est pas déterminée par les adultes. » Ce contre-pouvoir générationnel permet aux adolescents de choisir ce qu’ils ont envie, eux et personne d’autre, de montrer. « Lorsqu’on étudie l’usage du numérique par les adolescents , on se rend rapidement compte que ce qui apparaît sur les écrans, ce sont des questionnements liés au devenir adulte : la sexualité, la violence, la mort, autrement dit, les trois grands tabous de l’humanité », ajoute le socio-anthropologue.
Quels changements dans la manière de communiquer ?
Le Personal branding ou l’affirmation de soi sur le net
Le triomphe des selfies signe pour certains le culte du moi, pour d’autres, il est plutôt l’expression de l’instantanéité et du partage. Il peut même aider à renforcer positivement l’image de soi. Lorraine d’Huart, auteur de Dix Idées pour votre ado (Payot) partage ce positivisme à l’égard de la génération « ultraconnectée » : « Leurs parents sont accros au travail et à leur tablette. La société leur répète du matin au soir qu’il faut savoir se vendre. Pourquoi les jeunes ne seraient-ils pas en phase avec leur époque? […] En France, l’affirmation de soi est trop vite jugée comme une preuve d’arrogance. » Le personal branding ou marque personnelle est né de cette rencontre entre la réputation numérique et les techniques de communication pour créer un profil à la fois personnel, grâce au selfie notamment, et professionnel via les réseaux sociaux. « C’est devenu un véritable outil de com », confirme le sociologue Ronan Chastellier à propos du selfie.
Sphère privée et espace public
Le selfie crée une expérience inédite : être vu en train de se voir. L’anonyme devient son propre paparazzo.« Vous pouvez contrôler l’image que vous diffusez, ce qui peut être un sentiment libérateur », explique Pamela Rutledge, psychologue et directrice du Centre de recherche de psychologie média américain. Pour Pauline Escande-Gauquié, sémiologue et maître de conférence à l’université Paris Sorbonne CELSA, le phénomène est surtout révélateur du déplacement de la frontière entre vie publique et vie privée. « Se mettre en scène sur une photo, cela a toujours existé. Mais avant, il y avait une scission entre sphère familiale et publique beaucoup plus marquée. La sphère privée est désormais exposée à la vue de tous. »
Snapchat : l’image éphémère
En septembre 2011 l’application Snapchat permet d’envoyer des images fugitives, nommées « images fantômes » ou « images bombes » parce qu’elles ne restent visibles pour leur destinataire que pendant une durée programmée de 1 à 10 secondes. Certains médias ont évoqué 400 millions de photos ou de vidéos délivrées quotidiennement par Snapchat, un chiffre qui recouvrirait toutefois le nombre de vues par leurs destinataires et qui pourrait donc comptabiliser plusieurs fois le même message. La sociologue Joëlle Menrath a observé lors de son enquête, dans trois régions de France, auprès de jeunes de 12 à 17 ans, une utilisation moyenne de 50 à 80 snapchats par jour. Pour Nathan Jurgenson, le sociologue maison de Snapchat, le service est la destination naturelle pour des photos qui ne reviendront pas hanter les gens. « Une partie de l’attrait de Snapchat est qu’il apparaît comme un repère social pour quelque chose qui ne devrait pas être conservé », écrit-il sur le blog officiel de la société. « Les jeunes disent l’utiliser pour des choses un peu bêtes ou embarrassantes, mais qu’ils veulent quand même partager avec leurs amis ». Le succès de cette application montre, selon Danah Boyd, chercheuse chez Microsoft Research et professeure associée à l’université de New York, que les jeunes ont conscience des risques à poster des photos ou des vidéos d’eux sur les réseaux sociaux, qui pourront ressurgir des années plus tard. « Un monde où tout est permanent et stocké en ligne n’est pas confortable. Snapchat, ce n’est pas qu’une question d’intimité : pour les ados, c’est une manière de contrôler encore plus ce qu’ils envoient. Avec cette application, ils se concentrent sur le présent : leurs blagues et messages qu’ils s’envoient sont faites pour un instant T, pas pour l’avenir. Quand à l’envoi de photo dénudé, c’est minime. Et, ce sont souvent des adultes qui s’y sont fait prendre… » M. Jurgenson relève que le fait que les messages soient éphémères peut aussi pousser les gens à leur accorder davantage d’attention: « Quand on doit regarder vite, on regarde bien », affirme-t-il.
S’exprimer par l’image
Le sociologue de Snapchat dit s’attendre à ce que la fusion de l’image et du texte devienne la norme dans les échanges de messages. À 85 %, les Français disent qu’il est ainsi plus facile de communiquer avec un proche uniquement avec des photos. Nous assistons à un essor du langage sans phrase ni mot, une curiosité qui va à l’inverse de tout le verbiage que l’on voit sur les réseaux sociaux. Pour conclure, le sociologue Ronan Chastellier note « Chez certains jeunes, il n’y a d’ailleurs que la photo pour maintenir un lien social. Des images qui circulent de plus en plus dans une économie de langage et de mots. »
Sources : consultables en ligne sur la base Europresse, à la Bpi, niveau 2, espace Presse
« Les ados se découvrent par l’image », Vincent, Catherine dans Le Monde.fr, 22 mai 2014 « 6 clés pour comprendre comment vivent les ados sur les réseaux sociaux », Alexandre Lechenet et Michaël SzadkowskiI, Le Monde, 10 mars 2014 « Le roman photo des français », Sylvain Cottin, Sud-Ouest (web), 27 juillet 2014 « Le blues de l’enfant idolâtré », Pascale Senk, Le Figaro, 28 janvier 2014 « États-Unis : Snapchat a fait son trou avec ses messages éphémères », Glen Chapman, AFP Doc, 28 novembre 2013 « Le « selfie » ou le moi jeu », Géraldine Catalano, L’express, n°3253, 6 novembre 2013 « Chercher le désir de l’autre », Marie L’Hermet, Le Télégramme (Bretagne), 8 juillet 2014 « Selfie ou le bon narcissisme », Marie L’Hermet, Le Télégramme (Bretagne), 8 juillet 2014 « Phénomène selfie : tu veux ma photo ? », Elsa Grenouillet, La voix du Nord, 25 janvier 2014
Danah Boyd chercheuse chez Microsoft Research et professeure associée à l’Université de New York propose son ouvrage sur son site
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