Sélection

Appartient au dossier : Lectures d’été 2024 : en couleurs !

Lectures d’été 2024 – Récits pour se mettre au vert

L’été est propice à l’immersion dans la nature. Balises et Tu vas voir ce que tu vas lire vous proposent une sélection de cinq récits qui vous feront voyager au cœur de la forêt, dans les Pyrénées, dans la vallée de San Luis dans le Colorado ou encore dans le Finistère.

un livre posé ouvert sur un lit en fer, installé dans la verdure comme dans une chambre
Photomontage réalisé par Karine Hulin, Bpi, à partir d’une photo de Mariam Antadze, Pexels [CC0]

Retrouvez toute l’année d’autres chroniques littéraires sur les comptes Facebook et Instagram de Tu vas voir ce que tu vas lire, animés par le service littérature de la Bpi.

Publié le 29/07/2024 - CC BY-SA 4.0

Notre sélection

Et vous passerez comme des vents fous

Clara Arnaud
Actes sud, 2023

Suivez Jules, Alma et Gaspard dans la forêt à la rencontre des ours et de la montagne.

Au 19e siècle, Jules vole un bébé à une ourse dans les Pyrénées et devient montreur d’ours. Il traverse alors l’océan Atlantique pour vivre son rêve américain. Un siècle plus tard, l’autrice nous emmène à la rencontre d’Alma, éthologue, qui suit les mouvements d’ours dans la forêt. Si elle les trouve majestueux, les bergers du coin, à la veille de la transhumance, les considèrent plutôt comme féroces. Parmi eux, Gaspard, berger employé, encore marqué par sa dernière saison, se bat contre ses peurs tout en souhaitant malgré tout mener à bien son travail de guide et de soigneur.

Clara Arnaud nous propose un roman plein de poésie, qui analyse les liens entre l’homme et l’animal dans un environnement où ils sont intrinsèquement liés : la forêt. Les descriptions des lieux sont immersives et le rythme des actions est entraînant. Consciente des problématiques économiques et politiques de la présence des ours et autres prédateurs, Clara Arnaud nous fait entrevoir le fonctionnement des structures qui régulent la population des forêts. L’alternance de points de vue et les sauts dans le temps nous permettent de comprendre peu à peu les liens entre les personnages. Un second roman touchant, qui ne vous laissera pas indifférent à la cause animale.

Retrouvez la chronique de Tu vas voir ce que tu vas lire sur Instagram

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ ARNA 4 ET

Les Filles du chasseur d'ours

Anneli Jordahl
Éditions de l'Observatoire, 2024

Sept filles grandissent dans une ferme au fond de la forêt finlandaise, loin de tout contact avec la ville et la civilisation. Elles sont élevées par un père grand chasseur d’ours, qui veut faire d’elles des guerrières intrépides et sauvages, et par une mère qu’elles méprisent. À la mort des parents, les sœurs, qui n’ont jamais été à l’école, vont devoir apprendre à se débrouiller seules. Elles tentent alors de suivre les traces du père adoré en s’aventurant encore plus loin dans la forêt profonde et glacée…

Anneli Jordhal nous convie à un voyage tumultueux et plein de fougue en compagnie de ces héroïnes de conte indomptables. Elles fascinent autant qu’elles effraient les villageois·es qui les aperçoivent parfois à la foire où elles viennent vendre peaux de bêtes et viande séchée. Sept sœurs très différentes (une cheffe de bande, une artiste, une mystique, une fan de moteurs, une conteuse….), qui passent une bonne partie de leur temps à s’insulter et à boire sans mesure, mais aussi à danser et à s’ébrouer dans la nature sauvage, comme une meute de jeunes louveteaux. L’écriture capte parfaitement l’élan vital qui irrigue ce récit, sa violence et sa cruauté, sans jugement, mais avec une certaine empathie pour ces héroïnes hors du commun, ivres de liberté.

Retrouvez la chronique de Tu vas voir ce que tu vas lire sur Instagram

À la Bpi, niveau 3, 839.7 JORD 4 BJ

 

Là où la terre ne vaut rien

Ted Conover
Édition du sous-sol, 2024

Ted Conover est un spécialiste du journalisme littéraire en immersion. Il est parti vivre pendant quatre ans dans la vallée de San Luis, dans le Colorado, pour partager au plus près le quotidien de ses habitant·es et maîtriser son sujet. Les vastes terrains de cette immense vallée offrent la possibilité à des Américain·es qui ont choisi de vivre à l’écart de la société d’accéder à la propriété, avec des parcelles de cinq hectares à cinq mille dollars.

Ces grands espaces aux paysages majestueux évoquent à la fois un Far West retrouvé, vertueux car dépeuplé, pur car débranché, et un retour à la nature inspiré du mouvement hippie des années 1960. Mais la réalité est plus complexe. Ted Conover nous dévoile une population diverse et paradoxale, composée de laissé·es pour compte, de déçu·es du système à l’attitude ambivalente, dans la défiance vis-à-vis du gouvernement, mais vivant de ses subventions. Il décrit une population à la fois accueillante et hostile à toute intrusion dans son espace personnel, qui souffre de la misère inhérente à ce lieu, mais en apprécie la beauté des paysages.

Retrouvez la chronique de Tu vas voir ce que tu vas lire sur Instagram

À la Bpi, niveau 3, 079.3 CON

 

Charrue tordue

Itamar Vieira Junior
Zulma, 2023

Deux sœurs, Bibiana et Belonísia, et un couteau : le début d’une vie que nous suivons depuis le moment où la seconde se coupe accidentellement la langue. Un conflit les oppose, chacune à leur manière, au propriétaire de la fazenda (exploitation agricole) où elles logent et travaillent. Nous plongeons dans le Nordeste brésilien, où la terre n’appartient qu’à quelques-un·es et où les travailleurs et travailleuses n’ont droit qu’à un statut de « résident·e » gagné à la sueur de leur front. Ces peuples issus de la violence de la colonisation, de l’esclavage et des conflits miniers ont pourtant des vies fortes et lumineuses, grâce au culte dû à une pratique religieuse ancestrale venue d’Afrique, le « jarê ».

Cette part de magie irrigue tout le texte et contribue à la beauté de la langue d’Itamar Vieira Junior. Les images de la terre, de la forêt et de l’eau sont particulièrement puissantes, comme d’ailleurs le lien de Belonísia à ces éléments. Mais cette histoire est aussi celle des changements sociaux réclamés par la nouvelle génération à travers la lutte syndicale de Bibiana. Les deux sœurs se rejoignent néanmoins sur l’importance d’être conscient·e de son histoire, pour garder sa dignité et continuer d’agir sur le monde.

Retrouvez la chronique de Tu vas voir ce que tu vas lire sur Instagram

À la Bpi, niveau 3, 869.82 VIEI 4 TO

La Forêt barbelée

Gabrielle Filteau-Chiba
Le Castor astral, 2024

Après avoir été traductrice à Montréal, Gabrielle Filteau-Chiba a gagné la forêt pour y vivre quelques années. De cette expérience qui a fait d’elle une autrice (lire Encabanée), elle extrait aujourd’hui un nouveau souvenir : ce recueil de poèmes dont l’ordre est pensé par saison plutôt que par année. La poétesse traverse le temps dans sa cabane forestière située dans le Bas-Saint-Laurent. D’abord seule, elle apprivoise les cris des coyotes et les fantômes qui s’immiscent dans la cabane, quand la nuit tombe. En dehors de l’hiver où seule la survie compte, les rendez-vous sont permanents avec les animaux, les plantes médicinales, le cycle lunaire. Puis la solitude s’éloigne, un homme rejoint sa vie. Tous deux embrassent un nouveau monde lorsque leur fille naît, en plein été.

La Forêt barbelée est une symphonie qui célèbre le retour à l’essentiel, la puissance et la grandeur de la vie sauvage. Gabrielle Filteau-Chiba emploie sa vie à respecter et protéger les grands espaces et partage ici l’ampleur de sa tâche et la joie profonde qu’elle ressent à planter un nouvel arbre dans sa forêt. Ce recueil nous rappelle l’urgence de fêter la nature et de lui redonner toute la place qu’elle mérite.

« il y a dans ma cabane
comme dans la Nature
des choses fragiles
et qui pourtant
ne rompent
jamais »

Retrouvez la chronique de Tu vas voir ce que tu vas lire sur Instagram

À la Bpi, niveau 3, 843 FILT 4 FO

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet