Les BATX

BATX contre GAFAM

Les géants du numérique, Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, sont des entreprises privées, baptisées les BATX d’après leurs initiales, qui ne sont pas loin d’atteindre la réussite des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). En juillet 2020, la cotation boursière de Tencent dépasse même celle de son concurrent américain Facebook. Hormis Tencent, les BATX ne pèsent pas encore aussi lourd sur les marchés financiers que les GAFAM. Mais la croissance de ces entreprises est rapide. Elles se diversifient et supplantent même les sociétés américaines dans des domaines aussi stratégiques que la finance, la santé ou la voiture autonome. 

Les BATX, championnes en Chine

La Chine s’est lancée dès le tournant des années deux-mille dans un programme ambitieux d’infrastructures qui a permis de multiplier rapidement le nombre d’internautes et depuis 2009, elle compte le plus grand nombre de citoyens connectés à internet dans le monde. En juillet 2015, la Chine annonce son plan « Internet plus » pour accélérer la modernisation de l’économie chinoise. Plus d’un milliard de Chinois surfent aujourd’hui sur le net. Ce volontarisme politique, associé à un protectionnisme économique, a mis les acteurs chinois à l’abri de la concurrence étrangère et permis le développement d’un marché national du numérique. 

Pour le pouvoir chinois, les BATX sont un levier de puissance, mais leur croissance est surveillée de près. Si le gouvernement voit d’un bon œil la force des BATX, il ne souhaite pas pour autant que quelques géants entravent le déploiement d’autres acteurs numériques, dont les entreprises d’État, par une position de monopole. Il ne souhaite pas non plus que ces entreprises fassent de l’ombre au pouvoir politique ou qu’elles servent leurs propres intérêts au détriment des objectifs nationaux.

Les BATX dans le monde

En Europe et en Amérique, les GAFAM ont déjà séduit de très nombreux utilisateurs qui hésitent encore à se tourner vers les BATX. La puissance des GAFAM et des BATX, ainsi que leur appétit pour les données personnelles, inquiètent les États dans lesquels ils s’implantent où il n’y a guère de concurrence à opposer à ces deux groupes de champions. Mais la défiance envers les BATX est d’autant plus vive que ces entreprises bénéficient de soutiens et de subventions émanant du pouvoir politique chinois. Pour contrer les géants du numérique, en octobre 2020, l’Union européenne applique son mécanisme de contrôle des investissements étrangers et brandit le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Plus spécifiquement, l’Inde et l’Australie adoptent des mesures limitant les investissements chinois et Huawei est banni des marchés pour l’installation de la 5G dans de nombreux pays. 

Pour ne pas se heurter frontalement à la concurrence des GAFAM, les BATX s’étendent d’abord dans les pays où leurs concurrents américains sont moins bien implantés : en Asie et dans les pays en développement. Les BATX s’implantent souvent discrètement. Plutôt que de s’adresser directement aux utilisateurs finaux, les BATX nouent des partenariats avec des entreprises locales, entrent dans le capital des sociétés qui ont des intérêts proches des leurs. Ainsi, elles peuvent progressivement déployer leurs services et se rendre incontournables. Les consommateurs ignorent parfois qu’ils ont recours à l’une de ces sociétés chinoises. Ainsi Alibaba développe ses activités sous le label BigBasket en Inde ou Tokopedia en Indonésie. 

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