Une étude de 2015, réalisée par Anders Andrea et Tomas Edler, de Huawei Technologies à Stockholm, fait référence. Elle estimait la consommation des data centers à 2 % de l’électricité mondiale en 2013 et prévoyait d’atteindre les 13 % en 2030 soit la puissance de 1130 réacteurs nucléaires pendant un an. Le secteur numérique, dans sa totalité, capterait 51 % de l’électricité mondiale en 2030.
Mesure de la consommation d’énergie
L’association française The Shift Project a revu ces chiffres à la baisse en s’appuyant sur les données de 2017 (les data centers représentaient alors 3 % de la consommation énergétique mondiale). Elle estime que la consommation énergétique du secteur numérique dans le monde augmente d’environ 8,5 % par an quand le pire scénario de l’étude 2015 prévoyait une croissance de 10 %. À ce rythme, la consommation des data centers pourrait atteindre les 5 % de la consommation énergétique mondiale et le secteur numérique 25 % en 2025 selon leurs calculs. L’association ne fait pas de projection pour 2030 mais s’inquiète de la progression des usages numériques, loin d’être compensée par l’efficience énergétique.
L’Ademe, l’agence de la transition écologique en France, publie en janvier 2019 un rapport sur l’impact spatial et énergétique des data centers dans laquelle elle reprend ces chiffres. Elle mentionne également les discours techno-solutionnistes qui prétendent que ces chiffres ne prennent pas en compte les économies d’énergie générées par les technologies numériques. L’Internet des objets et les smart grids permettraient d’optimiser la distribution d’énergie en fonction des besoins réels pour éviter de nouvelles structures de production d’énergie.
En attendant, les constructions de data centers se poursuivent : Microsoft a annoncé en avril 2021 sa volonté de construire une centaine de centres de données par an.
Émissions de CO2
Le secteur du numérique serait également responsable de près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, toujours selon The Shift Project. Un rapport de Green Peace et de l’Université North China Electric Power de 2018, constate que les data centers chinois sont construits dans des territoires où les énergies renouvelables sont peu présentes. 73 % de leur consommation provient de centrales à charbon, ce qui représenterait 99 millions de tonnes d’émissions de CO2. Le développement des data centers pourrait compromettre le plan « Zéro émission nette » à l’horizon 2060 du gouvernement chinois.
Mutualisation, efficience et sobriété numérique
Le rapport de l’Ademe sur l’impact des data centers réclame des études supplémentaires et déplore que les autorités publiques ne soient pas investies dans les infrastructures numériques comme dans les autres types d’infrastructures : électriques, ferroviaires, hydrauliques, routières… En conclusion de son rapport, l’Ademe formule dix-sept recommandations qui concernent la gouvernance, l’aménagement des territoires et la gestion de l’énergie. Le secteur public est positionné comme un acteur incontournable sur le sujet et l’agence place la sobriété en première place de ses recommandations sur l’énergie. Elle plaide, entre autres, pour une meilleure intégration des data centers « dans des systèmes locaux via des mutualisations, des échanges, des connexions et moins de redondance infrastructurelle », ce qui suppose des ententes entre les acteurs du numérique. Elle préconise également de concevoir des projets de récupération de la chaleur pour tout nouveau centre.
Pour aller plus loin
Projet ENERNUM, rapport et synthèse
Si globalement, les innovations technologiques de ces dernières décennies ont permis de gagner en efficience énergétique, force est de constater que la demande en énergie globale, elle, ne diminue pas : elle stagne ou grimpe lentement. La raison porte le nom d’effet rebond, ou encore paradoxe de Jevons, un principe bien connu dans le monde des énergies.
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