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Numérique : comment rester sobre ?

Immatériel, le numérique ? Bien au contraire. Les smartphones, ordinateurs et tablettes, qui sont omniprésents dans notre quotidien, nécessitent de nombreuses ressources matérielles ou énergétiques. Depuis leur fabrication jusqu’à leur destruction, ils génèrent une pollution conséquente.
À l’occasion de la masterclasse « Vivre durable » qui se tiendra en septembre à la Bpi, Balises fait le point sur les enjeux de la sobriété numérique.

FABRICATION

Les terminaux numériques (ordinateurs, smartphones, tablettes, etc.) nécessitent pour leur fabrication une grande diversité de matériaux, tels que plastiques, fer, cuivre, zinc, étain, aluminium, plomb, silice. 

En outre de nombreuses terres rares sont utilisées pour la fabrication des puces et des composants électroniques : tantale, lutécium, hafnium, praséodyme. Entre 40 et 60 métaux différents entrent ainsi dans la fabrication d’un terminal. L’exploitation de ces métaux nécessite d’extraire des tonnes de roches et terres, qu’il faut ensuite raffiner et  transformer. Cela passe par une industrie lourde et polluante qui implique la destruction d’écosystèmes et de multiples dégradations de l’eau et des sols. 

S’ajoute à cela le transport des différents matériaux vers les lieux d’assemblage (essentiellement en Asie), puis la distribution pour la mise en vente partout dans le monde. Un smartphone fait ainsi l’équivalent de quatre tours du monde avant d’être utilisé. 

La fabrication d’un ordinateur représente par exemple 470 kg d’équivalent CO2. Sachant qu’en 2019, plus de 34 milliards de terminaux sont utilisés dans le monde, on comprend l’ampleur de l’impact écologique du numérique, au moment même de sa fabrication.

Sobriété numérique

  • Faire durer ses appareils plus longtemps ;
  • Entretenir et protéger ses appareils ;
  • À l’achat, préférer les appareils d’occasion ou reconditionnés.

CONSOMMATION

Les usages les plus courants du numérique génèrent des émissions de gaz à effet de serre :

  • Selon Françoise Berthoud, informaticienne au CNRS, un email d’1 mégaoctet (1 Mo) équivaut à l’utilisation d’une ampoule de 60 watts pendant 25 minutes, soit l’équivalent de 20 grammes de CO2 émis ;
  • En France, les recherches sur internet (en moyenne 950 par internaute et par an) produisent 300 000 tonnes d’équivalent CO2 par an ;
  • Le visionnage de vidéos en ligne, qui représente 80 % de la bande passante d’internet, a généré en 2018 dans le monde plus de 300 mégatonnes de CO2

Le CNRS estimait en 2018 que l’ensemble des technologies numériques représentaient 10 % de la consommation électrique mondiale – en augmentation de 5 à 7 % par an. 30 % de cette électricité est utilisée par les terminaux, 30 % par les data centers et 40 % par les infrastructures des réseaux. Cela correspond à 3 % du total des émissions de gaz à effet de serre (l’équivalent du secteur aérien).

Sobriété numérique

  • Utiliser l’historique et les favoris pour limiter ses requêtes ;
  • Réduire la résolution des vidéos visionnées ;
  • Limiter le poids des emails ;
  • Nettoyer régulièrement sa boîte mail.

RECYCLAGE

Les terminaux ont une durée moyenne d’utilisation de quelques années : environ 2 ans pour les smartphones, 3 ans pour les ordinateurs portables et 5 ans pour les ordinateurs de bureau. 

Cette courte durée de vie vient pour partie de l’utilisation (mémoire saturée, usure des composants, virus, etc.) et pour partie d’une forme d’obsolescence programmée : les mises à jour du système d’exploitation et des logiciels nécessitent des modèles récents, avec une puissance optimisée. 

Le recyclage permet de récupérer une partie des composants ou des métaux qui pourront être réutilisés pour fabriquer de nouveaux terminaux. Les appareils non recyclés sont jetés dans des décharges publiques ou, pour partie, acheminés dans des pays où l’on est moins regardant sur la pollution. Car les matériaux non recyclés peuvent être toxiques s’ils sont remis sans précautions dans l’environnement : le plomb ou l’aluminium qu’ils contiennent peuvent participer à la pollution de l’eau et des sols.

L’informatique génère une quantité importante de déchets : les DEEE (pour déchets d’équipements électriques et informatiques) représentent au niveau mondial, en 2019 plus de 50 millions de tonnes. Or moins de 20 % de ces déchets sont recyclés dans le monde (environ 35 % en Europe).

Selon l’UIT (l’Union internationale des télécommunications), les matériaux (dont des métaux rares ou précieux) jetés dans des décharges publiques représentent une perte de 57 milliards de dollars.

Sobriété numérique

  • Réparer au lieu de remplacer ;
  • Recycler ces appareils : les revendeurs en informatique et en téléphonie reprennent tous les appareils, y compris ceux qui sont périmés.

Publié le 13/09/2021 - CC BY-SA 4.0

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Green IT

Créée en 2004, GreenIT.fr est la communauté des acteurs du numérique responsable qui s’intéressent, entre autres, à la sobriété numérique, à l’écoconception des services numériques, à la lowtech, et plus globalement à un avenir numérique alternatif.

« Pour une sobriété numérique » : le nouveau rapport du Shift publié │The Shift Project, 2018

L’impact environnemental direct du numérique explose avec la transition numérique actuelle. Que faire ? The Shift Project publie un nouveau rapport. Il propose un principe de « sobriété numérique » pour réduire l’impact tout en maximisant les effets nets des leviers numériques en matière de transition énergétique.

La face cachée du numérique | ADEME - Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie

Que cache le numérique, devenu indispensable et évident à l’usage, mais dont le fonctionnement reste souvent obscur ? Ce qui est certain, c’est que ses impacts environnementaux sont bien réels ! Ce secteur est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici à 2025.

Sobriété numérique : les clés pour agir

Frédéric Bordage
Buchet-Chastel, 2019

L’univers numérique grossit à toute vitesse, de même que son impact environnemental et ses implications pour le futur de l’humanité. Face à la crise écologique, le numérique peut-il devenir sobre et responsable ?

À la Bpi, niveau 3, 681 BOR

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