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Appartient au dossier : Les premiers aventuriers du cinéma

Les premiers aventuriers du cinéma #4 : Gabriel Veyre

Dès 1896, Gabriel Veyre (1871-1936) rejoint l’entreprise des frères Lumière. Il s’agit pour lui de rapporter du monde entier des vues animées qui documentent des pays variés, en filmant les événements officiels comme la vie quotidienne. Balises revient sur son itinéraire à l’occasion du cycle « À l’aventure ! » organisé par la Cinémathèque du documentaire à la Bpi au printemps 2022.

Deux danseuses japonnaises filmées par Gabriel Veyre
Gabriel Veyre, Danse Japonaise. II. Harousamé, 1898

À 25 ans, diplômé de pharmacie mais sans ressources pour ouvrir une boutique, Gabriel Veyre se laisse séduire par une proposition des frères Lumière. Ceux-ci embauchent des opérateurs pour filmer des images autour du monde. Gabriel Veyre dispose des compétences requises : des connaissances en chimie et en électricité, et une insatiable curiosité. 

Fin 1895 a lieu la première projection cinématographique ; six mois plus tard, après une courte formation, Gabriel Veyre s’embarque pour les États-Unis. Ce premier voyage (1896-1897) le conduit au Mexique, au Panama, en Colombie et au Venezuela. Un second voyage (1898-1900) le mène au Japon, où, fasciné par les danses et le théâtre kabuki sous l’ère Meiji, il séjourne quatre mois. Il se rend ensuite en Chine, au Viet-Nam et au Cambodge, en organisant, en marge de ses tournages, des projections pour faire découvrir le cinéma dans les pays traversés. Il aura ainsi passé quatre années sur les routes, et tiré de ses explorations soixante-dix-sept films d’environ une minute chacun (seuls soixante-douze ont été retrouvés). Outre ses films, une correspondance très suivie avec sa mère permet de suivre précisément ses voyages et de connaître le contexte de ses tournages.

Projetés dans le cadre de l’exposition universelle de Paris en 1900, les films de Gabriel Veyre ne rencontrent pourtant pas le succès escompté. Déjouant l’exotisme facile et critiquant parfois implicitement la colonisation, ses séquences paraissent au public trop réalistes, parfois violentes (L’Exécution d’Antonio Navarro, Duel au pistolet), et contrastent avec un cinéma envisagé alors comme une source de magie et de rêverie.

Il quitte finalement l’entreprise Lumière en 1901 pour rejoindre la cour du sultan du Maroc Abd El Aziz, dont il devient jusqu’en 1907 le photographe et cinéaste attitré. Toujours au fait des techniques modernes, il expérimente l’image en relief avec la stéréoscopie ou la couleur avec l’autochrome. S’il s’investit dans la seconde partie de sa vie, toujours au Maroc, dans de nouvelles entreprises industrielles ou commerciales, Gabriel Veyre n’en poursuit pas moins son observation du monde, documentant le Maroc par de nombreuses photographies, avant de tourner un dernier film en 1934-1935, un an avant sa mort. 

Publié le 25/04/2022 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Gabriel Veyre, opérateur lumière

Philippe Jacquier et Marion Pranal
Actes Sud, Institut Lumière, 1996

Opérateur pour les frères Lumière, Gabriel Veyre a parcouru la planète, caméra sur l’épaule. Il raconte à sa mère, dans ses lettres, ses émerveillements face au monde qu’il traverse et filme. Ces lettres publiées pour la première fois, permettent de suivre, presque jour par jour, un des premiers aventuriers des temps modernes, et de découvrir les coulisses de la naissance du cinéma.

Le Maroc de Gabriel Veyre : 1901-1936

Philippe Jacquier, Marion Jacquier et Farid Abdelouahab
Kubik, 2005

Gabriel Veyre, un des premiers chefs opérateurs des frères Lumière, devient, en 1901, le photographe officiel du sultan du Maroc. Témoin privilégié de la vie du monarque et correspondant de L’Illustration, il propose à travers ses nombreux clichés un regard sur les villes et les scènes de la vie quotidienne jusqu’en 1936.

À la Bpi, niveau 3, 77.4(6) JAC

 

Opérateur : Gabriel Veyre | Catalogue-Lumière.com

Gabriel Antoine Veyre est un réalisateur-opérateur Lumière et photographe français, né à Septème le 1er février 1871 et décédé à Casablanca le 13 janvier 1936.

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