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Les semi-conducteurs, enjeu technologique et commercial chinois

L’objectif de la Chine, affiché dans le plan « Made in China 2025 », est de devenir un leader mondial dans le domaine technologique. Pour y parvenir, le pays cherche à produire plus de semi-conducteurs, ces composés chimiques indispensables aux nouvelles technologies, suscitant la défiance des autres pays producteurs. La rencontre « 5G, semi-conducteurs, satellites : la diplomatie technologique de la Chine », organisée en décembre 2021 à la Bpi, traite des enjeux géostratégiques autour de ces technologies.

« Depuis les années soixante, la Chine développe sa production de semi-conducteurs », explique Mathieu Duchâtel, directeur du programme Asie de l’Institut Montaigne. Cette technologie est employée en informatique dans les processeurs et les puces mémoires mais également dans les industries automobile et militaire. Le marché mondial représente près de 600 milliards de dollars. Il est dominé par les entreprises américaines (Apple, Qualcomm, Broadcom, Nvidia), coréennes (Samsung) et taïwanaises (TSMC). 

La Chine, un leader dans le commerce de masse

La Chine est un leader commercial pour les biens de masse. « Les entreprises chinoises sont capables de produire des semi-conducteurs peu avancés pour équiper des biens de consommation grand public comme des drones, de l’électroménager, des voitures et des téléphones portables de moyenne gamme », explique Juliette Genevaz, maîtresse de conférences en science politique à l’université Lyon-3. 

Cependant Mathieu Duchâtel précise que le pays est confronté à « un manque de compétences dans la conception des semi-conducteurs ». La Corée du Sud, les États-Unis, Taïwan et le Japon sont en effet attentifs à ce que l’industrie chinoise ne maîtrise pas les technologies de pointe liées aux semi-conducteurs. L’enjeu pour ces pays est de rester leader dans les technologies à forte valeur ajoutée, comme la téléphonie mobile. Il s’agit aussi d’une attention stratégique : 1 % des semi-conducteurs sert à la fabrication d’armes de pointe.

Des entraves technologiques et commerciales

Les capacités d’innovation de la Chine sont principalement freinées par deux problèmes. D’une part, ce sont les entreprises américaines qui détiennent la propriété intellectuelle des outils de conception des semi-conducteurs. D’autre part, la Chine n’arrive pas à obtenir de licence d’exploitation pour les technologies spécifiques de gravure des semi-conducteurs, dont le monopole est détenu par l’entreprise néerlandaise ASML. 

Aux États-Unis, l’administration de Donald Trump met en outre en place un système de pénalités à faire payer aux entreprises chinoises présentes sur le sol américain, sous des motifs divers. En 2018, une série de sanctions imposées par les Américains fait perdre à l’entreprise chinoise Huawei sa position de leader mondial en téléphonie mobile. Le gouvernement Biden tente de continuer cette politique de pénalités, en ciblant particulièrement les entreprises d’armement et celles qui violent les droits humains. Néanmoins des entreprises américaines et chinoises parviennent à maintenir des échanges.

Une riposte financière et scientifique mitigée

Pour résoudre ce problème d’accès à l’innovation, la Chine prend notamment le contrôle d’entreprises étrangères. L’entreprise chinoise Midea a par exemple racheté en 2016 l’entreprise allemande de robots Kuka, qui équipe de nombreuses usines dans l’automobile et l’aéronautique. Les Chinois ont également envoyé des ingénieurs se former à l’étranger, suscitant la méfiance des pays d’accueil. 

Le pays a par ailleurs créé un fonds de 50 milliards de dollars pour soutenir les grandes entreprises innovant dans les semi-conducteurs, et finance des centres de recherche technologique dans le pays. L’objectif de la Chine, avec son plan « Made in China 2025 », est de produire 70 % de sa consommation nationale annuelle de semi-conducteurs à l’horizon 2025. Aujourd’hui, elle n’en est qu’à 15 %. Nonobstant ces résultats mitigés, les objectifs affichés par la Chine continuent de crisper les autres pays.

Publié le 10/01/2022 - CC BY-NC-SA 4.0

Pour aller plus loin

Semi-conducteurs : la quête de la Chine | Institut Montaigne, janvier 2021

Les semi-conducteurs sont au cœur de la course technologique et géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Quelle stratégie pour l’Europe ?

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