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Appartient au dossier : Qu’en pensent les plantes ?

L’intelligence sensible du monde végétal

Selon Aristote et Platon, les végétaux sont des sortes d’animaux fixés au sol, doués de sensations agréables ou douloureuses et sujets au désir. Est-ce que cela signifie qu’il existe chez eux une conscience élémentaire leur permettant de réagir à leur environnement ? La rencontre « Les plantes sont-elles sensibles ? », organisée à la Bibliothèque publique d’information en septembre 2020, fait le point sur les mécanismes d’adaptation utilisés par les plantes.

Catherine Lenne, maître de conférence en biologie végétale, explique que la notion de sensibilité a d’abord été définie dans le monde animal et chez l’humain. Elle se traduit par la capacité des êtres vivants à percevoir des stimuli à travers les sens et à produire une réponse adaptée. Chez les plantes, la perception se produit dans la feuille et la réponse apparaît dans le mouvement du foliole.

Depuis trente ans, les biologistes du laboratoire PIAF (Physique et physiologie intégratives de l’arbre en environnement fluctuant) ont démontré que toutes les plantes sont sensibles au toucher et aux flexions. Catherine Lenne prend l’exemple de végétaux confrontés à trois facteurs extérieurs : le toucher, le vent et le tuteurage. Dans les trois cas, ils modifient leur forme suite au contact. Ce syndrome de réponse se nomme la thigmomorphogenèse. Elle précise que chez ces végétaux, des modifications sont observées sur la croissance en hauteur, l’ancrage racinaire et l’épaisseur du bois. 

Selon Marc Williams Debono, chercheur en neurosciences, les plantes sont des « corps végétaux » qui possèdent des sens équivalents à ceux des animaux. Elles disposent d’une cinquantaine de récepteurs sensoriels liés à la gravité, à l’électromagnétisme… En fonction des facteurs extérieurs, elles peuvent émettre des signaux de stress ou de satiété suivant trois modes de communication : électrique, symbiotique et chimique. Pour signaler un danger extérieur comme l’attaque d’un insecte ravageur ou un agent pathogène, elles émettent des signaux bioélectriques sur de longues distances. Lorsque des facteurs environnementaux comme la lumière, l’humidité ou la température interviennent, ces signaux peuvent être localisés sur une partie de la plante. Pour conclure, il compare le potentiel de réaction au toucher de la plante carnivore, qui s’élève à deux secondes et demi, à celui d’un neurone : une milliseconde.

À retrouver dans la WebTV / WebRadio

Publié le 26/10/2020 - CC BY-NC-SA 4.0

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