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Appartient au dossier : Les objets quotidiens de l’Ostalgie

L’Ostalgie 5/5 : L’ouchanka

L’ouchanka, appelée également chapka, est un couvre-chef inspiré par les bonnets des cavaliers mongols. Portée par les paysans et les marchands russes au 19e siècle, elle intègre les tenues militaires de l’Armée rouge et de la police puis devient un accessoire de luxe et de collection pour les touristes.
Balises vous présente des objets produits pendant l’ère soviétique qui suscitent actuellement un regain d’intérêt auprès des collectionneurs et des musées.

Ouchanka d’un soldat de l’armée soviétique, Eugene Zemenko, [CC0], via Wikimedia Commons

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L’ouchanka russe trouve ses origines dans un très haut bonnet conique en peau de mouton. Appelé aussi malakhaï, il était porté par les guerriers mongols au 13e siècle. Le couvre-chef avait de larges revers latéraux rabattables pour protéger du vent et du froid le visage du mangudaï (archer à cheval), lors des campagnes militaires. Après les invasions mongoles de Gengis Khan, les russes développent des échanges commerciaux avec les pays asiatiques frontaliers et s’imprègnent de leur culture vestimentaire. Le bonnet mongol s’est ainsi diffusé en Europe de l’Est sous le nom de « treoukh » qui provient des mots russes « tri oukha », signifiant « trois oreilles ». Il était fait de trois oreillettes en fourrure qui cachaient les oreilles, la nuque et le front. Au 17e siècle, les tsarines (épouses des tsars) portent les « treoukhs ». Les paysans et les marchands russes l’adoptent au 19e siècle. À cette époque, plusieurs tableaux de Grigori Soroka et d’Oskar Hoffmann attestent du port de cette coiffe par le monde paysan. 

Lors de la guerre civile russe de 1918-1919, l’ouchanka est portée par les forces anti-bolcheviks (l’Armée blanche), menées par l’amiral Alexandre Koltchak. Pendant cette période, elle est fabriquée en tissu avec une visière doublée et se fait appeler « kolchakovka ». C’est à partir des années trente et quarante qu’elle devient officielle dans l’Armée rouge et la police. Elle est cousue avec du tissu noir puis avec du cuir noir au début de la Seconde Guerre mondiale. Pour les membres de l’État major moyen et supérieur, elle est fabriquée à partir de fourrures d’agneau noir et de mouton noir. 

Pendant la période de stagnation (1964-1985), et la Perestroïka, les revendeurs illégaux (fartsovshchiks) organisent sur le marché noir un trafic de vêtements et de couvre-chefs. Aujourd’hui, l’ouchanka est un accessoire employé dans le milieu de la mode. Au cinéma, elle est arborée par les personnages de L’ironie du sort (1975) et de À la poursuite d’Octobre Rouge (1990), par exemple. Très prisée des touristes, elles sont aujourd’hui fabriquées en renard, martre, peau de lapin, rat musqué ou nylon doublé de poils synthétiques.

Publié le 08/11/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

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