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Appartient au dossier : Effractions 2021

Lucie Taïeb : « La décharge est un lieu de mémoire collective »

Lucie Taïeb, invitée du festival Effractions 2021, s’est exprimée sur son roman FreshKills (2019) qui traite de l’immense décharge de Fresh Kills à New-York. Son récit interroge notre rapport à la matière organique et à la mort. En prolongement du festival littéraire Effractions 2021, Balises vous propose pendant l’été une sélection de quatre rencontres autour de la poésie engagée, de la mémoire collective et du temps.

Fresh Kills est une décharge à ciel ouvert, située dans l’arrondissement de Staten Island à New-York. Ouverte en 1947, elle accueille les décombres du Wall Trade Center en 2001. Près de 29 000 tonnes y sont déversées chaque jour. Avec le projet « Recycle the Land, Reveal the Future » qui prévoit la création de parcs et de jardins suspendus, la ville entend transformer le site en un nouveau « Central Park ».

Dans FreshKills, Lucie Taïeb se demande ce que devient la terre lorsqu’elle est recyclée. La décharge est représentée ici comme un lieu à penser, de contraste et de contradiction, mais aussi un lieu en marge qui questionne la mémoire, la disparition de la matière et l’invisible. Il tient à la fois de la préhistoire et de la science-fiction. « Les décharges sont l’histoire de tous », précise-t-elle. Elles représentent la mémoire collective et le passé occulté des hommes. Son texte s’appuie sur deux exemples de mémoriaux dédiés aux juifs morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont « des lieux de mémoire qui dérangent ». Son intérêt pour ceux-ci avait débuté lors de travaux de recherche sur des dossiers de demande d’indemnisation de descendants de victimes juives de spoliation.

L’autrice cite le roman Outremonde (1997) de Don Delillo qui aborde la thématique de l’enfouissement des déchets à travers le personnage d’un cadre responsable de la gestion d’une décharge où les déchets sont gérés à des fins purement utilitaristes. En fonction de leurs propriétés et de leur coût de traitement, ils seront orientés vers une filière de stockage. Dans Outremonde, Don Delillo explique que construire une décharge, c’est fabriquer un récit de rédemption, un récit creux, de publicité à long terme.

« Pour parvenir à fonctionner dans notre monde, il reste nécessaire de fermer les yeux, d’alléger notre conscience, de l’ancrer dans un présent inoffensif et lisse. »

Lucie Taïeb, 2021

Publié le 19/07/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

Freshkills : recycler la terre

Lucie Taïeb
Editions La Contre-allée, 2020

De 1948 à 2001, Staten Island a hébergé la plus grande décharge au monde, Fresh Kills. L’île abrite désormais le parc de Freshkills l’un des plus grands de New York. Les immenses tas d’ordures subsistent sous les pelouses verdoyantes. L’auteure restitue l’histoire de ce site, interrogeant l’usage du lange technocratique sur la perception du réel.

À la Bpi, niveau 3, 840″20″ TAIE 4 FR

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