Jacques Tati
Specta Films / Jolly Film, 1967
Au hasard d’une rétrospective Tati, lorsque je vivais encore à Strasbourg, je suis allé voir Playtime. Le film s’ouvre sur l’arrivée de touristes à Paris. S’ensuit une multitude de saynètes humoristiques avec les ressorts narratifs que l’on connaît à ce réalisateur : jeux de gesticulations, de bruits de conversations d’humains. On comprend ce qui est en jeu, mais, concrètement, la communication entre les personnages n’existe que dans la forme. On quitte des personnages pour en découvrir d’autres, jouant une scène dans un décor spécifique, puis on retrouve ceux qu’on avait laissés plus tôt.
Je travaillais sur ma première bande dessinée Hors-jeu à cette époque. Il s’agissait d’un livre gravitant autour de la thématique du football. J’avais plusieurs personnages, des principes de saynètes, mais je n’étais pas certain de la solidité du fil narratif qui devait relier le tout. Le film de Tati se termine comme il commence : la journée est terminée et les touristes repartent. Autrement dit, c’est le temps d’une journée qui nous emmène du début à la fin du film, qui donne la sensation de débuter quelque chose et de le terminer.
En sortant de la salle, je me suis dit : « ok, oui, pour moi ce sera la temporalité du temps de match qui donnera son développement à mon récit. » Ça peut paraître anecdotique, mais cette dimension temporelle du récit, du développement d’une histoire et la sensation de son achèvement est un enjeu important pour moi. Je n’aime pas avoir l’impression qu’une histoire n’est pas finie. Pourtant, il n’est pas toujours nécessaire de la finir du point de vue de l’intrigue, mais il me semble indispensable de donner au lecteur la sensation de quelque chose qui s’achève, qui est complet.
Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires