Ravel
Jean Echenoz
Minuit, 2006
« À ceux qui s’aventurent à lui demander ce qu’il tient pour son chef d’œuvre : c’est le Boléro, voyons, répond-il aussitôt, malheureusement il est vide de musique. »
En évoquant les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel, de 1927 à 1937, Jean Echenoz choisit de mettre en scène un artiste sur le déclin. Il y a certes le Boléro, dont l’immense succès à partir de 1928 repose en partie, selon le compositeur, sur un malentendu. Mais bientôt se font sentir les premiers signes de la maladie, qui contraignent Ravel à s’éloigner de la musique. De renoncements en échecs, Ravel n’est bientôt plus capable que de regarder en arrière. Avec sa concision et son sens habituel des formules lapidaires, Echenoz lui fait simplement dire que « quelque chose ne colle plus ».
Le portrait de cet homme qui voit son art lui échapper n’est cependant pas dénué de l’humour insolite propre à Echenoz ni de son sens du décrochage. Primesautier bien que crépusculaire, entêtant – à la mesure du célèbre Boléro -, Ravel, première pierre d’une « trilogie biographique » poursuivie avec Courir puis Des Éclairs, consacrés à Emil Zátopek et Nikola Tesla, garde toute sa légèreté même lorsqu’il évoque les angoisses du créateur face au passage du temps.
À la Bpi, niveau 3, 840″19″ ECHE 4 RA
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