Sélection

Moondog en cinq morceaux

La musique et la poésie de Moondog s’inspirent de styles et d’époques incroyablement variés. Balises vous propose de les découvrir à travers une sélection de cinq compositions pour accompagner le cycle de rencontres « Réverbérations » proposé par la Bibliothèque publique d’information en 2020.

Louis Thomas Hardin (1913-1999), de son nom de scène  « Moondog » qui signifie « arc-en-ciel au-dessus de la lune » pour les Inuits, est un compositeur américain de canons, de madrigaux et de symphonies. Sa musique fait le lien entre le jazz des années quarante, la musique minimaliste, la musique classique et les rythmes tribaux amérindiens. Il se surnomme « The Bridge » (« Le pont ») en hommage à ses multiples influences.

Moondog est aussi poète et parolier de ses chansons. Ses textes abordent les violences faites aux Aborigènes, les droits des animaux, l’expansion colonialiste, le pacifisme… Il s’inspire également de la mythologie scandinave et particulièrement du recueil de poèmes islandais L’Edda poétique. Sa première œuvre poétique, Pen and Sword, tirée à quelques milliers de photocopies, critique la société américaine et lui vaut des déboires avec la justice.

Merci à Amaury Cornut, fondateur de l’ensemble Minisym et auteur de Moondog (Le mot et le reste, 2014) pour ses conseils.

Publié le 29/09/2020 - CC BY-SA 4.0

Notre sélection

Tree Trail

Moondog
Prestige records, 1956

Enregistré sur le label Prestige en 1956, Tree Trail est la première collaboration de Moondog avec un quintet classique, dont le duo Weiner et Sabinsky fait partie.

Le morceau est minimaliste avec une signature rythmique en 5/2, métrique impaire peu employée dans la musique occidentale. Moondog y superpose des lignes de trimba, instrument de percussion composé de deux tubes en bois triangulaires qu’il a fabriqué dans les années quarante à partir de planches de pin et sur lesquels il frappe une maracas et une clave. Il joue un rythme qu’il nomme « SnakeTime Rhythm » en référence à l’impression d’ondulation sonore.

Il enregistre également des chants d’oiseaux et les intègre au morceau. L’emploi du field recording (enregistrement sur le terrain) se retrouve dans d’autres compositions, comme Street Scene où il capte les conversations et les bruits de New York.

Écouter un extrait :

Bird's Lament

Moondog
CBS Records, 1955

Dans les années cinquante, Moondog fréquente les musiciens de la scène jazz et côtoie des grands noms comme Charlie Mingus ou Duke Ellington. Il fait aussi la rencontre du saxophoniste Charlie Parker, avec qui il se lie d’amitié. En 1955, celui-ci meurt alors qu’il avait pour projet d’enregistrer un disque avec Moondog. Pour lui rendre hommage, Moondog compose le morceau Bird’s Lament sur une signature rythmique en 2/2. Un saxophone baryton joue une ligne mélodique libre et un saxophone alto est en charge du solo.

Moondog explique que Bird’s Lament est une chaconne, c’est-à-dire une chanson populaire à danser originaire d’Amérique. La pulsation est inspirée des rythmes tribaux amérindiens et fait déjà penser à la pulsation moderne de la musique techno. Le morceau a été repris en 1999 par le DJ anglais Mr Scruff qui s’en est servi comme sample sur le titre Get A Move On.

Écouter un extrait :

Cosmic Meditation

Moondog
Kopf, 1991

Dans les années quatre-vingt-dix, Moondog enregistre sa musique sur un ordinateur ATARI. Pour Cosmic Meditation, il découpe des harmoniques musicales et les passe dans des bandes magnétiques.

Le morceau de vingt-quatre minutes est un canon en huit parties. Le rendu musical est mystique et évoque la perte des notions d’espace et de temps. Dans ses compositions, Moondog convoque régulièrement une part de mysticisme qui fait écho à ses influences amérindiennes.

Le côté minimaliste rappelle le style des compositeurs avant-gardiste du 20e siècle comme Brian Eno, Steve Reich ou Terry Riley. L’album Elpmas (1991) où figure Cosmic Meditation est un manifeste contre les violences faites aux peuples aborigènes, aux animaux et à la nature. 

À la Bpi, niveau 3, 780.61 MOON 4

Écouter un extrait :

Do Your Thing

Moondog
Kopf, 1978

Do Your Thing est composé en 1978 et figure sur l’album H’art Songs, un recueil de chansonnettes jouées au piano par Fritz Sprindberger. Les paroles abordent les injonctions sociétales et le fait de s’en abstraire. Les rimes sont simples et la mélodie vocale entêtante et répétitive.

Moondog avait pour habitude de composer les paroles à partir de jeux de mots. Les mots sont des instruments de musique pour lui. Le chant de baryton rappelle celui du batteur et chanteur Robert Wyatt. La complexité rythmique du piano évoque un ragtime.

À la Bpi, niveau 3, 780.61 MOON 

Écouter un extrait :

All Is Loneliness

Moondog
CBS Records, 1971

En 1943, Moondog s’installe à New York et se produit sur la 6e avenue. Il laisse pousser sa barbe et ses cheveux. Les passants le prennent alors pour une figure christique. All Is Loneliness est composé en référence à cette vie passée dans la rue.

Dans le texte il est simplement question de profonde solitude. « All is loneliness here for me » (« Ici, tout n’est que solitude pour moi ») est répété comme un mantra. Le morceau en 5/4 comporte neuf notes mais s’avère redoutable à jouer. Les instruments comprennent la trimba, une flûte, une guitare.

Janis Joplin et son groupe Big Brother & The Holding Company reprennent le titre en modifiant le texte et en lui donnant une touche psychédélique avec un effet fuzz à la guitare et des chœurs mélancoliques.

À la Bpi, niveau 3, 780.61 MOON 

Écouter un extrait :

Moondog

Amaury Cornut
Le mot et le reste, 2014

À la Bpi, niveau 3, 78 MOON 2

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet